Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Penser contre soi-même, par Nathan Devers

06 Novembre 2024 | 82 vue(s)
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Opinion

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

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Penser contre soi-même, par Nathan Devers (*)

 

Depuis quelque temps, on ne voit que lui sur les plateaux télévisés. Lui, c’est l’écrivain et philosophe Nathan Devers. Devers, c’est son nom de plume. Son patronyme de naissance, c’est Naccache. Nathan Devers a des racines tunisiennes du côté paternel et algériennes du côté de sa mère. Il est en effet le fils du célèbre Lionel Naccache, spécialiste mondial des neurosciences cognitives et le petit-fils d’Albert et Monique Naccache, respectivement écrivain et animatrice de radio. Sa mère, Karine, est, pour sa part, d’origine juive algérienne. « Mes parents se sont rencontrés à la fin des années 1990, un dimanche midi, dans un café du Marais ». Alors, pourquoi Devers. C’est, nous explique-t-il, la contraction de deux mots : de et vers. Une façon de dire que chaque individu vient de quelque part pour aller vers sa destinée. Depuis l’absence et vers elle. Son nouveau livre est fortement autobiographique. On découvre, en suivant son parcours, comment il est passé, peu à peu, d’une pratique rigoureuse du judaïsme ancestral à la passion de la philosophie, pensant, ce faisant, contre lui-même. Finissant par fumer une bonne cigarette le jour sacré du Yom Kippour, il réalise un jour qu’il a assassiné l’aspirant rabbin qui était en lui.

Nathan Devers, né le 8 décembre 1997, nous raconte son enfance à Auteuil, un « quartier profondément juif » où la famille se retrouve à la synagogue de l’ENIO, l’École Normale Israélite Orientale, autrefois dirigée par Emmanuel Levinas. C’est là qu’il va passer les premières années de sa vie. Par ailleurs élève à l’école Musset, il est, très jeune, persuadé que sa vocation est de devenir rabbin.

Il fréquente, plus tard, avec sa famille, la synagogue de la rue Ancelle à Neuilly-sur-Seine et est inscrit au Talmud Torah où il apprend l’hébreu et les prières sous la houlette de Meyer Weil. Un voyage-pèlerinage en Israël confortera sa vocation. Un gourou, vrai ou imaginaire, allez savoir, du nom d’Yrmiyahou Kotmel, véritable clone d’Hillel Perlman alias Monsieur Chouchani, poussera encore plus le jeune Nathan vers l’orthodoxie. « J’ai passé, auprès du rav Kotmel ; tant de jours et de nuits à me baigner dans cette antinature ». « À étudier la Bible jusqu’à lui ressembler ». Après sa bar-mitsvah, Nathan se retrouve à Jean-Baptiste Say où il est amené à recouvrir sa kippa d’un béret. Puis ce sera le lycée Betham, au Kremlin-Malabry. Un tournant car « C’est à Betham que j’ai contracté les effets acides d’un syndrome incurable ». Le doute s’installe en même temps que la découverte de la littérature, la fréquentation d’un certain Jean-Pierre et le désir de philosophie : Heidegger, Nietzsche, Socrate, Hegel, Derrida. Peu à peu, c’est la rupture avec la religion. Une spirale s’ouvre devant Nathan Naccache. Nathan Devers est né. « L’existence est ici, le temps peut commencer. » Un parcours étonnant et passionnant. À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Albin Michel, janvier 2024, 336 pages, 20,90 €.

 

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