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Le 29 mars 2018, sur la chaîne parlementaire LCP, le président de groupe des députés La République en marche a reproché dans l’émission Questions d'info, à Francis Kalifat, président du Crif sa volonté de ne voir ni la France insoumise, ni le Front national, à la manifestation mercredi soir à Paris en hommage à l'octogénaire tuée à coups de couteau dans son appartement, parce que juive. Il dit avoir été choqué par les cris de certains manifestants contre le leader de la France insoumise. « Cela m'a rendu triste et mal à l'aise. A un moment de communion nationale on ne fait pas le tri, la sélection, de celles et ceux qui viennent s'incliner... », dit le président du groupe LREM.
A la question de savoir ce qu’il demande au Président du Crif, Richard Ferrand répond au journaliste : «je ne lui demande rien». Puis, Richard Ferrand ajoute : «Je lui demande de ne pas récidiver. Dans la circonstance, ce n'était pas à la hauteur...»
Répondons maintenant et précisons. Car les précisions sont utiles.
Expliquons. Le Crif n’a jamais interdit à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon de venir à la manifestation. Il n’était pas question d’empêcher qu’ils puissent assister à ce rassemblement, il avait été formulé que leur présence n’était pas souhaitée.
Notons. Les cris qui ont été entendus ici ou là lorsque Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont présentés au cortège, n’ont rien à voir avec le Crif.
Précisons. Le Crif condamne fermement les injures entendues. Elles sont inadmissibles. Soulignons une fois encore : des injures et des violences verbales ont été proférées contre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, elles sont condamnables et nous les condamnons. Le débat ne signifie pas que l’on doive insulter des personnalités politiques.
Définissons. Les définitions du verbe «récidiver» sont multiples. Le Larousse en énumère trois «Faire quelque chose une nouvelle fois, recommencer», «En parlant d’une maladie, se manifester de nouveau», «Commettre de nouveau une infraction».
Voilà donc un verbe fameux et dont l’utilisation et en ces termes et en cette polémique est particulièrement fâcheuse.
Questionnons. Nous ne savons pas pourquoi Richard Ferrand devrait être celui qui disposerait à son gré et/ou déciderait de mettre en ordre. Dans l’exercice d’une critique publique, il importe lorsque l’on est un responsable politique de mesurer les termes que l’on utilise/emploie, fut-ce pour critiquer des institutions, groupes, partis…
Le débat doit être mesuré. Et faire de la politique, ce n’est pas ni ordonner, ni demander sévèrement, ni châtier. C’est savoir aussi se positionner. Ajoutons que le Crif n’est pas un sujet. Il conçoit les termes de son propre engagement et définit sa propre politique.
Rappelons. Enfin, pour terminer, que lors d'une précédente polémique dont les réseaux sociaux ont le secret (autour, en l'occurrence, du soutien de Richard Ferrand à l’association France Palestine Solidarité (AFPS)), le Crif n’avait pas tiré à boulet rouge sur Richard Ferrand. Le Crif avait attendu, avant toute réaction, que Richard Ferrand puisse expliquer sa démarche, ce qu’il allait rapidement faire sur son blog, mettant un terme salutaire à cette polémique. Parce que le Crif a toujours préféré le débat aux invectives.
Concluons. Gardons à l’esprit ce que le débat politique signifie Monsieur Richard Ferrand. Et même là, le Crif ne vous demande pas de ne pas récidiver.