Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Les Présences, par Caroline Bongrand

16 Janvier 2024 | 109 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Les Présences, par Caroline Bongrand (*)

 

Il était une fois Salonique, Selanik, Thessaloniki, la « Jérusalem des Balkans », une ville merveilleuse où la majorité de la population était juive. En 1917, la cité avait connu un grand malheur, un incendie épouvantable et meurtrier. Il avait fallu tout reconstruire. Dans les années 40, c’est une tout autre catastrophe qui s’est abattue sur Salonique : l’hydre nazie. Aucun juif ne devait survivre. Tel était le mot d’ordre de l’infâme Hitler et de ses sbires. Elle l’avait bien compris, malgré son jeune âge, la petite Eliseva Moscato alias Seva, Avec courage et détermination, elle choisira de se sacrifier pour que son ami, Nissim Saragoussi et deux autres enfants, réfugiés dans le grenier d’une librairie, soient épargnés. Pour elle, ce sera une balle dans la tête tirée à bout portant par un soldat boche.

Pour nous conter la tragédie de Salonique sous la botte allemande, Caroline Bongrand a opté pour la métempsychose, la réincarnation, le Gilgoul Haneshama, comme dit la Kabbale.

Nous sommes à Paris, en mars 2022. Divorcée de Thierry, Valentine Dubois , une jeune graphiste, élève toute seule son fils, Milo. Ce n’est pas une mince affaire car Milo, né sous péridurale, est atteint d’un mutisme profond depuis sa naissance. Et pourtant, un jour, miracle ! Le petit Milo se met à parler. Des borborygmes dans une langue inconnue. Il faudra longtemps à Valentine pour réaliser qu’il s’agit de judéo-espagnol et que c’est Seva qui s’exprime par la bouche de Milo. Dès lors, Valentine va se lancer dans une véritable enquête à l’Inalco puis à  Salonique à la recherche de ses racines. La très catholique Valentine va peu à peu découvrir que ses ancêtres étaient juifs : Anna ( Hannah ?) Perla Modiano, Estrella Modiano, née Angel, Jacob-Elie Zarfadi dit Loulou Modiano, Myriam-Rosa et Samuel-Moïse devenus Marie et Joseph, Peppo Pardo, Simona…

L’amour est au rendez-vous de ce beau roman : Nathan, Louis, Karim, Clothilde… L’amitié aussi. Surtout celle de Valentine avec Jen, son amie coiffeuse d’origine arménienne, Jen Sarkissian . Sans oublier la cuisine et le skateboard. On n’arrête pas de s’empiffrer tout au long des pages, des loukoums , des halvas, des koulouris,  du tarama, de la feta  et, surtout, de délicieux trigones. Et de boire du bon vin ! (En Grèce, les calories sont divisées par deux). Quant à la planche à roulettes, elle a failli coûter la vie à Valentine.

 

À découvrir sans tarder.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Denoël, avril 2023, 334 pages, 19,90 €.

 

 

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