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Certes, il existe des traits communs à tous les mépris de l'autre, et donc des attitudes d'ensemble à défaire. Toutefois, les grands rassemblements généraux - sous l'étiquette « racisme », « exclusion », « x-phobie »… - ont un grand inconvénient : estomper les contours exacts de chaque haine, occulter du coup sa spécificité. En amalgamant l'antisémitisme français d'aujourd'hui à tous les racismes en général, ou même aux antisémitismes du passé, on s'empêche de discerner exactement en quoi il consiste. On risque alors de ne tenir que des propos incantatoires, de ne prendre que des mesures inefficaces. Mais, pour y voir plus clair, les études portant spécifiquement sur chaque forme de haine sont finalement rares.
C'est pourquoi il convient de regarder de près l'étude détaillée sur « L'antisémitisme dans l'opinion publique française » que vient de publier, sous la direction de Dominique Reynié, la Fondation pour l'innovation politique (1). Deux enquêtes d'opinion, confiées à l'IFOP, y mettent notamment en lumière comment se répartissent, dans la population, les adhésions à six « indicateurs d'antisémitisme ». Il s'agit de jugements du type « les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de… » (des items distinguent la finance, les médias, la politique), mais aussi de thèses ubuesques (« il existe un complot sioniste à l'échelle mondiale » ou encore « les Juifs sont responsables de la crise économique actuelle »)… Lire la suite.