Analyse: la résolution palestinienne à l'ONU n'a fait que des vaincus

Certes, le veto américain était de toute manière assuré; mais, à défaut d’une impossible percée historique, les Palestiniens pouvaient au moins espérer isoler l’administration Obama dans une posture de refus d’autant plus inconfortable que contraire à ses propres convictions. Cet embarras lui fut épargné. Parmi les membres permanents du Conseil, si la Russie, la Chine et, de manière plutôt surprenante, la France, ont voté pour, les Américains ont voté contre et la Grande-Bretagne s’est abstenue. Parmi les dix autres, les Australiens ont voté comme à leur habitude avec les Américains, cependant que, autre grande surprise du scrutin, le Nigéria et le Rwanda se sont abstenus, scellant ainsi le sort - symbolique en tout état de cause - du projet de résolution.

Le texte prévoyait un accord de paix avec Israël d’ici à douze mois et le retrait des Israéliens des Territoires avant la fin de 2017. Durci à la veille du vote, il imposait Jérusalem-Est comme capitale du seul Etat palestinien, exigeait le règlement de la question des prisonniers palestiniens et l'arrêt immédiat de la colonisation israélienne, et rappelait le caractère illégal du mur de séparation. Les Français, qui ont tenté jusqu’au dernier moment de proposer leur propre projet, rédigé de manière à satisfaire Washington, en furent pour leurs frais.

Dans cette affaire, il n’y a que des vaincus. Les Américains ont eu plus de chance que de jugeote. Une semaine plus tard, la nouvelle composition du Conseil de sécurité les aurait forcés à user une fois de plus de leur droit de veto, à un moment particulièrement mal venu pour eux, en pleine campagne contre l’Etat islamique. Les Européens ont fait derechef la preuve de leur incapacité à présenter un front commun. Et Benyamin Netanyahou a eu beau se féliciter de ce résultat et remercier chaleureusement ses "amis", notamment le Président nigérian Goodluck Jonathan et son homologue rwandais Paul Kagamé, ce vote n’en ressemble pas moins à une victoire à la Pyrrhus. Car enfin, l’isolement d’Israël n’a jamais été aussi manifeste. A l’évidence, seul Washington tire encore les marrons du feu pour lui, et il le fait avec une mauvaise grâce croissante… Lire la suite.