Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali – Le barman du Ritz, par Philippe Collin

11 Décembre 2024 | 99 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

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Le barman du Ritz, par Philippe Collin (*)

 

Le barman du Ritz, c’est Frank Meier. Étonnante et incroyable destinée que celle de ce personnage hors du commun. Fils d’un juif polonais natif de Lodz et d’une juive hongroise dont le père était rabbin à Budapest, Frank Meier a vu le jour à Kufstein, dans le Tyrol autrichien, où ses parents, fuyant les pogroms, s’étaient réfugiés, le 3 avril 1884. Par peur de voir son fils victime de l’antisémitisme, le cordonnier Meier ne le fera pas circoncire et ne l’inscrira pas dans les registres de la synagogue. La famille étant pauvre, Franck devra travailler dès l’âge de douze ans dans un atelier de peignage de laine à Vienne. Il parvient à économiser et, deux ans plus tard, il traverse l’Europe. Direction : l’Amérique. Petits boulots alimentaires à New York jusqu’au jour où un maître du saloon et des cocktails, Charley S. Mahoney, du fameux Hoffman House, le prend sous son aile, lui enseignant tous les secrets du métier. En 1907, quand la célèbre enseigne ferme pour travaux, Frank gagne Paris où il ouvre un premier bar, en juin 1907, le Brunswick, près de l’Opéra. En 1914, c’est la Première Guerre mondiale. Il s’engage dans la Légion étrangère. Il servira sous Pétain auquel il voue une profonde admiration. Il changera d’avis, plus tard, lors de la publication de l’infâme Statut des Juifs. En 1919, il rencontre une Belge, Maria Hutting qu’il épouse. Leur fils Jean-Jacques naîtra en 1921. Le couple divorcera par la suite. Le 6 avril 1921, Frank Meier a trente-sept ans. Il est au seuil du Ritz, le Saint des Saints dont il va devenir le barman vedette. Ritz, c’est le patronyme du créateur du palace, César Ritz, dont l’épouse, Marie-Louise, une Alsacienne, née Beck, prendra la succession. Quant au directeur général, Claude Auzello, il a épousé Blanche Rubenstein, une juive allemande, devenue Blanche Ross grâce à un subterfuge de Frank Meier, lequel, d’ailleurs, se fera, au fils des ans, une spécialité de l’obtention de faux papiers moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. C’est là, en compagnie de son frère d’armes, Georges Scheuer et de leur apprenti italien, Luciano Levi alias Luciano Baresi, un juif circoncis, lui, que le barman du Ritz va concocter les prestigieux cocktails qui feront sa célébrité et côtoyer le beau-monde du tout Paris avant que envahisseurs allemands ne prennent possession des lieux : Gabrielle Chanel, Florence Gould, le duc de Windsor, Kermit Roosevelt, le fils du président américain, Joséphine Baker, Georges Mandel, Sacha Guitry, Jean Cocteau, Serge Lifar, Hemingway, Arletty, Suzy Delair, Jacques Benoist-Méchin, Jean Marais, Marie Laurencin  ou encore Winston Churchill. Dès la réquisition de l’hôtel par les Nazis et comme Ritz rime avec Fritz, on réaménage les lieux : le côté de la place Vendôme est réservé aux dignitaires allemands, celui de la rue Cambon est ouvert au public. La clientèle huppée a changé d’allure. Voici à présent, parmi les habitués, le Reichsmarshall Hermann Göring, Reinhard Heydrich, l’ambassadeur nazi à Paris, Otto Abetz, le colonel Speidel et son successeur Otto Von Stülpnagel, Helmut Knochen, chef de la Gestapo à Paris, Pierre Laval, l’amiral Darlan, Jean Borotra ou encore l’avocat Fernand De Brinon. Mais l’ancienne clientèle ne tardera pas à revenir, se mêlant sans complexe ni honte aux occupants.

L’occupation allemande entraîne son lot de dénonciations, d’arrestations et de déportations. Les Juifs sont désormais astreints au port de l’étoile jaune. Le STO est instauré. La Solution Finale est en marche. Les nouvelles concernant les Juifs d’Europe sont de plus en plus alarmantes. Des années d’horreur jusqu’à la défaite allemande et la Libération. Frank Meier « le barman de l’armée allemande et des collabos » est mort en 1947. Il repose au cimetière de Pantin.

Ce premier roman de Philippe Collin, jusqu’ici connu pour ses essais et comme scénariste de bandes dessinées, roman très agréablement écrit, voit s’alterner le journal de Frank Meier et, sous forme d’éphémérides allant du 14 juin 1940 au 25 août 1944 et le récit des événements qui se succèdent après l’entrée des Allemands, des hordes nazies, à Paris.

Remarquable.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Albin Michel, avril 2024, 416 pages, 21,90 €.

 

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