Lu dans la presse
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Publié le 11 Mars 2019

Europe / Antisémitisme - Un joueur visé par des insultes antisémites en Allemagne, Israël s'indigne

L'Etat hébreu a exprimé dimanche son indignation après des insultes visant un joueur israélien en Allemagne lors d'un match de football.

Publié le 10 mars 2019 sur le site du Figaro

Le débat sur la recrudescence de l'antisémitisme dans le pays et en Europe a été relancé vendredi avec un tweet visant un joueur israélien. Expulsé pendant la rencontre de deuxième division entre l'Union Berlin et Ingolstadt Almog Cohen a été visé par un internaute se présentant comme un supporteur du club berlinois. Celui-ci a adressé un message antisémite haineux, appelant entre autres insanités le joueur à «partir en chambre à gaz».

«Nous sommes choqués par le tweet antisémite visant Almog Cohen et attendons des autorités allemandes qu'elles agissent avec fermeté contre son auteur», a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon. La police berlinoise a décidé d'ouvrir dimanche une enquête pour «incitation à la haine».

L'un des responsables du Comité international Auschwitz, Christoph Heubner, a parlé d'un incident «alarmant» car en aucun cas unique en son genre, dans un contexte de recrudescence de l'antisémitisme en Europe notamment. Le club Union Berlin, bien placé pour accéder à la première division du championnat d'Allemagne la saison prochaine et qui a été souvent confronté dans le passé à des incidents racistes avec une partie de ses supporters, a aussi condamné les insultes antisémites «répugnantes». «J'ai honte de ce type de supporteurs d'Union Berlin, nous allons tout faire pour les isoler et intenter des poursuites à leur encontre», a indiqué le président du club Dirk Zingler, dans un communiqué.

Le joueur répond et affirme sa fierté «d'être juif»

Le joueur israélien a, lui, répondu aux insultes sur son compte Twitter en soulignant être «fier d'être juif» et des valeurs qui lui ont été transmises. L'affaire préoccupe aussi la Fédération allemande de football. Son vice-président Rainer Koch a dénoncé un «tweet ignoble» et demandé que tout soit fait pour en retracer l'origine.

Les autorités du football en Allemagne doivent régulièrement gérer les débordements de mouvements de supporteurs ultras, proches de l'extrême droite. Cette dernière a été à l'origine de diverses manifestations à la fin de l'année dernière pour protester contre les migrants, notamment à Chemnitz, en marge desquelles des agressions antisémites ont aussi été signalées.

Une autre polémique éclate à Chemnitz

À Chemnitz justement, une polémique a éclaté dimanche au sujet du club de football local. Le FC Chemnitz a autorisé lors d'un match de championnat régional qu'un hommage soit rendu dans le stade à un ancien responsable de la sécurité du club récemment décédé et connu pour ses sympathies avec les néonazis et les hooligans. Il avait créé dans les années 1990 une organisation baptisée «HooNaRa» pour «Hooligans-Nazis-Racistes». Lors de l'hommage, un drapeau avec une croix noire a été déroulé, selon la chaîne locale MDR.

Conséquence: l'un des dirigeants du club de Chemnitz, Thomas Uhlig, a annoncé dimanche sa démission en endossant la «responsabilité» des faits. Et le club a infligé une amende à son gardien de but, qui avait brandi lors de l'hommage un T-shirt portant un symbole prisé de la mouvance néonazie.

Les actes antisémites en Allemagne ont augmenté l'an dernier de 10% par rapport à 2018

De manière générale, les actes antisémites en Allemagne ont augmenté l'an dernier de 10% par rapport à l'année précédente, et les seules agressions physiques ont doublé avec 62 cas rapportés contre 37 en 2017, selon les chiffres du gouvernement. La plupart des agressions ont été commises par des sympathisants de l'extrême droite, même si le gouvernement s'inquiète aussi d'une montée de l'antisémitisme issue de certains migrants venant de pays arabes.

Dimanche, le chef de l'Etat allemand Frank-Walter Steinmeier a fait part de sa «grande préoccupation» face à la propagation de l'antisémitisme dans son pays, pourtant à l'origine de l'extermination des Juifs d'Europe durant les années 1940. «Cela me remplit de honte et de douleur», a-t-il dit, en estimant que l'antisémitisme redevenait «présentable» dans la société allemande y compris en dehors des milieux radicaux habituels.