Actualités
|
Publié le 26 Mars 2024

Le brief du Crif - Antisémitisme dans l’enseignement supérieur : une table ronde organisée à l’Assemblée nationale

À la suite des graves incidents qui se sont déroulés à Sciences Po le 12 mars dernier, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale auditionnait ce 26 mars 2024 différents représentants de l’enseignement supérieur.

Alors que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait publiquement demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le problème de l’antisémitisme à l’université, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, présidée par Isabelle Rauch, a pris l’initiative d’organiser une table ronde afin d’auditionner les représentants du monde universitaire français. 

 

Hausse du nombre d’actes antisémites au sein des établissements, perception du climat actuel, efficacité des sanctions disciplinaires et judiciaires, mise en place de mesures de prévention… Laurent Champaney, Président de la Conférence des grandes écoles (CGE), Michel Deneken, Président d’Udice, Emmanuel Duflos, Président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), et Guillaume Gellé, Président de France Universités, étaient tous les quatre invités à s’exprimer sur ces questions. 

 

L’ensemble des représentants ont reconnu un climat plus tendu ainsi qu’une augmentation des actes antisémites commis au sein des établissements depuis le 7 octobre. Guillaume Gellé, avec qui le Président du Crif Yonathan Arfi avait eu l’occasion de s’entretenir quelques jours auparavant, a notamment livré les résultats d’une enquête menée par France Universités, portant sur 82 établissements qui représentent 1,4 million d’étudiants. Pour l’année 2022-2023, cette enquête recense 33 actes antisémites, onze saisines de commission disciplinaire, quatre signalements au titre de l’article 40 et cinq plaintes déposées. Depuis le 7 octobre, selon cette même enquête, 67 actes antisémites, six saisines de la commission disciplinaire, 14 signalements et huit plaintes auraient été recensés. 

 

À l’issue de cette présentation, les intervenants ont eu l’occasion de répondre aux questions des députés présents. Constance Le Grip, Présidente du groupe d’études sur l’antisémitisme, a insisté sur la « réalité alarmante » de la situation, comme en attestent les différentes enquêtes récentes, telles que le sondage réalisé par Ipsos pour l’Union des Étudiants juifs de France (UEJF) en septembre dernier selon lequel neuf étudiants juifs sur dix auraient été victimes d’antisémitisme au cours de leurs études. 

 

 

 

 

Le Président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard, a invité les universités à s’exprimer plus clairement sur le caractère délictuel de l’antisémitisme, passible d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. « Un étudiant n’est pas un citoyen en dehors des lois. La loi s’applique à tous les Français », a-t-il déclaré. 

 

 

 

 

Les intervenants ont tenu à rappeler la fermeté absolue des présidents d’universités, ainsi que la tolérance zéro appliquée par les établissements à l’égard de l’antisémitisme et de toutes les formes de haines et de discriminations. Ceux-ci ont catégoriquement refusé qu’on laisse entendre une forme de complaisance ou de minimisation du problème de leur part. Ils ont également exprimé un désaccord quant au fait de considérer les universités françaises comme « gangrénées » par le wokisme. 

 

Les différents leviers administratifs, disciplinaires et judiciaires à la disposition des établissements ainsi que les mesures élaborées ces dernières années ont longuement été discutés : mise en place des référents racisme et antisémitisme, création de réseaux de recherche, obligation pour chaque établissement de constituer une cellule d’écoute, publication de guides et vademecum, formation des présidents d’universités… 

 

Cependant, diverses difficultés ont été mentionnés, notamment le fait que les universités soient insuffisamment informées des suites données aux signalements, empêchant ainsi une mesure réelle du phénomène ou une information précise des étudiants. Parmi les solutions proposées, Guillaume Gellé a évoqué la désignation d’un référent université au niveau du parquet. Une meilleure communication sur le rôle des référents racisme et antisémitisme, souvent mal connus des étudiants, ainsi qu’une coordination accrue avec les associations étudiantes, font également partie des points d’amélioration.

 

Les intervenants ont souligné la qualité de l’arsenal juridique et disciplinaire en place, tout en reconnaissant une possibilité d’améliorer l’information pour permettre aux étudiants de s’en saisir pleinement. 

 

L’intégralité de l’audition est à retrouver ici.