Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Un Ticha beAv particulier

14 Août 2024 | 17 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

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Opinion

Depuis plusieurs années, le cinéma international ne cesse de plébisciter les cinéastes iraniens. Asghar Farhadi en est l’exemple même. Cependant, certains réalisateurs n’ont pas la chance d’être autant ovationnés.

Pour leur cinéma engagé, frontal et dénonciateur du pouvoir politique et du régime iranien, grand nombre de réalisateurs iraniens ont été, pour les plus chanceux, contraint à l’exil, tandis que d’autres en détention, subissent le triste sort réservé aux prisonniers iraniens.

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« Hélas, mon puits est devenu mon tombeau et le jour de lumière est devenu ténèbres. »
« Mon puits », la source de vie matérielle, se dit beeri en hébreu, et réfère au kibboutz Beeri, lieu emblématique des massacres du 7 octobre. « Le jour de lumière », c’est la journée de Simhat Torah, celle du 7 octobre 2023, ainsi nommée dans le Talmud. « Hélas, » c’est la traduction du mot Eikha, titre du livre des Lamentations, qinot en hébreu, ces poèmes lyriques, récités la nuit de Tisha beAv, que la tradition attribue au prophète Jérémie, pleurant, non pas seulement, comme on le dit, la destruction du Temple de Jérusalem, mais la détresse de la population judéenne.

Eikha ne signifie pas seulement « hélas », mais aussi « pourquoi ? », les deux émotions qui taraudent les Juifs dans le monde depuis dix mois et qui ont donné à cette journée de Ticha beAv, le neuf du mois de Av, la plus triste du calendrier liturgique juif, une tragique actualité.

Les drames encourus par les communautés juives au cours de l’histoire ont souvent suscité des élégies. Certaines ont trouvé leur chemin, global ou localisé, dans la liturgie de la journée. Ce ne fut pas toujours le cas et la Shoah notamment n’a pratiquement pas laissé de trace à Ticha beAv. Beaucoup de décideurs orthodoxes, y compris certains qui y avaient perdu leur famille, s’y étaient opposés, prétextant que la liturgie était close. Il est frappant de constater que lorsque Leon Meiss, Président du Consistoire et du Crif, a sollicité une prière spéciale pour Ticha beAv en 1946, il n’a obtenu qu’une proposition, celle des frères Neher. Leur texte, très émouvant pourtant, n’a pas été retenu. Au fond, la Shoah était, pour ceux qui l’avaient vécue eux-mêmes, une blessure trop vive pour être métabolisée sous forme de prière intemporelle et impersonnelle.

Mais il ne fait pas de doute que les massacres du 7 octobre 2023 dont le retentissement fut diffus et profond alors que le nombre des victimes, aussi nombreuses qu’elles fussent, n’était pas comparable à la quasi-extermination d’un peuple entier, prendront place dans la litanie des calamités du peuple juif. Peut-être Qinat Be’eri, dont l’auteur, Yagel Haroush Juif orthodoxe de Yerucham, est un spécialiste du Maqam, ce système modal spécifique au monde islamique, et en particulier de la musique persane, restera-t-il dans la liturgie.

On aurait souhaité que l’Iran n’impacte ce jour que de façon musicale…

C’est le 9 Av qu’a eu lieu la destruction du Temple de Salomon par les Babyloniens, du Second Temple par les Romains, l’expulsion des Juifs d’Angleterre puis celle des Juifs d’Espagne. C’est le 9 Av 1942 qu’ont commencé les déportations du ghetto de Varsovie vers les chambres à gaz de Treblinka. Celui qui a la fibre critique plus que mystique pensera que certaines de ces dates ont été volontairement choisies par les ennemis des Juifs comme un pied de nez à leur histoire et il ne manquait pas de commentateurs pour penser que les mollahs de Téhéran lanceraient leur attaque contre Israël à Ticha beAv.

C’était mon cas. J’avais oublié que, depuis le départ de Ahmadinedjad, qui avait tout d’un mystique apocalyptique bas d’intellect, ce sont des individus fanatiques mais retors qui sont aux commandes en Iran. Ils ne veulent pas risquer de perdre le pouvoir par des initiatives qui pourraient entraîner des réactions israéliennes violentes qui déclencheraient des désordres non maîtrisables dans un pays où les mollahs sont haïs par la majeure partie de la population. Par ailleurs l’allié russe inspire ces jours-ci moins confiance que précédemment et les réactions du monde arabe à l’élimination de Haniyeh ont été plutôt molles.

Certes, ils peuvent compter sur Erdogan, le plus toxique des maîtres chanteurs, sur le Pakistan, la Malaisie et beaucoup de soutiens vocaux dans des populations sunnites chez qui la haine contre Israël prime les conflits inter sectaires, mais en cas de guerre les Iraniens seraient seuls et aussi fiers qu’ils prétendent l’être de leurs exploits du mois d’avril, ils savent que ceux-ci n’ont pas vraiment convaincu par leur efficacité. Enfin, une riposte israélienne risquerait de s’en prendre au nucléaire iranien avant que celui-ci ne soit opérationnel.

C’est pourquoi les journaux iraniens suggèrent ces jours-ci que la vengeance est un plat qui se mange froid et qu’il y a d’autres moyens d’entrainer la panique dans le camp ennemi que de mener une offensive militaire classique. Ce qui sous-entend, entre autres, des opérations terroristes contre les intérêts israéliens et pas seulement en Israël…

Et puis, il y a les proxys : on pense avant tout au Hezbollah qui vient de perdre Fouad Chokr, son chef militaire. Ce brave homme, à la mort duquel le Président Macron a réagi en exprimant son inquiétude, était poursuivi par les Américains pour l’attentat qui, en 1983, avait tué 241 Marines à Beyrouth et a certainement été partie prenante dans l’attentat qui le jour même tuait 58 parachutistes français dans l’immeuble du Drakkar. Une vengeance qui se mange froid, certes, mais pas reconnue comme telle par la France et concoctée par un autre cuisinier…

Enfin il y a la fibre morale dont l’Iran fait un usage particulièrement éhonté, mais qui risque d’être efficace. Prétextant de son droit à la vengeance après la mort de Haniyeh, rejetant comme impudentes les demandes des pays européens à ne pas déclencher la guerre, ce pays, qui est l’un des plus sanguinaires de la planète, va probablement essayer de monnayer son renoncement temporaire à celle-ci. L’époque est favorable, le gouvernement américain redoute d’être entraîné dans une guerre en pleine période électorale et voudrait tirer bénéfice politique interne d’un accord à Gaza. Voilà l’Iran prétendant qu’il ne répliquera pas si les pourparlers sur un cessez le feu aboutissent. Il veut laisser une porte de sortie à ce qui reste du Hamas, mais se donner l’image d’un partisan de la paix face aux extrémistes israéliens ne nuit pas à l’image, d’autant que le nouveau président iranien aura pour rôle de montrer un visage plus avenant de la dictature clérico-militaire qui a mis l’Iran en coupe réglée depuis 45 ans.

Dans cette situation extrêmement délicate où le soutien américain est plus que jamais nécessaire, on n’est pas surpris que le cabinet du Premier Ministre israélien ait, pour une fois, critiqué vigoureusement les initiatives de son ministre Ben Gvir commémorant sur le Mont du Temple un Ticha beAv décidément inhabituel….

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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