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Publié le 16 Septembre 2024

Le Crif en action – Orléans : Le Crif Région Centre rend hommage aux six otages exécutés et appelle à la libération de tous les otages

Jeudi 12 septembre 2024, un rassemblement a eu lieu à la synagogue d’Orléans en mémoire des six otages assassinés à Gaza et pour appeler à la libération de l’ensemble des otages.

À l’initiative de Maayan Degani Gabbay, étudiante israélienne et présidente de la section de l’université Orléans Tours de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), et avec le soutien de la communauté juive d’Orléans (CIO), et de son président, André Druon, mais également d’Éliane Klein, déléguée régionale du Crif Région Centre, et de François Guggenhein, délégué régional du Crif Tours.

De nombreuses personnalités étaient présentes lors de cette cérémonie : Serge Grouard, Maire d’Orléans, Jean-Pierre Sueur, ancien sénateur et ministre, des présidents et représentants ou membres d’associations (Licra, AJC, SOS racisme, Loire-Vistule, Cercil). Agnès Lefranc, pasteur d’Orléans et de nombreux membres de la communauté juive étaient également présents pour montrer leur soutien et leur solidarité.

Maayan Degani Gabbay, présidente de la section de l’UEJF Tours Orléans a pris la parole devant l’assemblée dans un discours très fort et émouvant :

« Mesdames, Messieurs, chères amies et camarades de lutte,
Je vous remercie d’être présents à l’hommage aux six otages israéliens et israéliennes assassinés, trouvés le 31 août dans un tunnel à Gaza. Merci d’être là pour partager notre douleur et leur rendre hommage.
Nous sommes là pour la mémoire de Hersh Polin-Goldberg, Eden Yerushalmi, Carmel Gat, Ori Danino, Almog Sarusi et Alex Lobanov. 

Hersh, Eden, Ori, Almog et Alex ont été enlevés par le Hamas au festival Nova le 7 Octobre, alors que leurs amis ont été massacrés par des terroristes. Carmel Gat a été enlevée de la maison de ses parents au Kibboutz Be’eri le même jour. Les six ont passé 330 jours en captivité, soit presque onze mois. Leurs corps ont été trouvés par l’IDF dans un tunnel à Rafah, assassinés de deux balles dans la tête.
Pendant onze mois, ils ont été retenus sous des conditions inhumaines et inimaginables. Le tunnel où ils ont été retrouvés est étroit et bas, il ne permettait même pas à un adulte de se mettre debout, ils n’avaient pas de matelas, pas de toilettes, pas de lumière du jour, ni d’air frais.

Onze mois de souffrance et d’espoir d’être libérés. Onze mois de lutte incessante de la part de leurs familles, qui parlaient aux hommes politiques en Israël, aux États-Unis, en Europe et partout, qui manifestaient pour demander leur retour immédiat, qui sentaient qu’une part de leur cœur est enlevée. Onze mois que le monde est en feu. Et nous, nous sentons leur douleur.
Nos cœurs et notre soutien sont avec les six otages et leurs familles, ainsi que les 101 otages qui sont toujours en captivité. Nous attendons leur retour immédiat et prions pour la paix.

Il y deux semaines, je suis revenue d’une visite en Israël. Je voudrais vous raconter à quoi ressemble l’atmosphère dans ses rues. Dans quelconque coin de Jérusalem et Tel Aviv, nous voyons les visages des otages et des personnes mortes à partir du 7 Octobre, affichés sur les murs, sur des affiches et des autocollants, collés aux arrêts de bus, dans des restaurants, des toilettes, aux bars, des écritures demandant leur retour sur les murs, sur des drapeaux… Leur retour et leur mémoire commémorée dans la forme des bracelets, des colliers, qui ont leurs noms, qui lisent « notre cœur est captif à Gaza », et bien encore. Tous les samedis, chaque semaine, il y a des rassemblements dans les grandes villes, demandant la libération des otages. À Tel Aviv, la place des rassemblements est désormais nommée « la place des otages ». Le peuple israélien se rassemble là-bas pour donner son soutien aux familles des otages, et pour demander leur retour.

 

Parmi les visages affichés et les écritures sur les murs, en me baladant à Jérusalem, j’ai vu énormément d’affiches et de graffitis qui demandaient la libération de Hersh. Hersh Polin-Goldberg, qui avait 23 ans, a grandi à Jérusalem, à quelques quartiers de celui ou j’ai grandi. Il a déménagé en Israël avec sa famille depuis les États-Unis quand il avait sept ans.

Il était une âme pure, pleine de beauté et d’amour pour son entourage. Il luttait pour la paix entre les Palestiniens et les Israéliens, à travers différentes initiatives, il supportait le groupe de football, HaPoel Yerushalaym, il aimait voyager, et avait des billets d’avion pour faire un voyage de deux ans dans le monde, pour décembre 2023. Il était extrêmement aimé et apprécié. Il était en train de danser avec ses amis à son dernier jour de liberté. Tous ses proches et connaissances parlent de lui avec amour. Tout le monde espérait et attendait son retour. Son visage est partout en Israël, il est rentré dans le cœur des milliers de personnes, qui assistaient à ses funérailles. Les cris et les lamentations de douleur s'entendaient de loin.

Nous pleurons la perte de sa famille. Nous pleurons sa mort. Nous pleurons la mort de tous les otages et les victimes.
Les visages des otages, sont très familiers aux militants de l’UEJF, qui faisaient régulièrement des collages d’affiches, portant les visages et les noms des otages. Quand on colle le visage de 251 personnes toutes les semaines, toutes les nuits, les affiches avec les visages de Hersh, Carmel, Ori, on commence à s'attacher à ces personnes. On s’intéresse à leurs vies, à leur sort, à ce qu’ils sont. On veut qu’ils retournent à leur maison, qu’ils revoient leur famille. Qu’ils soient en sécurité. Pourquoi sont-ils même retenus ?

C’est aussi pour ça que quand on apprend le sort terrible de ces otages, nous sentons la douleur, la perte, et même un sentiment d’échec. Pourquoi échec ? Parce qu’un des objectifs des collages est de sensibiliser le public afin qu’on puisse les ramener à la maison. Bring them home.

J’ai rejoint mon premier évènement de l’UEJF une semaine après le 7 Octobre. C’était le premier espace où j'étais dans lequel on en parlait, on a partagé le choc, la peine, et la terreur. Je ne sais pas comment je me retrouverais cette année si je n’avais pas rejoint cet espace. Le seul qui donnait du soutien en tant que collectif, surtout quand on vit dans une ville qui a une aussi petite communauté qui s’en sent impactée.

J’aurais pu vous parler d’Ori Danino, 25 ans, qui a réussi à échapper au moment du massacre, mais a été enlevé quand il est retourné pour sauver d’autres personnes.

J’aurais pu vous parler d’Almog, 27 ans, qui aimait faire des randonnées et jouer à la guitare.

J’aurais pu vous parler d’Alex, 32 ans, qui aimait la vie, les gens et la liberté, dont le deuxième enfant est né lorsqu’il était en captivité.

J’aurais pu vous parler longtemps de Carmel Gat, 40 ans, qui rentrait d’un voyage à l’Himalaya, qui apportait la lumière, et donnait des cours de yoga et de méditation aux enfants et adultes qui étaient en captivité avec elle.

Je vais vous parler d’Eden Yerushalmi, 24 ans. Une fille drôle et joyeuse qui aimait la mer et avait hâte de travailler au bar du festival Nova. Elle était très proche de sa famille. Le 7 Octobre, elle s’est cachée dans une voiture avec les corps de deux filles. Elle parlait à ses sœurs pendant des heures et demandait qu’on la retrouve. Sa famille avait l’espoir de la voir dans le prochain échange d’otages. Mais l’échange a échoué. Quand son corps a été rendu en Israël, nous avons appris qu’elle pesait 36 kg. Elle a survécu à onze mois des conditions terribles, pour être assassinée cruellement à la fin.

La découverte de ces conditions terribles, et la violence dans laquelle ces six otages ont été exécutés, sont insoutenables. C’est une urgence. Il faut libérer les otages immédiatement, avant qu’il soit trop tard.
Il reste encore 101 otages à Gaza. Ce sont les mères, les pères, les grands-pères, et les enfants de 101 familles. Ils représentent tous une vie, et un propre monde, ils représentent également les dizaines et les milliers des personnes qui vont sentir la douleur de leur perte, si on les trouve trop tard.
Nous sommes là pour pleurer la mort des otages, pour appeler à la paix et la libération des 101 otages restants. »

 

 

Le Kaddich a ensuite été lu avant que l’assemblée ne respecte une minute de silence et que des bougies à la mémoire des six otages assassinés ne soient allumées.

 

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