Discours de Roger Cukierman à la mémoire de Yitzhak Rabin

Cérémonie à la mémoire de Yitzhak Rabin le 25 janvier à la Mairie de Paris
 

M. le Premier Ministre

Madame la Maire de Paris,

M. Itzhak Herzog, chef de l’opposition israélienne et descendant d’une magnifique épopée familiale,

 Mme l’ Ambassadrice d’Israël, etc..

Il y a beaucoup d’hommes politiques mais les  hommes d’état sont extrêmement rares. C’est vrai pour la France, pour lsraël et pour la plupart des pays du monde.

 Itzhak Rabin a fait partie de ce lot si exceptionnel. Avant d’entrer en politique, il avait surtout été un soldat. En tant que soldat, que chef d’état-major il avait conduit l’armée d’Israël vers de brillantes victoires. Ensuite ayant quitté Tsahal et devenu Premier ministre, il a su tiré profit de l’initiative norvégienne de son ami et rival politique de toujours Shimon Peres pour faire vraiment avancer les négociations et aboutir à un accord avec Yasser Arafat.

 Il avait su se faire respecter et gagner la confiance à la fois des Israéliens et des Palestiniens. C’est ce qui lui a permis d’aboutir. Il disait  «  il faut lutter contre le terrorisme comme s’il n’y avait  pas de négociation, et il faut négocier comme s’il n’y avait  pas de terrorisme». Il était à la fois un visionnaire et un pragmatique. Il a ainsi réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué.

Las ! Un odieux assassinat commis de surcroît par un Juif a mis fin aux espoirs de paix si difficilement négociés et presque miraculeusement acquis.

A l’euphorie a succédé le cauchemar et cette merveilleuse occasion de voir la paix s’établir dans la région s’est évanouie.

 

J’ai le souvenir de la conférence économique de Casablanca qui avait suivi de près la conclusion de l’accord de Camp David. On croyait rêver. J’y assistais en tant que banquier représentant le groupe Edmond de Rothschild. Les plus grands dirigeants politiques du monde étaient présents.

 La délégation israélienne conduite par Rabin et Peres comprenait 500 Israéliens, principalement des politiciens et des hommes d’affaires. Le monde arabe était représenté par des milliers de délégués et en tête tous les monarques,  émirs et raïs à commencer par les rois d'Arabie saoudite, de Jordanie, du Maroc et le président Moubarak. Seuls manquaient à l’appel Saddam Hussein et Hafez El Hassad, le père de Bachar.

Shimon Peres a alors notamment  proposé aux dirigeants arabes de créer avec Israël une banque de développement pour l’ensemble du moyen orient. Les Israéliens négociaient avec leurs homologues arabes la mise au point de projets de collaboration dans tous les domaines.

L’assassinat de Rabin a sonné le glas des espoirs de paix. Mais cette conférence a été pour moi la démonstration que la paix était et reste possible.

 Et je suis persuadé qu’elle finira par arriver car elle est voulue, souhaitée, espérée par les deux peuples et par l’ensemble du monde.

 

Oui on a raison de célébrer la mémoire de Rabin. Il est pour chacun de nous un modèle, un héros, et il nous manque cruellement.

 

 

J’ai un petit regret, celui de ne pas voir ici ce soir plus de représentants de la droite israélienne comme de la droite française.

Rabin agissait en tant que Premier ministre d’Israël et non en tant que dirigeant d’un parti politique. Je ne veux pas croire, je ne peux pas croire  que les autres tendances politiques ne reconnaissent pas en Rabin un homme de consensus ou qu’ils auraient refusé de lui rendre l’hommage qui lui est dû.

  Pour éviter tout malentendu je tiens à rappeler que le CRIF a été, est et restera un chaud partisan de la solution de deux états pour deux peuples. Seule solution digne des valeurs du peuple juif.

 

Itzhak Rabin, Premier Ministre d’Israël, était un homme d’état pragmatique et s’il a pu promouvoir et faire avancer le processus de paix c’est parce qu’il n’était ni de droite ni de gauche, il était essentiellement un homme dédié à la paix entre les hommes.

 

En tout cas, je remercie les organisateurs de cette cérémonie importante et j’espère que nous continuerons à célébrer tous les ans, tous ensemble, la mémoire de ce grand homme.

 Et j’exprime le souhait que toutes les parties concernées aient, dans un avenir si possible, pas trop éloigné, la volonté,  l’audace, la vision, le courage de s’inspirer de l’exemple de Itzhak Rabin  pour enfin apporter la paix entre le peuple Israélien et le peuple Palestinien.

Am Israel Haï !

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