Le brief du Crif - Stages de citoyenneté : signature d’une convention entre la Fondation du Camp des Milles et le tribunal judiciaire d’Aix en Provence

Crédits photos : @Fondation du Camp des Milles 

« Ces stages, instaurés après des expérimentations concluantes conduites au Camp des Milles, sont organisés dans le cadre des alternatives aux poursuites ou des modalités d’exécution des décisions de condamnation prononcées par le tribunal. Ils ont vocation à être mis en œuvre à l’égard de personnes majeures, d’auteurs d’infractions à caractère antisémite, raciste et discriminatoire, ou commises à l’encontre des personnes qui représentent l’autorité publique. Ils ont pour objet de rappeler aux personnes condamnées les valeurs républicaines de tolérance et de respect de la dignité de la personne humaine, et de leur faire prendre conscience de leur responsabilité pénale et civile, ainsi que des devoirs qu’implique la vie en société.

La mise en place de ces actions, commencée depuis 2018, notamment avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse, constitue un des outils majeurs de la mission d’éducation de la Fondation du Camp des Milles, lieu d’histoire et de mémoire, mais aussi d’apprentissage et de pédagogie.

Le Président de la Fondation du Camp des Milles, Alain Chouraqui a souligné « l’importance d’un partenariat avec l’institution judiciaire, rempart des valeurs républicaines et de l’État de droit » et précisé que « la Fondation signe cette convention sur les stages de citoyenneté dans un esprit très positif car les expériences précédentes, en particulier avec le Tribunal de Marseille, ont apporté de grandes satisfactions. En réalité, il ne s’agit pas seulement d’infractions concernant l’apologie du racisme, de l’antisémitisme ou du nazisme, mais plus largement de toutes les personnes condamnées pour lesquelles les magistrats considèrent qu’un stage de citoyenneté au Camp des Milles peut avoir un intérêt ». 

La Présidente du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence, Madame Judes, a souligné qu’elle était « très honorée mais aussi impressionnée d’être ici sur le Site-Mémorial du Camp des Milles ». Et d’ajouter : « Ce sujet nous concerne tous, en particulier dans cette période marquée par de profonds troubles concernant un racisme et un antisémitisme qui ne se cachent plus, notamment sur les réseaux sociaux. Dans cette convention, il s’agit de rappeler aux condamnés, au titre de sanction, leurs devoirs et leurs obligations ». 

Le Procureur de la République Monsieur Blachon, citant l’historien Timothy Snyder, a rappelé de son côté que « ici, vous invitez à prendre soin du langage afin de repousser le langage qui exclut, qui ostracise, qui effraye, et qui parfois tue. Vous invitez à être attentif aux mots que l’on emploie, notamment aux mots dangereux. Vous invitez aussi à regarder dans les yeux et à engager la conservation, vous invitez à croire à la vérité, celle que nous enseigne l’Histoire. Merci à la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation d’offrir ainsi son hospitalité à l’autorité judiciaire et à ceux qu’elle lui confie dans l’intérêt de la justice et de la République.»

La signature de cette convention s’inscrit pleinement dans une convention-cadre nationale conclue avec le Ministère de la justice en 2019 et confirme l’expertise éducative de la Fondation en matière de lutte contre toutes les discriminations liées à l’origine, les extrémismes identitaires, et tous les comportements mettant en danger le vivre-ensemble. Une convention équivalente avait été signée avec le tribunal de Marseille en mars dernier, faisant de ces stages de citoyennetés, des réponses adaptées et efficaces, à ceux qui ont été condamnés pour avoir propagé la haine. »