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Publié le 11 Juillet 2024

Le brief du Crif - Léon Lewkowicz, survivant de la Shoah, portera la flamme olympique à Paris le lundi 15 juillet

Léon Lewkowicz, survivant de la Shoah et enfant de l'OSE portera la flamme olympique le lundi 15 juillet 2024 à 13h30. Son parcours débutera à la station de métro Bir Hakeim et se terminera au Jardin des enfants, rue Nétalon dans le 15ème arrondissement de Paris.

Le lundi 15 juillet, à 13h30, veille des commémorations de la Rafle du Vél d'Hiv, Léon Lewkowicz, 94 ans, survivant de la Shoah, portera la flamme olympique à Paris.

Déporté à Auschwitz-Birkenau à 15 ans, il survit aux Marches de la Mort. À son retour, Léon pèse 33 kilos. Il se fait alors cette promesse : plus personne ne le terroriserait. Il deviendrait l’homme le plus fort de France et devient ainsi, à 19 ans, champion de France de poids et haltères.

75 ans plus tard, toujours aussi fan de sport et inconditionnel des Jeux olympiques, Léon rêvait de porter la flamme olympique.

La mémoire collective de la Shoah disparaît comme l’encre de son numéro de déportation s’estompe, mais il l’a affirmé et promis : « Survivant des marches de la mort, ce ne sont pas les 200 mètres du relais olympique qui m’arrêteront ».

Soyons nombreux à ses côtés !

 

Léon et l’OSE

 

Léon Lewkowicz est né à Lodz (Pologne) en 1930. Il a dix ans lorsqu’il entre dans le ghetto de la ville, il en a quatorze au camp de Birkenau et quinze en arrivant en France.

Léon fait partie du groupe des 426 jeunes de Buchenwald accueillis par l’œuvre de secours aux enfants (l’OSE) en juin 1945 à Écouis (Eure), avec Elie Wiesel, Meir Lau (futur grand rabbin d’Israël), ou Élie Buzyn qui nous a quitté l’année dernière. Il est seul au monde, seul avec des souvenirs qui l’empêchent de sortir de l’enfer.

Qu’importe, il se jette dans la vie, tente de se reconstruire dans les maisons de l’OSE sécurisantes, socialisantes où il réapprend à sourire : quelques mois à Ferrières-en-Brie chez les Rothschild où il rencontre André Glucksmann, quelques temps de désoeuvrement absolu à Bellevue, un détour par le Vésinet, puis Champigny sa maison de cœur, celle des premiers amours. Mais surtout, il a rencontré Maurice Brauch, le moniteur de sport  qui organisait les compétitions intermaisons. Revenu lui aussi des camps, il lui a appris à utiliser ses muscles et à faire des figures de gymnastique. Très vite, il sait faire des tractions en planche libre sur les doigts à Saint-Quay-Portrieux , la colonie de vacances de l’OSE , il sait porter en l’air une jeune fille à bouts de bras. Le chemin de la vie s’ouvre à lui.

Émancipé à 18 ans, il fait de lui un dicton de sa mère : « bénies soient les mains qui se font elles-mêmes ».

À force de travail et de persévérance, il devient en 1955, champion de France de poids et haltères (mais ne peut participer aux Jeux olympiques car il n’est pas encore Français) et se spécialise dans la joaillerie avec le titre, en 1978 de Maître artisan sertisseur, Meilleur ouvrier de France, puis membre du Jury national de l’Éducation nationale.

Il a pris sa revanche sur la vie, être le plus fort. Sa mère peut être fière de lui.

 

Katy Hazan, historienne à l’OSE

 

Léon Lewkowicz, Katy Hazan, Abi gezunt, Du moment que tu as la santé ! Mémoires d’un enfant juif polonais, Le Manuscrit, 2022