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Publié le 4 Septembre 2012

Antisémitisme en Allemagne : une spécialiste préconise davantage de prévention dans les écoles

Chercheuse dans le domaine de l'antisémitisme, le Dr. Juliane Wetzel (photo) parle dans un entretien, des comparaisons et des images de l'ennemi parmi les jeunes, et de la source de la haine envers les juifs.

Madame Juliane Wetzel, l'attaque contre le rabbin à Berlin est suspectée avoir été perpétré par des jeunes arabes. S'agit-il d'un cas isolé, ou avez-vous identifié une nouvelle forme d'antisémitisme parmi les jeunes musulmans en Allemagne?

 

Il y a déjà eu des cas isolés auparavant. Cela n'est pas nouveau. Nous identifions l'antisémitisme parmi des jeunes d'origine arabe ou turque depuis la Deuxième Intifada il y a douze ans. Les jeunes sont du côté des Palestiniens, en tant que victimes présumées des Israéliens, et se servent alors de vieux stéréotypes provenant du canon de la sensation de dégoût antisémite. Peut-être cela est-il renforcé par une nouvelle qualité, car le rabbin n'a pas été insulté, mais a été fouetté. Mais je mets en garde contre une situation dans laquelle il est encore dit qu'il s'agit toujours de mauvais musulmans. Il y a de tels cas isolés, et le même antisémitisme existe, qui est relativement fréquent, parmi les jeunes d'origine tuque-arabe, et qui est nourri par le conflit au Moyen-Orient. Cela ne veut pas dit que nous ne devons pas investiguer ces cas de manière très précise, et il faut soulever et traiter ces sujets dans les écoles, dans un travail de prévention. Mais 90 pour cent de tous les incidents violents et délinquants antisémites en Allemagne proviennent surtout – de nos jours comme dans le passé –de l'extrême-droite.

 

D'où provient cette image de l'ennemi des jeunes musulmans?

 

D'un côté, par la famille, mais  les médias jouent également une part essentielle. Par exemple, à Berlin, nous avons une vaste communauté palestinienne, qui a des relations avec des membres de leurs familles dans les territoires occupés. La plupart d'entre eux ont des stéréotypes antisémites, qui sont très rapidement alimentés par des préjugés  antisémites. De plus, la télévision sur câbles présente des émissions et des films à caractère extrêmement antisémite.  Un exemple typique est le film "Les Yeux Bleus de Sara", dans lequel une jeune fille palestinienne est kidnappée sur les instructions d'un officier israélien, qui désire obtenir de nouveaux yeux son fils aveugle, ou le film réputé "La Vallée des Loups". A cause de tels films, dont certains sont devenus des films cultes parmi les jeunes, des stéréotypes et l'incitation sont naturellement propagés. Il est important que même la majorité de la société d'associe à de nombreux clichés des jeunes musulmans et de ceux des personnes d'extrême-droite. On peut voir cela, au-delà de tout le reste, en relation au conflit au Moyen-Orient, là, l'Holocauste et la politique israélienne sont comparés et identifiés l'un à l'autre.

 

Selon d'autres études, 20 pour cent de la population est composée d'antisémites latents. Qu'est-ce qui transformé des gens aujourd'hui en éléments sensibles et influençables à ce sujet? .

 

Les juifs sont le bouc émissaire classique, et surtout en périodes de crise. De nombreux disent qu'il est vrai que si le conflit au Moyen-Orient trouve une solution, il n'y aura plus du tout d'antisémitisme. Cela est faux. L'antisémitisme exploite le conflit au Moyen-Orient uniquement comme une plateforme, afin de pouvoir exprimer, particulièrement en Allemagne, des stéréotypes antisémites classiques. Le nombre de juifs vivant dans un pays particulier ne joue aucun rôle.  En Allemagne, vivent entre 110.000 et 120.000 juifs. En Pologne, il y en a beaucoup moins, et malgré cela, l'antisémitisme y est très élevé.

 

Cela veut-il dire que l'antisémitisme existera toujours?

 

J'en suis persuadée. Les sondages des 30 dernières années démontrent que l'antisémitisme continue à un taux de 15 à 20 pour cent. Je pense qu'il s'agit d'un lieu de rejet et d'ordures avec laquelle il semble que nous devions vivre. Il est important que nous essayions, de manière bien plus ferme, de traiter dans le cadre de classes et de l'instruction de manière actualisée sur l'antisémitisme. Une visite dans un monument du souvenir où inviter un rescapé de l'Holocauste n’est pas la meilleure réaction à un incident antisémite à l'école. On y transforme sans arrêt les juifs en victimes, sans faire la moindre allusion au conflit au Moyen-Orient. Des professeurs apprennent bien quelque chose sur l'Holocauste dans le cadre de leur formation, mais non pas la signification actuelle de stéréotypes antisémites, ni ce qui est aujourd'hui propagé sur internet. Cela doit changer d'urgence. A des périodes de caisses vides, seulement quelques rares programmes réussissent à obtenir des financements communs. Grâce à cela, nous devons assurer une certaine continuité, afin qu'il soit possible de soulever et de présenter les connaissances qui ont été acquises. 

http://antisemitism.org.il/article/74454/davantage-de-pr%C3%A9vention-dans-les-%C3%A9coles