Tribune
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Publié le 24 Septembre 2012

Les idiots utiles du Front National

On savait que le mensonge faisait partie du code génétique du discours stalinien, mais on osait espérer ne plus le voir en France plus de 20 ans après la chute du mur de Berlin. Il n’en est rien. Au cours de la dernière fête de l’Humanité, dans son discours de clôture, le directeur du journal communiste, Patrick Le Hyaric, devant un public de plusieurs milliers de personnes, dénonçait en ces termes le film anti islam :  « Permettez moi de dire que nous réfutons et nous condamnons avec la dernière énergie toute provocation comme celle de cet insupportable film politique d’un intégriste israélien diffusé depuis les Etats-Unis sur Internet qui constitue une insulte abominable contre une religion, l’Islam et les musulmans ». 

Chacun sait que l'auteur de ce lamentable film n'est ni juif, ni israélien, ni israélo-américain, ni intégriste juif. Au moment où il prononçait son discours M Le Hyaric, possédait cette information car elle était déjà connue dans tous les médias. Pourquoi a-t-il menti ? Le même jour, toujours durant la fête de l’Humanité, Caroline Fourest, invitée pour participer à un débat sur, et contre, le Front National, était interdite de parole par un groupe de personnes venu la conspuer. Dénoncée comme « raciste islamophobe » par ces personnes issues de la mouvance des Indigènes de la République et d’autres groupes islamistes, Caroline Fourest dut quitter la salle sous protection. Comment le PCF a-t-il laissé faire ?

 

Voilà la gauche de la gauche prise au piège de ses propres contradictions. En renversant les termes de la crise présente et en faisant des réactions violentes à ce lamentable film autant de légitimes indignations outragées, le directeur de l’Humanité donne raison aux assassins de l’ambassadeur américain en Libye. D’autre part il nomme le vrai responsable de cet outrage: « l’intégriste israélien ». Ce mensonge, si politiquement correct, ne sera pas corrigé, tout comme les affirmations identiques du même ordre, présentées sur la plupart des médias nationaux. Elise Lucet sur France 2 dans le journal de 13 heures du 13 septembre, précisa même que cet « israélo-américain » avait pu rassembler « cinquante millions de dollars » pour financer son film grâce aux « dons de juifs américains ». Aucune excuse, aucune rectification, ne vint ultérieurement rectifier cette désinformation. Le vrai coupable dans cette affaire ne pouvait être qu’Israël. C’est aussi ce qu’ont estimé  les centaines de manifestants devant l’ambassade des Etat Unis à Paris qui aux cris de « égorgez les juifs », hurlés en arabe, ont immédiatement trouvé la sanction contre ces infâmes propagateurs de la haine de la diversité culturelle.

 

En prenant le parti des islamistes, communistes et gauchistes ne voient pas le piège qui leur est tendu, celui-là même dans lequel furent tombés les communistes iraniens du parti Toudeh au moment de la révolution de 1979. Liquidés par Khomeiny, les communistes iraniens avaient anticipé le sort funeste de ceux qui estiment pouvoir pactiser avec les islamistes contre un pouvoir dictatorial. Les forces progressistes, les démocrates ont souvent développé cette illusion. En Tunisie aujourd’hui ce sont les libéraux, les féministes, qui se font progressivement dévorer par ceux-là mêmes qu’ils ont libérés du joug de Ben Ali. La gauche de gauche française fonctionne sur le même mode. Le logiciel de la culpabilité principielle d’Israël, unique responsable de tous les maux du monde arabe sinon de la planète, ayant formaté les cervelles depuis près de cinquante ans au nom de « l’anti impérialisme », voilà que des Verts à Melanchon en passant par le PCF et autres épigones trotskystes, tous ont souvent communié sous des banderoles déployant un signe = apposé entre la croix gammée et l’étoile juive. Cet aboutissement symbolique de la crétinisation idéologique d’une certaine gauche ne signe pas qu’un analphabétisme historique abyssal, elle énonce une ignominie politique dont le dernier avatar est ce discours de clôture prononcé à la fête du journal créé par Jean Jaures.  Il n’ y a pas que Jaures qui doit se retourner dans sa tombe, Marx aussi doit être stupéfait de la bienveillance de monsieur Le Hyaric pour « l’opium du peuple », islamique en l’occurrence. La gauche de gauche qui adorait bouffer du curé, voilà qu’elle se prosterne devant les imams salafistes. Tant qu’à gauche on n’aura pas compris que l’islamisme constitue la troisième forme du totalitarisme dont l’humanité à déjà fait les frais, par deux fois dans l’histoire, contre les fascismes d’abord puis contre le communisme stalinien ou polpotien, elle refuse de voir la réalité du monde. Au Mali, au Maghreb, au Proche-Orient cette menace progresse tous les jours. Un an après les révolutions arabes, les illusions se sont dissipées. Ce ne sont pas les démocrates qui ont gagné, mais c’est l’obscurantisme qui avance ses pions. Est-il si compliqué d’ouvrir les yeux et regarder le monde pour ce qu’il est et non pas à travers les prismes idéologiques des années 60 ?

 

Un extraordinaire écrivain algérien, Boualem Sansal nous a déjà prévenus : le vrai visage du fascisme aujourd’hui est celui de l’islamisme. Nourri du ressentiment social des banlieues, celui-ci y progresse comme le recours identitaire, du mieux être ensemble au-delà du périph. Ou bien le pouvoir de gauche comprend cela, sépare le bon grain de l’ivraie, ne cède pas un pouce par complaisance ou facilité démagogique et tente de reconquérir les territoires perdus de la République ou bien la fracture ethnoculturelle va s’aggraver dans notre pays. Au coin du bois un autre prédateur attend son heure. Avec 37 % d’opinions partageant les idées du Font National selon un sondage TNS Sofres datant de mai 2012, l’actuelle majorité de gauche et l’actuel gouvernement ont du souci à se faire. Le désaveu présent de l’opinion pour l’action du gouvernement et celle du président de la République n’est pas seulement due à son piétinement actuel dans son action économique et sociale face à la crise. L’insécurité culturelle est aussi un sentiment fondé. Depuis les années 60 une gigantesque révolution démographique silencieuse est à l’œuvre en Europe. La présence massive de populations non européennes, de culture africaine ou maghrébine, d’identité religieuse musulmane dessine un avenir inédit pour la France. Qu’y a-t-il de raciste à en faire le constat ? Prolétarisées, reléguées dans les périphéries des villes ces populations ont développé leur propre identité, à juste titre construite à partir de cette relégation. Manipulées aujourd’hui par des prédicateurs elles ont dans un premier temps fait d’Israël la source de leur malheur. En s’identifiant aux Palestiniens, les « jeunes des banlieues » jouent en France la pire des partitions qui renforce leur schizophrénie. En s’alliant aux islamistes, en refusant de dénoncer la part antijuive de l’idéologie qui triomphe chez les salafistes des banlieues, les communistes et les gauchistes jouent la carte du pire. Considèrent-ils que Mohamed Merah a agi par désespérance sociale ? Croient-ils vraiment que l’émancipation des femmes se fera sous la bannière d’un Hamas hexagonal ? A ne pas dénoncer la manipulation qui se met en place, à estimer que les Lumières brilleront sous un voile noir, cette gauche qui se veut radicale est complice de ceux qui désirent la mise à mort de la démocratie, la fin de l’esprit critique, la fin de la liberté individuelle.

 

Pour ne pas avoir voulu le voir, pour ne pas oser nommer ce qui  au sein des populations de culture musulmane renforce leur aliénation et leur éloignement de la République, la gauche ne fait qu’en aggraver la conflictualité potentielle. Ces questions sont aussi importantes que les questions économiques. Ou bien l’actuelle majorité est capable de comprendre cela et abandonne ses clichés idéologiques et ses incantations vertueusement antiracistes qui depuis 1981 l’empêchent de voir le réel ou bien l’alternative politique présentée par le Front National apparaitra pour les prochaines échéances comme une épouvantable perspective politique.