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Publié le 12 février dans L'Express
Édouard Philippe a mis en garde contre l'important développement des "préjugés" antisémites qui conduisent à "des actes qui ne tombent pas du ciel", en remettant ce mercredi à Matignon le deuxième prix Ilan Halimi. "Notre tâche et celle de ceux qui portent la cause a pour objectif qu'on ne passe pas de ces préjugés, de ces idées, à des actes qui ne tomberaient pas du ciel", a souligné le Premier ministre.
Rappelant s'être rendu fin janvier à Auschwitz-Birkenau pour le 75ème anniversaire de la libération des camps, Édouard Philippe a paraphrasé l'un des survivants juifs polonais qui, à la tribune des commémorations, avait dit : "Auschwitz n'est pas tombé du ciel soudainement". "Auschwitz n'est pas tombé du ciel : il est arrivé après que, petit à petit, un discours, des paroles, une idéologie et une haine se furent développés dans un pays pourtant incroyablement civilisé et cultivé", a fait valoir Édouard Philippe.
"De même la mort d'Ilan Halimi n'est pas tombée du ciel, elle est l'expression de préjugés, d'idées, qui petit à petit se construisent et se développent", a-t-il averti, 14 ans après la mort de ce jeune juif âgé de 23 ans, torturé par "le gang des Barbares". Parmi les quatre lauréats de cette distinction créée en 2014 dans l'Essonne et devenue nationale l'an passé, le Premier ministre a remis le Grand prix à l'association Vatos Locos de Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône, qui a réalisé plusieurs vidéos promouvant la lutte contre les discriminations.
L’objectif du prix Ilan Halimi, c’est de sensibiliser des jeunes à la lutte contre les préjugés racistes et antisémites. Ce n’est pas un combat facile, et je veux leur dire mon admiration et ma reconnaissance. pic.twitter.com/SRi487UNZR
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) February 12, 2020
Contrairement à la première édition, la mère d'Ilan Halimi était absente de la cérémonie à Matignon. La romancière et scénariste Emilie Frèche, présidente du jury, a évoqué "le grand découragement" né après la décision de justice déclarant pénalement irresponsable le suspect du meurtre de Sarah Halimi, une sexagénaire juive tuée en 2017. C'est "une des raisons pour laquelle Ruth, la maman d'Ilan, n'est pas parmi nous aujourd'hui", a-t-elle affirmé devant Édouard Philippe.
En janvier, Emmanuel Macron s'était exprimé sur ce dossier, estimant que "le besoin de procès" était "là" et revenant en détail sur cette affaire en cours. Des propos qui avaient provoqué une rare mise au point des plus hauts magistrats, rappelant "l'indépendance de la justice".
Le nombre de faits racistes et xénophobes, pour une large partie des menaces, a très fortement augmenté en 2019 (plus de 130%). Et les faits à caractère antisémite, déjà en forte croissance en 2018 (+74%), ont encore grimpé en 2019 (+27%).