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Publié le 21 octobre dans L'Obs
« Ce que je voudrais transmettre aux nouvelles générations, c’est la lutte contre toutes les formes de discrimination. » Dans son appartement parisien, Elie Buzyn, 90 ans, s’enfonce confortablement dans les coussins brodés par sa femme Etty. Il souhaite prendre le temps de discuter, et laisser une véritable « parole de sage » à destination de ces jeunes désabusés, qui peuvent tomber facilement dans l’intolérance, le racisme et la xénophobie.
« Ce que je voudrais transmettre aux nouvelles générations, c’est la lutte contre toutes les formes de discrimination. » Dans son appartement parisien, Elie Buzyn, 90 ans, s’enfonce confortablement dans les coussins brodés par sa femme Etty. Il souhaite prendre le temps de discuter, et laisser une véritable « parole de sage » à destination de ces jeunes désabusés, qui peuvent tomber facilement dans l’intolérance, le racisme et la xénophobie.
Devant nous, un homme espiègle et digne. Réaliste, aussi. Et surtout tolérant. Pourtant, au regard de sa vie, le contraire aurait été compréhensible. Car Elie Buzyn est un rescapé de la Shoah. Il a vécu maintes vies. Il a survécu à maintes morts.
Lui, réchappé du ghetto juif de Lodz en Pologne, après avoir vu son frère, Avram, fusillé en mars 1940 par des nazis qui voulaient empêcher toutes tentatives d’évasion. Quatre ans plus tard, entassé dans un wagon à bestiaux au cours d’un été suffocant, il est envoyé à Birkenau (Auschwitz-II), le camp d’extermination d’Auschwitz-I. Il a 15 ans.
Pour survivre, il dit aux SS en avoir 17, sur les conseils de quelques déportés. Mais ses parents y sont assassinés. Le 18 janvier 1945, face à la progression de l’Armée rouge, les nazis lui font quitter Auschwitz dans une « marche de la mort » où tout signe de faiblesse est synonyme d’exécution sommaire. Mais, là encore, il survit, « en pensant à sa famille, et à l’amour donné ».
Aujourd’hui, c’est avec ce devoir de transmettre la mémoire de la Shoah que le père d’Agnès Buzyn, actuelle ministre de la Santé et des Solidarités, appelle les jeunes à être « des témoins des témoins » :
« Il faut qu’ils considèrent tout le monde autour d’eux […] comme leurs égaux. Et ne pas discriminer et trouver des boucs émissaires pour toutes les choses qui ne vont pas. Il ne faut pas perdre l’espoir que, chez l’Homme, il y a le pire et le meilleur. Et il faut essayer de favoriser ce qu’il y a de bon, pour qu’il puisse l’exprimer. Quand vous étiez dans les camps, dans les pires difficultés, la seule chose à laquelle vous pensiez, c’était aux vôtres. Sans l’amour donné par mes parents je n’aurai pas pu survivre. »
Un témoignage vibrant dont il fait écho également dans son livre « Ce que je voudrais transmettre », aux éditions Leduc.s. Nul doute que pour Elie Buzyn les jeunes doivent aujourd’hui s’engager, ne serait-ce que « sur le problème du climat et du danger qui existe pour notre planète » :
« On doit prendre position. Sur l’avenir, je ne suis ni pessimiste ni optimiste, je suis réaliste. Je pense que la volonté humaine est très grande. L’homme peut s’en sortir et il faut être positif pour cela. »
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