Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Hommage à Elie Buzyn

24 Mai 2022 | 193 vue(s)
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France

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

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Actualité

Dans le cadre du match de foot qui doit opposer le RC Strasbourg au Maccabi Haïfa FC, le Préfet de la Région Grand-Est a publié ce matin un arrêté inquiétant et profondément dérangeant. Je me suis entretenu avec le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l'Intérieur, et avec le Directeur de Cabinet du Préfet du Bas-Rhin. Un nouvel arrêté devrait être publié, supprimant notamment l'interdiction des drapeaux nationaux et des signes de soutien aux deux équipes.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

Dans cette éditorial, je m'exprime sur la décision du parquet de Paris de s'opposer à l'incarcération d'Alain Soral. Une décision que je juge inacceptable.

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Il arrive que l’on écrive dans une notice nécrologique que la personne décédée a continué son travail jusqu’au dernier jour. Ce fut physiquement le cas pour Elie Buzyn qui, quelques heures avant sa mort, tenait une  conférence  à des étudiants juifs après en avoir préalablement discuté comme d’habitude, avec le grand Rabbin de France, qu’il accompagnait chaque année avec des groupes  à Auschwitz. Cela traduit l’extraordinaire acuité intellectuelle et la ténacité de cet homme de 93 ans, 39 ans si on lit  de droite à gauche plaisantait-il. Ceux qui l’ont vu le jour du Yom Hashoah à la faculté de Médecine puis au Centre Edmond Fleg peuvent en témoigner, comme ceux qui ont écouté son témoignage au Mémorial de la Shoah.

Il fut un survivant exemplaire. Pas seulement parce qu’il a survécu alors que 27 membres de sa famille la plus proche ont été assassinés, pas seulement parce que, ayant passé 4 ans et demi dans le ghetto de Lodz, ayant été déporté à Auschwitz, ayant fait la marche de la mort, ayant failli mourir à Buchenwald où il a eu les deux pieds gelés, ayant participé à la guerre de libération qui a créé l’Etat d’Israel et ayant travaillé plusieurs années au kibboutz, puis étant devenu chirurgien orthopédique en France, sa vie a englobé une exceptionnelle diversité historique et mémorielle, mais parce qu’il a voulu avec une énergie peu commune être un acteur vivant de son histoire et a refusé de se voir assigné au  rôle de victime.

« Il y a une chose, disait-il, que je supportais encore moins que les questions stupides, c’était l’apitoiement ». Pour cette raison, parce qu’un chirurgien qui se lave les mains montre ses avant-bras et que les siens auraient suscité la curiosité et parfois la compassion. il avait fait retirer son tatouage. C’était le contraire d’une tentative d’oubli: il gardait précieusement  la peau tatouée  dans son portefeuille. Il avait été tatoué le jour même où ses parents partaient en fumée dans les crématoires de Birkenau et il considérait ce morceau de peau comme leur seule pierre tombale. S’il fut bouleversé quand son portefeuille fut volé, ce n’était pas à cause de l’argent qu’il contenait.

Avoir une vie pleine et heureuse était la meilleure des vengeances qu’il pouvait adresser aux assassins. Mais les efforts nécessaires étaient quotidiens, car tout déporté vit avec  dans sa tête une fosse qui contient les disparus et dans laquelle il risque lui-même de tomber s’il se laisse aller à la tentation de ressasser le souvenir.

De là le silence nécessaire, d’autant plus que les vrais interlocuteurs étaient rares: il avait connu les confusions, les amalgames, l’indifférence et les ignorances en France, il avait connu aussi, ce qui était pire, le mépris (« pourquoi vous êtes vous laissé conduire à l’abattoir comme des moutons? ») ou la suspicion («qu’as-tu fait pour en revenir, toi, alors que les autres ont disparu? ») dans l’Israël d’avant le procès Eichmann.

On a peine à imaginer l’extraordinaire volonté qu’il a dû déployer pour passer par correspondance son baccalauréat, ayant décidé de quitter Israël pour commencer ses études, dans un pays, la France, dont il ne connaissait la langue que par le bref séjour qu’il y avait fait comme enfant de Buchenwald. Entre le début du ghetto de Lodz et l’obtention du diplôme près de vingt ans s’étaient écoulés: vingt ans marqués par la famine, par la mort puis par le travail d’agriculteur ou de charpentier; alors que ses condisciples, de dix ans plus jeunes, avaient eu tout  le temps de se frotter aux équations, aux rudiments de chimie et à la littérature classique.

Puis ce furent les études de médecine, mais aussi les concours d’externat puis d’internat qui étaient à l’époque des obstacles que la beaucoup d’étudiants préféraient esquiver en raison de leur difficulté. Mais il voulait devenir chirurgien et il l’a réussi brillamment.

Le terme de survivant n’est pas suffisant. Elie Buzyn était avant tout un combattant. Il ne faut pas s’étonner que la mémoire ait été son dernier combat, celui qu’il a mené jusqu’aux dernières heures de sa vie.

Richard Prasquier