Graduer les réponses apportées à ces violences en distinguant celles qui sont sur Internet et qui sont répréhensibles mais tolérées de celles qui seraient physiques, et donc sévèrement punies, est une grave erreur d’appréciation. Ce serait méconnaître la mécanique infernale qui s’enclenche et qui fait que l’on passe des mots aux images, des idées à la violence physique et parfois au meurtre. Les discours nauséabonds et révisionnistes de Dieudonné et Soral, commerçants de la haine, les auteurs des sites racistes, antisémites et révisionnistes, les boycotteurs d’Israël, qui ignorent tous les autres conflits faisant d’Israël le juif des nations, façonnent les esprits et génèrent les agresseurs sauvages de Créteil, les meurtriers d’Ilan Halimi, des militaires de Toulouse et Montauban, des victimes de l’école Ozar Hatorah à Toulouse, et du Musée du judaïsme à Bruxelles. L’antisémitisme est un ensemble global qu’il faut combattre avec la même férocité, qu’elles qu’en soient les manifestations.
Quand je vois sur Internet une vidéo mettant en cause l’existence des camps de concentration ou qui fait l’apologie de tous les stéréotypes sur les juifs et que je lis avec effroi des tweets qui fleurissent sur le hashtag « unbonjuif » j’ai la nausée, je suis agressé.
Alors au-delà des auteurs de cette haine des juifs, je tiens pour responsables les réseaux sociaux, les hébergeurs de sites, et tous ceux qui participent indirectement à la diffusion du « mal antisémite » et que chaque juif ressent comme un coup de poignard. Je les tiens responsables du fait que chaque jour des esprits influençables sont conduits lentement mais sûrement par cette haine sur Internet à agresser à un moment ou un autre un juif croisé dans la rue. Il est donc urgent que ces opérateurs soient mis en demeure de choisir entre leur modèle économique basé sur une liberté d’expression totale et sans limite et l’intérêt supérieur de nos démocraties.
Face à cette montée de l’antisémitisme, les pouvoirs publics doivent continuer d’agir énergiquement. Il faut agir dès l’école pour rétablir les principes républicains de vivre ensemble. Rien ne doit être complaisance. La France est porteuse d’un message universel que les juifs partagent depuis des millénaires. Alors que nous vivons en France depuis des siècles, certains voudraient considérer les juifs comme des étrangers que l’on tolère, ou pas !En janvier dernier, on criait dans les rues de Paris « Juifs, la France n’est pas à toi !» On ne naît pas antisémite, on le devient. Combattre l’antisémitisme c’est forcément défendre toutes les valeurs de la République.
La montée des extrêmes-droites nationalistes en Europe inquiète. Elle remet en question nos valeurs républicaines de respect de l’autre. En histoire, il ne faut pas avoir la mémoire courte…
Le choix est politique. Il faut combattre l’antisémitisme sans faillir, condamner les auteurs d’actes ou de propos antisémites, racistes, homophobes, les appels à la haine et au terrorisme avec constance, et appliquer les sanctions avec rigueur, contraindre les géants d’Internet à bannir tout contenu antisémite et envisager de les sanctionner financièrement pour ce faire.
Sinon d’autres agressions, d’autres drames surviendront !