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Publié le 27 mars 2022 dans The Jerusalem Post sous le titre Negev Summit sees Israel enter new era - editorial
Traduction proposée par le Crif
Israël entre dans une nouvelle ère avec le Sommet du Néguev qui a débuté dimanche et qui durera deux jours.
Dans la foulée de la réunion trilatérale surprise entre le Premier ministre Naftali Bennett, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi et le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed à Charm e-Cheikh la semaine dernière, le Sommet du Néguev envoie un message plus clair que jamais qu'Israël n'est pas seulement une partie de la région, c'est un acteur majeur.
Quatre hauts représentants des États arabes réunis à Sde Boker, avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid, démontrent un immense changement sur les sols du Moyen-Orient.
Bien qu'il soit difficile de savoir ce qui se dit à huis clos lors des réunions de Sde Boker, le fait qu'ils se réunissent est en soi un message important.
Le lieu est également important : bien qu'il ne soit certainement pas aussi symbolique que Jérusalem l'aurait été, c'est néanmoins là que le premier Premier ministre israélien David Ben Gourion est enterré et c'est un lieu tout à fait spécial lié à la création de l'Etat d'Israël.
Le Sommet du Néguev, organisé par Yaïr Lapid et auquel participent ses homologues, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, de l'Égypte, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc, va encore plus loin dans la reconnaissance de l'État juif, la normalisation des liens et le renforcement des relations.
Bien que physiquement absente, l'Arabie saoudite - avec laquelle Israël n'entretient pas de relations diplomatiques - suivra certainement l'événement, tout comme d'autres pays, notamment la Jordanie, avec laquelle Jérusalem entretient des relations diplomatiques complètes depuis 1994.
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La principale préoccupation actuelle est l'Iran et la probabilité qu'un nouvel accord nucléaire avec lui, relançant le JCPOA de 2015, soit imminent. Le nouvel accord selon les anciennes directives présente une menace encore pire pour Israël et les États du Golfe.
Ce n'est pas par hasard si Bennett a tweeté samedi un message à l'attention de Riyad disant : « L'État d'Israël exprime sa tristesse au Royaume d'Arabie saoudite après l'horrible attaque des Houthis soutenus par l'Iran », ajoutant que c'est « une preuve supplémentaire que l'agression régionale de l'Iran ne connaît pas de limites ».
Alors que Blinken a réitéré l'engagement "à toute épreuve" de l'Amérique envers Israël et a déclaré que les États-Unis ne laisseraient pas l'Iran acquérir une arme nucléaire, aucun des pays directement menacés par Téhéran ne se sent confiant dans la position de l'Amérique contre une République islamique chiite renforcée. La réunion de cette semaine démontre le réalignement régional dans lequel l'État juif et les États musulmans sunnites créent un bloc non officiel pour faire face à ces problèmes communs et à d'autres.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie est également à l'ordre du jour, car son impact se fait également sentir dans cette région. La crise de l'énergie et les pénuries attendues de blé et d'autres produits de base sont une préoccupation immédiate. Ici aussi, les relations avec les États-Unis et le Golfe ont été tendues. Une partie du réalignement auquel nous assistons est qu'Israël prend le devant de la scène en fournissant le pont entre les États-Unis et les pays arabes, un renversement de rôle par rapport à ce que nous avons vu dans le passé.
Un rassemblement réunissant en Israël des diplomates de haut niveau de quatre pays arabes aurait été inimaginable il y a seulement quelques années. Israël s'ancre fermement dans la paysage diplomatique mondial. Dans le contexte de la menace iranienne et de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le sommet du Néguev lui-même offre une place bienvenue à l'optimisme.