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Hommage de Francis Kalifat, Président du Crif
Avec Ady Steg la communauté juive de France perd l’un de ses derniers géants qui ont tant œuvré à sa reconstruction après-guerre. Ancien président @Crif et @aiu_org il restera un exemple et un modèle pour chacun d’entre nous. Nos pensées vont à sa famille et à tous ses proches.
— Francis Kalifat (@FrancisKalifat) April 11, 2021
Le décès d’Ady Steg, une perte immense qui nous plonge dans une profonde tristesse. Avec Ady Steg, la communauté juive de France perd sans aucun doute l’un de ses derniers géants, l’un de ceux qui ont œuvré sans relâche à sa reconstruction après la Shoah. Il appartient à la génération des Grands Bâtisseurs de l’après-guerre.
Président du Crif de 1970 à 1974 et de l’Alliance Israélite Universelle de 1985 à 2011, membre du Conseil Economique Social et Environnemental, membre de la Commission Consultative des Droits de l’Homme et de la HALDE, Professeur agrégé de médecine, président de l'Association française d’urologie, membre de l’Académie Nationale de médecine, Ady Steg a toujours su concilier ses engagements juifs, citoyens et républicains.
Ady Steg restera un exemple d’engagement et un modèle pour chacun d’entre nous et son départ nous laisse tous un peu orphelins. Nos pensées vont à son épouse, ses deux fils, sa famille et ses proches à qui j’adresse en mon nom et au nom du Crif nos condoléances attristées.
Hommage de Roger Cukierman, ancien Président du Crif
Nous venons de subir une immense perte. Ady Steg a été président du Crif et de l’Alliance Israélite Universelle. Il a été surtout un leader incomparable de la communauté juive de France pendant de longues années et particulièrement à des moments où les Français juifs étaient dans l’inquiétude voire l’angoisse pour eux-mêmes et pour Israël.
Sa présence, son calme, sa sérénité, son intelligence, son humour rassuraient et inspiraient confiance. Je pense à la période dramatique de mai-juin 1967 ou à la guerre de Kipour.
Ady Steg inspirait le respect et l’admiration dans tous les milieux, juifs et non-juifs ce qui lui permettait de faire entendre sa voix, qui était celle du Crif mieux que quiconque auprès de dirigeants politiques français parmi les plus éminents qui ne partageaient pas nécessairement ses vues mais éprouvaient du respect pour l’homme et le parcours incroyable de cet enfant immigré qui lors de son arrivée en France ne parlait que le Yiddish.
Six mois après son arrivée à l’école il était le premier de sa classe. Et il allait devenir une sommité de la médecine française et la fierté des Français juifs. Son exemple a été et restera une inspiration.
Hommage de Marc Zerbib* : Le professeur Ady Steg nous a quitté
Le Professeur Ady Steg nous a quitté, un géant de la Médecine française disparait. Le Professeur Steg a été un brillant chirurgien urologue, il a marqué de manière durable la Spécialité par son intelligence et ses enseignements.
Il a préparé des centaines d’internes des Hôpitaux de Paris lorsqu’il était conférencier d’Internat. Il a comme jeune Professeur été l’adjoint du Professeur Pierre Aboulker puis est devenu le Patron de la Clinique Urologique de l’hôpital Cochin. Il a fait rayonner l’Urologie Française tant au niveau national qu’international avec en particulier la tenue, pendant plus de vingt ans, des Journées Urologiques de l’hôpital Cochin où affluaient du monde entier des centaines d’urologues qui venaient pour apprendre et entendre son avis sur les progrès médicaux et chirurgicaux de notre spécialité.
Il a exercé une chirurgie d’excellence soignant les plus humbles comme les plus grands avec le même dévouement et la même attention. Il a été aussi un Chef d’Ecole de renommée internationale et pour ma part, il a révélé ma vocation urologique puis a dirigé ma carrière en me faisant devenir son adjoint. Monsieur Steg a créé et dirigé l’Association Européenne d’Urologie, il a été également le premier président de l’ère nouvelle de l’Association française d’urologie devenue depuis une des premières sociétés savantes d’urologie du monde. Il a été l’auteur d’un rapport lorsqu’il était membre du Conseil Economique et Social à l’origine de la création des SAU (Service d’Accueil des Urgences) permettant l’accueil des patients les plus graves dans des Centres Agréés et bien équipés.
Le Professeur Ady Steg a été un grand dirigeant communautaire d’abord à l’UEJF puis comme Président du Crif et enfin comme Président de l’Alliance Israélite Universelle (AIU). Pour le Crif, je me souviens de son travail acharné pour créer la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, interrompant ses activités médicales pour courir à de nombreuses réunions avec les pouvoirs publics.
Pour l’AIU, je me souviens du jour de son intronisation, il était étonné d’avoir été choisi et heureux de pouvoir réaliser cette grande œuvre. Je me souviens également du bonheur qu’il avait eu, lui homme du livre, à promouvoir le projet de restauration de la Bibliothèque de l’Alliance. Il avait été surpris du retour immédiat des nombreux donateurs heureux de participer à ce beau projet. Il a ensuite pendant sa présidence permis la transmission à travers toutes les écoles de l’Alliance du Savoir et de la Culture Juive.
Enfin sur le plan personnel c’était un homme d’une douceur et d’une rigueur mêlées, toujours exigent envers les autres mais qui savait reconnaitre les efforts de chacun. Il servait d’éclaireur et tout le monde aimait se retrouver autour de lui pour avoir son avis et prendre la décision médicale collégiale la plus adaptée et la plus pertinente.
Enfin, Mon Maître, le Professeur Ady Steg a inspiré l’ensemble de mon parcours tant au niveau professionnel que communautaire. Il a inspiré aussi plusieurs dirigeants communautaires à agir en faveur de l’autre.
Que l’Eternel apporte à son épouse, à ses deux fils et leurs épouses, ainsi qu’à ses petits-enfants la consolation. Ils sont les héritiers d’un grand Homme dont la lumière brillera éternellement.
*Marc Zerbib fut un des élèves d'Ady Steg
Ady Steg naît le 27 janvier 1925 en Tchécoslovaquie dans une famille juive orthodoxe. Sa famille s'installe à Paris en 1928 et emménage dans le 12ème arrondissement de Paris.
Pendant la Seconde Guerre mondiale... Son père, Martin Steg, est arrêté et envoyé au camp d'internement de Beaune-la-Rolande, avant d'être déporté à Auschwitz par le convoi numéro 5, le 28 juin 1942. Il survit à la déportation et retourne à Paris. Ady Steg échappe à la rafle du Vel’ d’Hiv (16 juillet 1942) à Paris. Grâce à des faux papiers et grâce à un passeur, il parvient à franchir la ligne de démarcation et atteint la zone libre, avec sa sœur Albertine. Il est sauvé par l'Abbé Glasberg et son frère Vila Glasberg, qui l'hébergent au "château" de Bégué, à Cazaubon, dans le Gers. Ady s'engage dans la Résistance française des FFI (Forces françaises de l'intérieur) de Sarlat, puis au 3ème Bataillon d'Armagnac dans le Gers.
Après la guerre, il fait des études de médecine et se spécialise en urologie dans le service du professeur Pierre Aboulker à l'Hôpital Cochin, à qui il succédera en tant que chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin (1976-1990). Il est élu président de la Société française d’urologie en 1986, président de l'Association française d’urologie (1987-1989). (Anecdote : Il a notamment opéré le président François Mitterrand de son cancer de la prostate, en septembre 1992 et en juillet 1994).
Ady Steg a occupé de nombreuses fonctions à responsabilités au sein de la communauté juive de France. Il était membre du comité directeur du Fonds social juif unifié (FSJU), président du Conseil représentatif des institutions juives de France de 1970 à 1974, et enfin président de l'Alliance israélite universelle de 1985 à 2011.
Il a reçu les distinctions de Grand officier de la Légion d'honneur en 2000 et la Grand-croix de l'ordre national du Mérite en 2006.
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