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Publié le 14 Novembre 2024

L’entretien du Crif – Aurore Bergé à LFI : arrêtez de « mettre une cible dans le dos des Français juifs »

L’ancienne Ministre Aurore Bergé répond ici pour nous à trois questions express, après son intervention mardi à l’Assemblée nationale sur l’antisémitisme, qui se manifeste dangereusement un peu partout en Europe. Intervention marquée par des vociférations et injures venues des bancs La France Insoumise (LFI).

Le Crif : Vous avez subi vociférations et injures venant des rangs La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, alors que vous évoquiez le fléau de l’antisémitisme en France, vous avez parlé de « cibles dans le dos » des Juifs, que voulez-vous dire ?

Aurore Bergé : Il est insupportable que nos compatriotes juifs soient systématiquement ramenés à la situation humanitaire à Gaza. Depuis quand accepte-t-on que des hommes et des femmes soient essentialisés, comme si le simple fait d'être juif voulait dire qu'on était responsable de la situation au Proche-Orient ?
C'est cela mettre une cible dans le dos des Français juifs. C'est ce contre quoi nous devrions tous collectivement nous dresser tous et toutes pour être des remparts face aux menaces et à la violence antisémite. Les intimidations, les menaces et insultes ne m'empêcheront jamais de continuer à porter ce combat essentiel et démocratique.

 

Il était « déterminant » de maintenir le match au Stade de France : « comment pourrait-on accepter de renoncer du simple fait de pressions insupportables ? »

 

Le Crif : Le match de foot France-Israël a été maintenu au Stade de France par les autorités. Même si le contexte a fait qu'il y aura moins de monde qu'en temps normal, quel sens a pour vous ce moment, ce match sous tension ?

Aurore Bergé : Il était déterminant que le match prévu se déroule et en présence du public. Comment pourrait-on accepter de renoncer du simple fait de pressions insupportables ? Cessons d’entretenir la confusion : il y a toute liberté pour contester la politique du gouvernement israélien, ce qui n'a rien à voir avec le fait de nier l'existence de l’État d’Israël.

 

« Je constate à regret que la gauche s’est soumise à LFI, comme si l’antisémitisme n’était pas une ligne rouge »

 

Le Crif : François Hollande notamment sera présent au Stade de France, cela est-il un signe encourageant pour la gauche (social-démocrate), et suffisant pour penser que cette gauche peut se séparer à terme de LFI ?

Aurore Bergé : La présence du Président de la République Emmanuel Macron et des deux anciens Présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande est une bonne chose.
Je constate à regret que la gauche s'est soumise à LFI comme si la question de l'antisémitisme n'était pas une ligne rouge qui ne pouvait être franchie.

 

Propos recueillis par Jean-Philippe Moinet

 

- Les opinions exprimées dans les entretiens n’engagent que leurs auteurs -