Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - La mémoire de la Shoah : Un voyage en Pologne

02 Juin 2022 | 115 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité
 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

Les femmes, Daech et le Djihad
|
19 Novembre 2015
Catégorie : Actualité

« Une femme retranchée dans l’appartement, qui a activé son gilet explosif au début de l’assaut, est morte »

Vendredi soir en l'espace de moins d'une heure, la France a connu le plus grave attentat jamais perpétré sur son territoire. En l’espace d’une trentaine de minutes, des terroristes ont attaqué la capitale à 7 endroits avec une minutie et une détermination macabres. 129 morts, 350 blessés dont 100 dans un état très grave. Les chiffres donnent le tournis. Moins de 48 heures après cette nuit d’horreur, n’en déplaise à certains, il est juste le temps de pleurer.

Des visages sur nos morts
|
14 Novembre 2015
Catégorie : Actualité

Les réseaux sociaux se sont mobilisés pour retrouver les personnes portées disparues, ceux dont nous n’avions pas de nouvelles. Les Amis, les familles, les anonymes partagent descriptions, photos et espoir.

Portrait de Virginie Guedj-Bellaïche
#JeNaiPasPeur
|
14 Octobre 2015
Catégorie : Actualité

8H30. Au moment où les employés de la mairie qui font la circulation rangent leurs gilets jaunes, dans les classes, les écoliers ouvrent livres et cahiers. Alors que les hommes sortent de l’office du matin, croisant ceux qui distribuent l’édition du jour du quotidien Israël Hayom, les lycéens patientent à l’arrêt de bus, smartphone en main. Si le rideau de fer des boutiques est encore fermé pour une demi-heure, le cafetier lui prépare déjà son 17e café afour. Voilà à quoi ressemble la vie matinale à Raanana, petite ville près de Tel-Aviv. Et puis hier, mardi, tout a basculé.

Pages

Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Pages

Nous étions une vingtaine, famille et amis, venus de France et d’Israël à voyager sur les lieux de la Shoah en Pologne. C’était la première fois, parmi mes nombreuses visites, que je m’y trouvais avec trois de mes enfants et aussi une petite fille, quatrième génération. Ce passage de témoin a prolongé ce que j’avais reçu des survivants que j’ai eu la chance de connaître. Leurs noms, célèbres ou inconnus, vivent dans mon souvenir, non seulement par leur histoire mais par leur profonde humanité.

J’utilise ce mot à dessein, car le déni d’humanité fut le crime absolu des nazis. Fin 1940, l’ignoble Hans Frank, docteur en droit et gouverneur de la Pologne, déclarait qu’il n’avait pas encore pu supprimer tous les poux ni tous les Juifs, mais qu’avec le temps, il espérait y arriver. Ses complices ont presque réussi. Début novembre 1943, les nazis fusillent 43 000 Juifs dans trois camps de travail du district de Lublin. C’est la sinistre « Fête des moissons », qui marque la fin de l’Action Reinhard destinée à exterminer les Juifs du Gouvernement général de Pologne (dont Auschwitz ne fait pas partie). Treblinka et Sobibor viennent d’être démantelés, Belzec l’a été quelques mois auparavant : il n’y a plus de Juifs à gazer ; les très rares survivants s’épuisent dans quelques camps résiduels travaillant pour l’armée allemande, ou cachés parmi ceux qu’on appelle les Aryens.

L’extermination est au centre de la monstruosité nazie. En dehors des rarissimes personnes sorties vivantes des fosses parmi les cadavres fusillés, elle n’a pas laissé de témoin, sauf les Sonderkommandos dont les quelques survivants provenaient des révoltes de Treblinka et Sobibor ou du désordre accompagnant l’évacuation du camp d’Auschwitz. Les déportés qui, en témoignant, ont accompli un travail admirable, ont pris garde de souligner que eux-mêmes n’étaient pas entrés dans « le ventre de la Gorgone », pour reprendre l’expression de Primo Levi. Il n’empêche : l’auditeur est ému par l’histoire d’une victime, qu’elle ait été tuée ou qu’elle ait survécu, mais pas par une statistique, les millions de morts. Pour bien des visiteurs, Auschwitz fut un camp où les déportés ont souffert, et où beaucoup sont morts. Mais la grande majorité des Juifs qui y furent assassinés n’y ont même pas pénétré, et Belzec, Treblinka; Sobibor et Chelmno ne sont pas des camps mais des usines de mort. Il faut deux jours pour lire les 70 000 victimes parties de France, mais il faudrait six mois pour lire  tous les noms des Juifs assassinés au cours de la Shoah.

Les historiens ont dû lutter contre le négationnisme ; leur travail fut méticuleux et humiliant. Une porte qui fermait du mauvais côté, car elle avait été négligemment replacée après la guerre, et les négationnistes concluaient que la Shoah n’avait pas eu lieu.

Cette période est probablement - je dis probablement - révolue. Mais nous vivons au temps de l’amalgamisme. Accuser ses ennemis d’être pires que les nazis est devenu banal. Si le rejet du pass sanitaire et la guerre en Ukraine en fournissent des exemples caricaturaux, c’est Israël qui en est la cible habituelle. Double avantage, on délégitime son existence et on le dessaisit de l’insupportable « bénéfice » narratif de la Shoah. Mais l’amalgame victimaire repose aussi sur les bons sentiments. Une visite d’Auschwitz trop brève, insuffisamment documentée et sans mise en perspective pourrait même faciliter la confusion mémorielle.

L’antisémitisme qui attribue aux Juifs les desseins les plus noirs est la supercherie, le « hoax », la plus sanglante de l’histoire. Les nazis présentaient l’extermination comme une défense préventive et se félicitaient de ne pas céder aux mièvreries compassionnelles. Mais l’extermination des Juifs n’est que la limite ultime de toutes les idéologies qui admettent l’assassinat collectif comme une conséquence nécessaire, éventuellement regrettable, de l’avènement d’une morale à finalité supérieure. On y retrouve le fanatisme religieux meurtrier, dont l’islamisme radical est la figure contemporaine, mais aussi les utopies révolutionnaires des « lendemains qui chantent ».

Il s’agit pour les tenants de notre petite morale banale mais qui englobe l’humanité tout entière de ne pas transiger, de ne pas se bercer d’illusions sur une hypothétique conversion à nos valeurs de démocratie et de liberté et de maintenir les rapports de force malheureusement indispensables.

Ne jamais oublier non plus qu’il n’y a pas des masses d’être humains désincarnés dont on pourrait se débarrasser comme on élimine des poux, mais qu’il y a un homme, un autre homme et encore un autre…

La femme, bien sûr, étant le propre de l’homme…

Richard Prasquier