Le Crif en action - Les envoyés spéciaux à la lutte contre l'antisémitisme réunis à Paris

Mardi 24 octobre 2023, les envoyés spéciaux à la lutte contre l'antisémitisme se sont réunis à Paris sous l'égide du Congrès juif mondial, de la Commission européenne et de l'UNESCO.

C'est la Directrice générale du l'UNESCO, Audrey Azoulay, qui a ouvert avec gravité cette réunion des ambassadeurs nationaux à la lutte contre l'antisémitisme (SECCA). Elle a souligné l'importance de tenir cette session dans ce moment de résurgence très forte de l'antisémitisme partout dans le monde.

Katharina von Schnurbein, coordinatrice chargée de la lutte contre l'antisémitisme en Europe, a pris la parole à son tour pour remercier les envoyés spéciaux nationaux ainsi que les représentants des communautés juives du monde. Avant le début des interventions, Maram Stern, vice-Président exécutif du Congrès juif mondial (WJC) a demandé à l'assemblée d'observer un moment de silence en hommage aux victimes des attaques terroristes du 7 octobre en Israël.

Autour de la table, les représentants des communautés juives, assis à côté des envoyés spéciaux, ont l'air grave. L'Ambassadrice Deborah Lipstadt, envoyée spéciale américaine contre l'antisémitisme, les a invités à prendre la parole.

Le Crif, représenté par Marie-Sarah Seeberger, chargée des Affaires internationales, a été invitée à ouvrir la discussion*. Elle a notamment souligné le sentiment de solitude ressenti par de nombreux Français juifs depuis le 7 octobre. Marie-Sarah Seeberger a également rappelé le chiffres de l'antisémitisme de ces quinze derniers jours : plus de 580 incidents antisémites, soit davantage que la totalité des incidents antisémites pour l'année 2022.

Mathias Dreyfuss qui représentait la Dilcrah et Delphine Borione, Ambassadrice française pour les Droits de l'Homme, étaient présents pour représenter la France à la réunion SECCA.

Dans l'après-midi, une session a été dédiée à la question de la haine en ligne et à l'intelligence artificielle. Des représentants de Meta France ont participé au pannel.

En fin de journée, un événement culturel dédié à l'héritage culturel juif séfarade a conclu la journée.

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*Prise de parole de la représentante du Crif à la réunion SECCA :

« Le Président du Crif Yonathan Arfi est actuellement dans l'avion, de retour d'Israël où il a conduit une délégation de représentants de la communauté juive française pour témoigner de notre soutien et de notre solidarité à l'égard d'Israël et des Israéliens.

Parce que je ne suis pas la Présidente d'une organisation, je peux m'adresser à vous aujourd'hui de manière plus personnelle.

Je travaille au Crif depuis six ans. Mais je suis engagée avec et pour le peuple juif depuis toujours.

Le 7 octobre, quelque chose s'est brisé en moi pour toujours. Une certaine foi en l'humanité.

Depuis, le monde observe ce qui se passe sur ce petit bout de terre qu'est Israël. Il a regardé avec effroi, puis avec compassion, puis avec une once de scepticisme et exprime des mots de plus en plus ambigus pour condamner l'impensable.

Comment cela me fait-il sentir ? Pas bien. Pire encore, je me sens seule. Et pourtant, j'ai 15 millions de sœurs et de frères dans le monde.

Si nombreux, et pourtant si peu.

Je me sens seule lorsque des milliers de personnes se rassemblent dans mon pays pour scander qu'Israël doit disparaître. Je déteste réaliser qu'être juif en France en 2023, c'est recevoir des messages demandant de ne pas aller dans certains quartiers de Paris à cause de ces manifestations.

Je me sens seule lorsque mes amis non juifs ne m'envoient pas de SMS pour prendre de mes nouvelles et de celles de ma famille. Je me sens seule lorsque, lors d'un rassemblement pour les otages, je ne vois que des Juifs. Je me sens seule quand les gouvernements du monde ne sont pas parfaitement clairs sur la situation ou quand des parlementaires français refusent d'appeler le Hamas pour ce qu'il est : une organisation terroriste.

Et je me sens aussi seule lorsque je dois vous dire que plus de 500 incidents antisémites ont eu lieu en France au cours des deux dernières semaines. C'est plus que le nombre total d'incidents antisémites en France en 2022. Le Crif et les institutions juives françaises travaillent ensemble pour assurer la sécurité des Juifs de France, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur.

Le 7 octobre, à 8 heures du matin, la première chose que le Président du Crif a faite a été d'appeler le ministre de l'Intérieur pour lui demander de renforcer la sécurité devant les lieux juifs de France. Ce n'est pas normal. Mais, malheureusement, nous y sommes habitués.

Je sais que la situation n'est pas meilleure ailleurs dans le monde, en particulier sur les campus où les étudiants juifs doivent se battre quotidiennement.

Nous avons tous vu les images terribles qui nous parviennent d'Israël. Et aucun mot ne peut être ajouté à cette horreur absolue.

Pourtant, nous sommes là aujourd'hui. Je crois que cette réunion de la Secca est, peut-être plus que jamais, non seulement nécessaire mais essentielle.

Pour parler ensemble, pour comprendre clairement ce qui est en jeu en ce moment et pour montrer au monde que les Juifs ne sont pas seuls et ne devraient jamais se sentir seuls.

Je vous remercie de votre attention. »