« Le destin de l’Homme reste la responsabilité de l'Homme. Il nous appartient de le façonner, de le diriger, je dirais presque de l’humaniser. »
C’est avec ces mots qu’Elie Wiesel, dans son discours de remise du Prix Nobel de la Paix en 1986, rappelait à la fois la liberté et la responsabilité des hommes et des femmes dans le judaïsme, condamnés à être maîtres de leur destin.
Alors que s’ouvre ce soir la fête de Roch Hachana, ces mots soulignent une différence fondamentale entre Athènes et Jérusalem, entre la vision du temps des Grecs et celle des Juifs.
Pour les Grecs, le temps est cyclique. Une nouvelle année est avant tout le signe de l’éternel recommencement. L’Homme est soumis aux lois du temps et rien ne peut empêcher le tragique de l’emporter parfois.
Dans la tradition juive, au contraire, l’humanité ne peut échapper à sa liberté. Le temps est linéaire et lui appartient. Une nouvelle année symbolise donc l’aspiration à l’action et au renouvellement. C’est la victoire du volontarisme face au défaitisme.
Alors, ce soir célébrons Roch Hachana pour que le renouvellement l'emporte sur le recommencement.
Clamons ensemble Chana tova pour réaffirmer qu’il n’y a pas de fatalité face à l’antisémitisme et pour tourner la page des déclarations de Mahmoud Abbas ou du Président des Comores, des tweets de Médine ou des compagnons de route de Civitas.
Célébrons à la fois Roch Hachana et la longue histoire des Juifs, en nous souvenant que certains font remonter la tradition de la pomme dans le miel aux communautés juives en France au Moyen-Âge.
Disons ensemble Chana tova, pour souhaiter en hébreu à Israël unité, sécurité et sérénité et lui rappeler l’attachement des Juifs de Diaspora à l’État d’Israël et à sa démocratie.
Trempons la pomme dans la douceur du miel et oeuvrons à rendre le monde meilleur pour vaincre par nos actions l’âpreté de l’extrême gauche, l’aigreur de l’extrême droite, l’acidité des islamistes et l’amertume des haineux de tous bords.
Cette année, plus que jamais, face aux défis politiques, économiques, climatiques, souvenons nous du message universel de Roch Hachana, refusons le défaitisme et retrouvons le goût des réponses collectives.
Continuons à « humaniser le monde ».
Chana tova à tous,
Yonathan Arfi, Président du Crif