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Publié le 8 mai sur France Culture
Trois femmes, deux juives et une musulmane, toutes issues de l'association Langage de femmes partagent leur regard sur l'antisémitisme et le racisme. Au quotidien, elles militent pour que les différentes communautés religieuses vivent ensemble en paix.
Langages de femmes est une association créée en juillet 2017 qui a pour objectif de faire se rencontrer des femmes d’horizons et de cultures divers pour favoriser le dialogue entre les cultures et les générations et de lutter contre le racisme et l’antisémitisme, de réconcilier les différentes composantes de la société française.
Trois femmes membres de l’association racontent leur parcours, leur histoire, leurs émotions.
Colette Cohen, 66 ans est fille de déporté. Toute son enfance a été hantée par la Shoah :
"Ma mère plutôt que de me raconter le petit chaperon rouge, me racontait Auschwitz". Colette
"Quand elle a disparu j’ai considéré que c’était à moi de continuer à faire vivre la mémoire de la Shoah en son nom. Le problème en ce moment c’est que les survivants sont en train de disparaître". Colette
Lorsque Colette découvre l’association Langages de femmes, elle y trouve un réconfort, un lieu où partager et transmettre la parole de sa mère.
"D’emblée j’ai senti que j’étais dans ma maison, c’était inutile pour moi d’aller plus loin, j’avais trouvé l’endroit où j’avais envie de me battre". Colette
Apaisement dans les discussions, le dialogue, l’écoute et le partage, bien que demeure toujours le traumatisme.
"Un des moments importants de l’association langages de femmes, c’est le voyage à Auschwitz. Moi je ne peux pas aller à Auschwitz". Colette
Rencontre avec une autre membre de l’association, plus jeune. Elle habite à Bondy, elle est en Terminale Gestion Administration dans un lycée professionnel à Noisy-Le-Sec. C’est par l’intermédiaire de Samia Essabaa, présidente et fondatrice de l’association, professeure d’Anglais dans ce même lycée, qu’elle découvre Langages de Femmes et participe au voyage organisé à Auschwitz en février 2019. Avant, elle n’avait jamais entendu parler de la Shoah.
"Moi personnellement je ne pensais pas que les personnes juives avaient vécu tout ça dans ces camps là. (...) Quand je suis arrivé là j’ai direct raconté ça à ma mère, elle n’y croyait pas".
Une découverte qui la bouleverse.
"Je n’avais pas du tout compris l’ampleur du phénomène; j’en pleurais tout le temps".
Suzanne, elle, est née en Algérie. Juive, elle a grandi dans une école où se cotoyaient déjà des filles de toutes les religions, souvent dans l’insouciance, parfois dans la tension.
"Un jour elles sont venues me voir et m’ont dit : “on ne va pas jouer avec toi parce que tu as tué le Christ". Suzanne
Avec l’association Langages de femmes, elle a l’impression de retrouver une dimension de partage qui lui avait manqué. C’est précisément là qu’était l’ambition de Samia Essabaa.
"On s’est rendues compte que si on ne faisait pas se rencontrer ces femmes elles ne se rencontreraient jamais".