Roger Cukierman, le président du CRIF, a saisi à deux reprises le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel à propos de la chaîne télévisée satellitaire saoudienne Iqra, en lui transmettant les signalements de programmes qui comportent de nombreux contenus antisémites et anti-occidentaux. Dominique Baudis, le président du CSA lui a fait savoir qu'il fait étudier ces dossiers afin d'envisager les suites à donner à cette affaire. Iqra est diffusée par Eutelsat.
Marc Knobel
Extraits d’Iqra TV :
Iqra
12 mars 2006, 20 h 30
« Nadwat el osbouh » (Conférence de la semaine) : « La pire espèce de terrorisme est le terrorisme raciste des juifs qui leur vient de la Torah »
Extraits d’une conférence de cheikh Youssef Qardaoui sur « Le rôle des médias dans la différenciation claire entre le djihad et le terrorisme » :
« Il faut tout d’abord insister sur le rôle des médias, qui ont une influence primordiale. Nous avons appris leur importance dans les Hadiths, quand les compagnons du Prophète lui ont suggéré de trancher la tête des hypocrites qui lui avaient tendu des pièges mortels et complotaient contre lui. Le Prophète leur a répondu : ‘’J’ai peur que les gens ne disent que Mohamed tue ses compagnons.’’ Il n’a pas dit qu’ils ne méritaient pas la mort, mais il craignait une campagne médiatique qui l’accuserait de tuer ses compagnons. Cela prouve le danger des médias et des campagnes médiatiques. Nous, musulmans, sommes victimes des médias, en particulier des médias occidentaux et du monde entier. Ce qui se dit dans ces médias se répercute sur le monde musulman. Notre islam est accusé d’être la religion de la violence et du terrorisme, une religion sanguinaire qui ne connaît que l’épée pour parler aux autres. Ainsi, notre Oumma, notre culture et notre message sont accusés de ce crime à cause de ces médias trompeurs. Il nous fallait donc dire la vérité et dénoncer les mensonges, surtout que nombreux sont les musulmans qui aident ces médias falsificateurs à nous montrer sous cette image (…).
« Que les gens lisent la Torah, le Livre saint des juifs et des nazaréens ! La Torah n’est pas seulement le Livre des juifs, c’est aussi celui des nazaréens, surtout des protestants. Je vous lis ce que dit la Torah dans le Deutéronome, 20/10-15 : ‘’Quand tu t’approcheras d’une ville pour l’attaquer, tu lui offriras la paix. Si elle accepte la paix et t’ouvre ses portes, tout le peuple qui s’y trouvera te sera tributaire et asservi. Si elle n’accepte pas la paix avec toi, alors tu l’assiègeras. Et après que l’Éternel ton Dieu l’aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les hommes au fil de l’épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants et le bétail. C’est ainsi que tu agiras à l’égard de toutes les villes très éloignées de toi qui ne font pas partie de ces nations.’’ Ce sont eux qui parlent de l’épée. Les villes proches, c’est ce qu’ils appellent la Terre promise. ‘’Mais dans les villes de ces peuples dont l’Éternel ton Dieu te donne le pays pour héritage, tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire.’’ Vous voyez donc d’où vient l’idée d’extermination. C’est ce qu’il y a dans l’esprit des juifs et des nazaréens. Quand les Américains sont partis pour l’Amérique, qu’ont-ils fait ? Ils ont exterminé les Indiens. Et en Australie, la même chose. Les sionistes ont voulu faire la même chose en Palestine. C’est une philosophie inspirée de la Torah dans laquelle ils prient. Nous, les musulmans, nous ne pratiquons pas la philosophie de l’extermination, même contre les animaux.
« L’islam n’est pas comme le judaïsme et le christianisme, pour qui la fin justifie les moyens. Eux utilisent de sales méthodes pour arriver à leurs fins, et ce sont donc eux les terroristes. Ce sont eux qui ont instauré le terrorisme d’État, comme cela se passe en Palestine avec les juifs, en Irak avec les Américains, et même en Égypte. La pire espèce de terrorisme est le terrorisme raciste des juifs, le terrorisme et le colonialisme des juifs. Au début, les sionistes voulaient exterminer les Palestiniens ; n’ayant pas pu y arriver, ils veulent coloniser la terre et chasser son peuple. Nous sommes pour le djihad et la résistance pour récupérer nos droits, nos terres et nos lieux sacrés. Certains appellent cela terrorisme. L’Amérique et les juifs appellent tous ceux qui leur résistent des terroristes. Ces terroristes sont nos frères qui, en Palestine, défendent leurs droits. Le corps humain lui-même rejette instinctivement tout corps étranger qui le pénètre. C’est le cas des Palestiniens, qui veulent rejeter ce corps étranger que sont les juifs. Sharon et son gang de terroristes ne sont pas ‘’terroristes’’, car ils se défendent selon le critère juif et américain. Nous sommes tous ici des terroristes, car nous défendons nos droits, appuyons les Palestiniens qui effectuent des opérations héroïques contre l’ennemi sioniste et refusons que ces actes soient qualifiés de suicidaires. Ce sont des héros, martyrs pour la cause. Ensuite, qu’une femme meure dans un de ces attentats djihadistes ne pose aucun problème, toutes les femmes étant des militaires dans la société israélienne. Et s’il y a des enfants, ce n’est pas un fait exprès. Ce sont les aléas de la lutte armée. La société israélienne est une société d’envahisseurs ; étrangers à notre région, ils se sont établis chez nous par la terreur et le sang, et notre devoir sacré est de combattre jusqu’au dernier d’entre eux (…). »
Iqra
16 mars 2006, 20 h 00
« Al Bayyina » (La preuve) : Irak : « L’envahisseur brutal est manipulé par les mains sionistes dont le seul objectif est de diviser la région en entités distinctes »
(Rediffusé le 17 mars à midi, juste après la prière du vendredi.)
Cheikh Abdallah ben Hadbane al-Harthy reçoit sur le plateau le prédicateur islamiste cheikh Aed ben Mohamed el-Karni. Mustapha Bakri, le journaliste le plus anti-américain et anti-israélien d’Égypte, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al-Osbouh » et actuel membre du Parlement dans le groupe des Frères musulmans, intervient par téléphone sur le sujet du jour, « Irak, les illusions de la victoire et les vérités de la déroute ».
.
Le présentateur : « Les prémices d’une guerre civile en Irak font la manchette des journaux occidentaux. Les chaînes de télévision et les radios étrangères parlent d’un danger mortel menaçant ce pays musulman. Les sages d’Irak et de la Oumma lancent des appels au calme, mettant en garde contre une grande catastrophe si cette guerre civile entre musulmans s’installe dans ce bastion de l’islam et s’étend sur toute la région. Pendant ce temps, les Américains déclarent qu’ils ne sont pas responsables du maintien de la sécurité en Irak, qui incombe aux forces irakiennes, sachant que celles-ci ne sont pas du tout équipées. Certains préconisent la venue d’un nouveau Saddam Hussein, qui tiendrait le pays d’une main de fer sans distinguer le criminel de l’innocent. En tout cas, tout porte à croire que l’Irak coule vers le fond de l’abîme. Comment peut-on nier une telle évidence quand les forces d’occupation allument les feux de la sédition pour s’emparer du pays ? Comment peut-on nier cette évidence quand l’Amérique veut jeter l’Irak dans cet abîme après que tout le monde a découvert la vérité sur sa perte de la guerre, sa défaite incontestable, et veut se venger de l’héroïsme et de la résistance des Irakiens en les amenant à diriger leurs armes les uns contre les autres ? »
Cheikh Karni : « Si nous voulons connaître vraiment la vérité et non croire ce que nous voudrions, il faut remettre les événements dans leur contexte naturel et énumérer les causes de la situation actuelle. La responsabilité incombe à deux parties. Tout d’abord, la force inique, tyrannique de l’envahisseur brutal manipulé par les mains sionistes dont le seul objectif est de détruire les pays de la région et d’en faire des entités distinctes. Ensuite, les torrents de mythes évangéliques déversés pour expliquer l’histoire : nous entendons Bush dire que ‘’Dieu lui a ordonné…’’, que ‘’Dieu lui a dit…’’. Puis, l’idéologie des nouveaux conservateurs qui dirigent maintenant l’Amérique et qu’on appelait des fous, auparavant, en Amérique même. Enfin, les intérêts pétroliers, tenus par le vice-président américain. Tous ces facteurs réunis nous définissent sans ambiguïté une facette de la responsabilité (…). L’autre facette incombe à notre Oumma divisée, qui s’entre-déchire, ferme les yeux et perd pied devant le projet américano-sioniste, dirigeants, peuples, penseurs et certains ulémas inclus. Si la Oumma était unie à tous les niveaux et dans toutes ses composantes, rien de tout cela ne serait arrivé (…). Quand l’Amérique a envahi la région, elle a prétendu avoir annihilé le terrorisme et supprimé les États qui le soutiennent (…). Maintenant, le slogan américain a changé. Bush veut instaurer la démocratie, la liberté, la justice, le bien-être des peuples, bref, changer la face de la région à tous les niveaux, même culturel et religieux. »
Le présentateur : « Vous avez cité des objectifs connus de tous. Quels sont les objectifs cachés ? »
Cheikh Karni : « Le complot sioniste, qui a réussi à coloniser l’Amérique et son peuple. Regardez le pourcentage de juifs dans l’Administration américaine, et je parle de juifs du Likoud. De nombreux juifs de l’Administration américaine, pour ne pas dire tous, ont la nationalité israélienne. Certains avaient des postes clé en Israël, comme Wolfowitz et d’autres. Peu importe au sionisme l’avenir de l’Amérique et du monde pour qu’adviennent les mythes et l’avidité de la Torah des juifs. Une secte de nazaréens s’est alliée à eux, car ses membres croient que ces mythes ne pourront se réaliser que lorsque Israël sera bien implanté dans la région, et que le Grand Israël ne pourra se réaliser que si la région entière est détruite, subdivisée, et ses richesses volées. Ce sont les fous qui dirigent l’Amérique et qui veulent non pas que l’Amérique dirige le monde, mais que l’Amérique américanise le monde. Pour eux, le seul moyen c’est la force, l’invasion, l’occupation. Ils sont une réédition du nazisme. Ce sont les nouveaux nazis. Ce sont des racistes, fanatiques et haineux qui veulent éliminer tous ceux qui ne partagent pas leurs idées. »
Mustapha Bakri : « Le fait est que l’Amérique ne s’attendait pas à un rejet aussi violent et total de la part du peuple irakien. Les crimes de leurs troupes en Irak ont poussé tout le peuple à se rallier à la résistance irakienne, qui a fait subir des pertes colossales aux occupants américains et étrangers. George Bush ne peut en aucune façon ignorer cela. Et de toutes manières, Bush et son parti sont dans une très mauvaise passe (…). Le plan initial des Américains, tel que présenté par Paul Wolfowitz et Colin Powell, est de diviser le monde arabe sur des bases ethniques et religieuses, c’est-à-dire d’aboutir à un nouvel accord Sykes-Picot, pour servir les intérêts d’Israël. Et c’est ce qui est en train de se passer. Cependant, la résistance des pays arabes face à ce projet ignoble, à commencer par l’Iran, rendra son application impossible. »
Iqra
20 mars 2006, 22 h 30
« Nadwat el osbouh » (Conférence de la semaine) : « Les djihadistes sont des martyrs bénis d’Allah »
Sujet du jour, « Le djihad et le terrorisme » avec deux conférenciers, les cheikhs Youssef Qardaoui et Issam el-Bachir, du Soudan :
Qardaoui : « Il faut d’abord définir qui est le terroriste et qui est le djihadiste. Le terroriste est celui qui fait pleuvoir le fer et le feu sur les innocents. Celui qui tue femmes, enfants et vieillards sans discrimination, qui utilise les avions, les chars et les armes interdites pour exterminer des populations entières. Les jeunes n’ont d’autres moyens que de se transformer en bombes humaines pour exploser au milieu de l’ennemi, ce sont des djihadistes, et non des terroristes. Ils sont des martyrs bénis d’Allah (…). Nous, musulmans, ne poussons pas à la violence. Nous sommes contre la violence et le terrorisme, mais nous ne condamnons pas le djihad contre l’ennemi et l’agresseur qui ne comprend que ce langage. Ce qui m’afflige, c’est la violence islamique, des musulmans qui utilisent la violence contre des musulmans, la violence contre les régimes en place, contre d’autres musulmans accusés d’impiété. Tout cela demande une réglementation basée sur le Coran et la Sunna. On ne peut pas laisser chacun régler ses comptes à sa manière et inventer des fatwas. Observons le cas de la Djamaa Islamiya pour le djihad, dont le chef spirituel est le cheikh aveugle Omar Abel Rahman, qu’Allah le libère de sa prison ! Ils ont pris les armes, ils ont tué, combattu, et maintenant que font-ils ? Ils lancent un appel à l’arrêt de la violence, donnant 10 raisons pour leur décision et expliquant les causes de leur échec. Le problème est qu’aucun groupe djihadiste ne tire de leçons des autres. »
Issam Ahmad el-Bachir, ministre soudanais des Wakfs et des Affaires religieuses : « Dans le temps, tout ce qui se passait dans la Oumma était le résultat d’un complot. Tout était l’œuvre de l’ennemi renégat. C’est devenu un véritable cheval de Troie. Certains, maintenant, pensent qu’il n’y a pas de complots, que c’est un mythe, comme l’histoire du loup. La vérité est au milieu. Il y a des erreurs au sein de la Oumma, qui font malheureusement partie des programmes éducatifs de nos écoles, de nos mosquées, de nos centres éducatifs et même des fatwas de nos imams. Ce sont ces idées-là que nos ennemis ont prises comme excuses pour combattre l’islam et les musulmans. Avant d’affronter l’autre, il faut nous affronter nous-mêmes. Avant de dialoguer avec l’autre, dialoguons entre nous. C’est une condition sine qua non pour arranger nos relations avec l’autre (…). Je voudrais parler également du terrorisme moral qui s’est dangereusement propagé dans nos sociétés islamiques et s’exerce contre quiconque pense autrement. Il est immédiatement accusé d’impiété, ce que j’appelle un trafic à sens unique qui met nos sociétés islamiques en très grand danger. C’est la porte qui ouvre la voie à toutes les formes de tensions. Nous aurions mieux fait de lever des troupes, y compris des imams, pour mener la bataille de la reconstruction et du progrès et ainsi, nous donnerions nous-mêmes le bon exemple. Entre le courant de la violence et de l’explosion et le courant de la torpeur et de l’engourdissement, nous optons pour la réflexion, le discernement et la pensée constructive. »