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Le Crif : Comment réagissez-vous à la remise à Israël d’otages du Hamas morts, en particulier des bébés otages tués ?
Christian Estrosi : L’abject s’ajoute à l’ignoble. Assassiner ne suffit pas au Hamas, ils veulent faire disparaître jusqu’aux dépouilles de ceux qu’ils ont assassinés. Cela doit éclairer définitivement l’opinion publique. Il ne peut pas y avoir de paix durable avec de tels fanatiques, avec des monstres qui ne veulent qu’une chose, la destruction de l’État et du peuple israélien. La France doit et devra se tenir du bon côté de l’Humanité et de l’Histoire, elle doit s’engager fermement pour écarter définitivement cette menace.
Il est aussi grand temps de cesser d’accepter qu’en France certains élus fassent l’apologie de ces terroristes, qui sont les complices de ces atrocités. Il est temps de les traiter comme tels, de dangereux complices.
Le Crif : « L’après trêve » à Gaza, compte tenu des sévices et horreurs découvertes sur les bébés otages et subies également par des adultes otages du Hamas, cet « après » va-t-il se compliquer ou une perspective se dessinera-t-elle malgré tout pour aboutir, à terme, sur un schéma crédible de gouvernance future de Gaza sans le Hamas ?
Christian Estrosi : Il ne peut évidemment pas être envisagé le futur de Gaza avec le Hamas. Je compte sur les grandes démocraties, et sur la France pour nous redonner la fierté de se situer sur ce sujet en première ligne, pour jouer son rôle historique, pour permettre à l’avenir qu’Israël ait toutes les garanties de sa sécurité et pour que, plus jamais, ce territoire de Gaza constitue une menace pour son avenir, menace qui pèse aussi d’ailleurs sur les populations palestiniennes qui subissent depuis trop longtemps ce groupe terroriste.
Le Crif : Dans cette perspective de garanties de sécurité, et dans les médiations en cours pour y parvenir, pensez-vous que la France et l’Europe puissent prochainement intervenir efficacement, dans la mesure où la visibilité de ses actions de médiation n’est pas, pour l’instant, manifeste…
Christian Estrosi : L’Europe est actuellement dans une situation critique, où un certain désordre des positions est malheureusement visible. Cette période historique, en particulier en ce qui concerne l’Ukraine et la guerre que ce pays subit, ne favorise naturellement pas une position commune de l’Europe pouvant constituer une action médiatrice des Européens pour Gaza et pour le Proche-Orient plus généralement.
Je souhaite néanmoins que le Président français prenne l’initiative d’une conférence européenne pour inciter les Européens à avoir une position commune, claire et ferme, sur Gaza, pour s’imposer en médiateur et ne pas laisser les États-Unis seuls. Quels que soient nos accords ou désaccords avec les États-Unis, nous avons un rôle historique et utile à jouer. Et si nous ne réussissons pas à nous mettre tous d’accord en Europe, la France doit montrer la voie et porter sa voix dans le sens de l’Histoire. Si le Général de Gaulle était là, je ne doute pas un instant qu’il se passerait de l’Europe pour faire entendre sa voix et réaliser une médiation.
Il faut être nous-mêmes, quitte à être seul en première ligne, mais je suis sûr que notre diplomatie peut réunir au moins un « noyau dur » de pays européens, je pense notamment à l’Allemagne, à l’Italie, à la Belgique, aux Pays-Bas, ces pays qui ont constitué l’ossature de l’Europe des Pères fondateurs, au temps du Général de Gaulle et du Chancelier Adenauer. Je pense qu’un tel groupe de pays peut s’entendre et jouer ce rôle de médiation, pouvant contribuer à réunir toutes les garanties de sécurité pour Israël et la région, garanties qui sont les conditions, impératives et préalables, d’une paix durable.
Propos recueillis par Jean-Philippe Moinet
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