Le score extraordinaire de Yech Atid (19 sièges) dépasse nettement ceux des « troisièmes partis » historiques tels le Dash de Yigal Yadin en 1977 (15 sièges) et le Shinoui de Tommy Lapid en 2003 (également 15 sièges). Ces deux partis avaient vite disparu, ce qui est une autre spécialité israélienne : personne ne le sait mieux que l’ancien journaliste et grande surprise de ces élections, Yair Lapid.
« It’s the economy, stupid » ! On se souvient du slogan de Bill Clinton dans sa campagne contre Bush père. C’est probablement aussi l’économie qui a été l’élément déterminant du vote massif des électeurs israéliens, avant les inquiétudes vis-à-vis du blocage du processus de paix avec les Palestiniens, la géopolitique locale ou vis-à-vis de la nucléarisation militaire de l’Iran. Les perspectives économiques plus moroses que par le passé, les protestations contre les disparités sociales et les difficultés des classes moyennes (dont Lapid se veut le porte-parole) ont joué dans ces élections un rôle majeur et ont rappelé que les mouvements de juillet 2011 n’avaient pas disparu de la mémoire populaire.
Ce n’est que dans quelques semaines que nous connaitrons la composition du nouveau gouvernement israélien. De fait, plusieurs schémas de coalitions sont possibles : les plus vraisemblables associent Naftali Bennett et Yair Lapid dans un même gouvernement et posent la question de la présence des partis religieux (Shas et Yahadout). Yair Lapid n’a pas envers eux l’évidente animosité qu‘avait son père mais ses positions sur leur participation à la défense du pays sont claires.
A la suite de ces élections, bien qu’on ait dit qu’elles représentaient pour lui une victoire à la Pyrrhus, Benjamin Netanyahou reste le seul Premier Ministre possible. Il a plusieurs choix pour composer son gouvernement et d’une certaine façon ses coudées sont plus franches que dans d’autres configurations. En tout cas le remplacement vraisemblable de Avigdor Lieberman, dont les positions abrasives avaient tant irrité, par un autre Ministre des Affaires Etrangères fera probablement plaisir à plusieurs Chancelleries et contribuera favorablement à l’image d’Israël. Cela se traduira-t-il un changement des positions israéliennes ou des réactions de ces Chancelleries par rapport à ces positions ? C’est une autre histoire, mais en matière de politique extérieure, les enjeux de 2013 sont lourds….
Richard Prasquier
Président du CRIF