Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Le billet de Jean-Pierre Allali – Les Juifs d'Argentine au pays des ancêtres de Shiri Bibas

17 Mars 2025 | 135 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Portrait de Stéphanie Dassa
Documentaire Sauver Auschwitz
|
23 Janvier 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

Illustration : La Grande synagogue de Buenos Aires

 

S’il y a dans le monde un pays ami d’Israël, c’est bien l’Argentine. Le 16 décembre dernier, les deux pays ont célébré les 75 ans de leurs relations diplomatiques lors d’une cérémonie spéciale organisée par l’Ambassade d’Argentine en Israël, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem.

En présence notamment du président Herzog, du ministre des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar et du président de la Knesset, Amir Ohana, l’ambassadeur d’Argentine en Israël, Axel Wahnisch, a lu une missive du président argentin, Javier Milei, qui, en février dernier, avait été reçu à Jérusalem par Benyamin Netanyahou. Javier Milei, qui avait alors annoncé qu’il reconnaissait Jérusalem comme capitale d’Israël, rappelait, dans cette lettre, que l’Argentine avait été le premier pays d’Amérique latine à reconnaître Israël, lors de sa création. Le président argentin a fustigé le Hamas, organisation terroriste, responsable du pogrom du 7-Octobre. La chose est peu connue : la malheureuse Shiri Bibas, assassinée avec ses deux enfants, née Silberman, était d’origine argentine Récemment, Yamil Sangoro, membre du Conseil municipal de Buenos Aires, a introduit un recours pour que la rue Palestine de la ville soit rebaptisée en « rue de la famille Bibas ».

 

Par ailleurs, l'Argentine est l'une des rares contrées à travers le monde qui aurait pu être le foyer d'un État juif ressuscité. En effet, lorsque, au début du XXe siècle, l'idée d'un foyer national, d'un havre de paix, d'un lieu privilégié où se retrouveraient, pour vivre en harmonie, tous les Juifs chassés et persécutés, l'Argentine, à l'instar du Birobidjan, imaginé et créé par Staline, de l'Ouganda évoqué par Theodor Herzl lors d'un Congrès Sioniste voire du Fouta Djalon proposé par les Peuhls de Guinée, a failli accueillir l'embryon d'un État juif. L'Histoire, heureusement, en a décidé autrement, permettant au peuple juif de retrouver sa terre ancestrale. Cela n'empêche pas l'Argentine d'avoir une population juive importante et originale dont le parcours millénaire mérite d'être contée.

Si nombre de Marranes, de Juifs cachés, s'établirent incontestablement en Argentine après l'expulsion des Juifs d'Espagne, on considère généralement que l'origine de la communauté juive de ce pays remonte à une période récente, celle de la fin du XIXe siècle.
Fuyant les pogroms, aidés tout à la fois par l'Alliance Israélite Universelle, par la JCA (Jewish Colonization Association) et par le baron Maurice de Hirsch, mécène généreux et déterminé, des dizaines de milliers de Juifs « russes » se sont transformés en gauchos et en pamperos, établissant des villes nouvelles aux consonances juives ou en rapport avec la famille Hirsch et qui existent encore de nos jours : Moïsesville où furent rapidement érigées quatre synagogues et un hôpital, Mauricio, Clara, Feinberg.

En 1860, la communauté religieuse s'organise avec la création de la CIRA (Congregacion Israelita de la Republica Argentina). Entre 1860 et 1865, ce sont des Juifs alsaciens qui sont à leur tour tentés par l'aventure. Puis viennent aussi des Juifs marocains et des Juifs turcs. Des Juifs italiens également et même des Juifs d'Arménie.

Plus tard, dans les années trente, l'arrivée de Juifs politisés, marqués à gauche, issus du Bund ou du communisme, imprime une tonalité plus laïque au judaïsme argentin. Des écoles juives se multiplient. On y enseigne aussi bien l'hébreu que le yiddish. Colporteurs, commerçants et petits artisans à leurs débuts, les Juifs argentins ont, petit à petit, rejoint les classes moyennes. Des clubs sportifs voient le jour : Hebraïca, Maccabi ou Hacoaj ainsi qu'un Country Club. Plus tard s'installeront les écoles professionnelles de l'ORT.

En 1894 est créée l'AMIA (Association des Mutuelles Israélites Argentines).

En 1968, il y avait 500 000 Juifs en Argentine. En 2013, ils ne sont plus que 250 000 et la tendance est à la baisse avec une forte alyah vers Israël où les Juifs argentins sont plus de cent mille aujourd'hui. Les Juifs de la Pampa ont, depuis longtemps, abandonné les chevaux, les tracteurs et le travail de la terre pour les plaisirs modernes de la ville, notamment Buenos Aires où ils sont 165 000. Ils se regroupent dans les quartiers de Once, Abasto, Villa Crespo, Belgrano et Barracas. 70 % d'entre eux sont ashkénazes et 30 % séfarades.

On trouve également des Juifs à Rosario et à Cordoba, à Tucuman et à la Plata (70 000 en tout). De petites communautés subsistent à Santa Fé, Baia Blanca, Parana, Mendoza, Mar del Plata, Corientes, Salta, Posadas et San Juan.

Parallèlement à l'AMIA, un « Crif » local, la DAIA s'est constituée. Elle représente 140 associations. Il existe aussi une fédération des Clubs sportifs, la FACCMA.

S'il est vrai que la tradition hospitalière de l'Argentine, dont la constitution est favorable à l'immigration, a permis aux Juifs fuyant les pogroms d'être accueillis, un antisémitisme latent perdure. Un sondage de l'Institut Germani de l'université de Buenos Aires publié en octobre 2012 a révélé que trois Argentins sur dix ne veulent pas vivre dans un quartier à forte présence juive et qu’un Argentin sur deux ne souhaite pas épouser un membre de la communauté juive.

Sous la dictature militaire, entre 1976 et 1983, deux grandes banques appartenant à des Juifs, la Patricio et la Mayo ont fait faillite. Comme on s'en souvient, des milliers de personnes ont à l'époque disparu. Selon un rapport israélien, les Juifs, qui ne représentaient alors que 0,5 % de la population du pays, ont payé un lourd tribut à cette folie meurtrière avec 12 % de disparus. En 1992, un attentat contre l'Ambassade d'Israël a fait 29 morts dont cinq diplomates israéliens. En 1994, sous la présidence de Carlos Menem, un attentat à la voiture piégée a détruit le siège de l'AMIA faisant 86 morts presque tous juifs.

De 2000 à 2015, l'Argentine, pour la première fois de son histoire, a eu une femme présidente. Il s'agit de Cristina Elisabet Fernández de Kirchner, élue en 2007 et reconduite en 2011. Elle avait succédé à son propre mari, Néstor Kirchner, à la présidence. Certains se sont demandé si, avec un tel patronyme, la présidente argentine n'était pas juive. Il est vrai que par son père, Néstor Kirchner avait des racines suisses. Il est vrai aussi qu'un spécialiste de l'onomastique juive, Claude Mezrahi [1] rattache ce nom à un nom de métier germanique, « kurschner » qui donne « kuschner » en yiddish et « kusnierz » en polonais et qui signifie pelletier ou fourreur. Mais dans ce pays à 91 % catholique, les Kirchner n'étaient pas juifs. On pourra se consoler en notant qu'en mars 2012, une femme juive a été, pendant un jour, la présidente de l'Argentine. Il s'agit de Beatriz Rojkes de Alperovich, vice-présidente du Sénat. Ce jour-là, Cristina Kirchner était en visite officielle en Angola et le numéro deux du pays, le vice-président et président du Sénat, Amado Boudou, était en déplacement à Genève. Beatriz Rojkes de Alperovich a assumé la présidence argentine pendant tout une journée. Il n'est pas inintéressant de rappeler que selon la constitution argentine modifiée en 1994, le président devait obligatoirement être catholique. Autres temps, autres moeurs.

En 2025, sous la présidence de Javier Milei, la grande communauté argentine, plusieurs centaines de milliers d’âmes, semble vivre paisiblement malgré quelques soubresauts antisémites isolés.

 

Jean-Pierre Allali

 

[1] Les secrets et trésors cachés des noms de famille juifs, Éditions A.J. Presse, 2001.
 

Nous diffusons des cookies afin d'analyser le trafic sur ce site. Les informations concernant l'utilisation que vous faites de notre site nous sont transmises dans cette optique.En savoir plusOK