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Les Musulmans sont négociants, éleveurs, diamantaires. Et ainsi que nous l’indiquait l’un de nos interlocuteurs, au marché ils représentent 70 % des commerçants, tandis que 40 % des acheteurs potentiels sont pauvres. D’où une jalousie évidente : « Eux sont riches, nous pas. » Ils ont donc été régulièrement rackettés par les forces de l’ordre, victimes de « délits de faciès ». Certains immigrés du Tchad appartiennent à des groupes ethniques de sanglante réputation. Ainsi de fil en aiguille, la confusion s’établit entre le sociologique et le religieux : le Tchadien, le riche commerçant, devient le Musulman qui sera opposé au Centrafricain Chrétien et pauvre. Dans les faits, un conflit à caractère politique, économique, ou ethnique devient un conflit interreligieux. Au moins dans son interprétation et dans son instrumentalisation par les politiques. Les conséquences en sont dramatiques.
Le drame éducatif se surajoute. Dans un état en faillite récurrente ce qu’on appelle ici « les années blanches » dans le système éducatif se répètent ; ce sont des années où l’école n’a tout simplement pas lieu. Un représentant des étudiants de l’université nous disait : « Pouvez-vous imaginer que nous sommes en train de terminer l’année universitaire 2012-2013, alors que nous devrions entrer dans l’année 2014-2015 ? »
De même dans le primaire et le secondaire. À Sica III (quartier de Bangui), l’Église baptiste a mis en place une école primaire alternative, mais en l’ouvrant aux mères des jeunes enfants qui, elles, ont été victimes de ces années blanches ; avec leurs jeunes enfants, elles apprennent à lire et à écrire. Résultat : 52 % d’analphabétisme… Lire la suite.