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Mardi 31 mars, le bureau parisien de l'AJC (American Jewish Comitee) proposait une vidéo-conférence (voir ci-après) sur le sujet brûlant du complotisme, animée par Anne-Sophie Sebban, directrice d'AJC Paris, Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch et Jérémie Peltier, directeur des Etudes de la Fondation Jean-Jaurès.
Les deux invités ont commenté les résultats de l'enquête publiée il y a quelques jours sur l'adhésion des Français aux thèses complotistes liées au Covid-19.
Interrogé sur le lien entre le complotisme et l'antisémitisme à l'heure du Covid-19, Rudy Reichstadt a d'abord expliqué le fonctionnement du complotisme : "Les théories du complot ont une fonction de consolation. Elles permettent à un tas d'individus de se rassurer face la peur suscitée par une crise, notamment en trouvant et en nommant des reponsables." Rudy Reichstadt a également souligné que le supposé caractère diasporique des Juifs était au centre de beaucoup de théories du complot basées sur un délire paranoïaque du juif présent partout, sans être forcément reconnaissable.
Au sujet de la quantité de contenus complotistes recensés ces dernières semaines, Jérémie Peltier et Rudy Reichstadt ont précisé qu'au-delà du contexte de crise propice à ces contenus, la période de confinement actuelle donnait lieu à une consommation intense d'informations de toutes parts et, donc, à une exposition plus importante que d'habitude à la désinformation et aux fake news.
Méthodologie et chiffres clés
Le 17 mars 2020, la France entrait officiellement en confinement. Le même jour, une enquête d’opinion américaine du Pew Research Center révélait que 29 % des adultes américains pensaient que le virus avait été fabriqué en laboratoire, soit intentionnellement (23 %), soit accidentellement (6 %).
Afin de mesurer ce que ces opinions représentent dans la société française, la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch ont demandé à l’Ifop de réaliser le même type d’enquête, à partir d’un dispositif comparable, sur un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Des profils classiques
Notre enquête vérifie ce que nous avions déjà observé par le passé, à savoir que les générations les plus jeunes et les catégories sociales les plus défavorisées demeurent les plus perméables au complotisme. Ainsi, ce sont 27 % des moins de 35 ans qui approuvent l’opinion selon laquelle le virus a été développé intentionnellement dans un laboratoire contre seulement 6 % des plus de 65 ans.
Le niveau de vie et le bagage socioculturel constituent également une variable assez prédictive du degré d’adhésion conspirationniste. Ainsi, la croyance que le virus a été conçu intentionnellement décroît de manière linéaire à mesure qu’on progresse dans les catégories de la population vers les plus aisées : les catégories pauvres sont 22 % à adhérer à cet énoncé quand les catégories aisées ne sont que 4 %, soit plus de cinq fois moins.
Les sympathisants du RN sur-représentés parmi les complotistes sur l'origine du Covid-19
Si l’adhésion à une telle thèse est liée à l’âge et au niveau socioculturel des individus, il apparaît que la variable la plus corrélée à cet énoncé complotiste est celle qui concerne les sympathies partisanes où l’on enregistre des écarts extrêmement contrastés. Alors que seulement 2 % des sympathisants de la majorité présidentielle et 6 % de ceux des Républicains considèrent que le nouveau coronavirus a été fabriqué intentionnellement en laboratoire, ce sont 40 % des sympathisants du Rassemblement national (RN) qui souscrivent à cette thèse, soit 23 points au-dessus de la moyenne de l’échantillon (17 % des Français en moyenne considèrent que le coronavirus a été fabriqué intentionnellement en laboratoire).