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Publié le 5 Novembre 2021

Israël - Un tribunal israélien bloque la vente aux enchères d’outils qui auraient servi pour tatouer les détenus à Auschwitz

Un tribunal israélien a suspendu la vente aux enchères d’un lot d’outils qui auraient servi pour tatouer les prisonniers du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz. Cette vente aux enchères a suscité de nombreuses critiques, notamment de la part de musées et de survivants de la Shoah.

Publié le 5 novembre dans Forbes France

Un tribunal de district de Tel-Aviv a ordonné une injonction temporaire bloquant la vente jusqu’au 16 novembre minimum, date à laquelle une audience urgente est prévue pour déterminer si la vente peut avoir lieu ou non.

Le lot d’outils contient huit tampons avec des aiguilles qui, selon la maison de vente aux enchères israélienne Tzolman’s, ont été utilisés par les nazis sur les détenus d’Auschwitz, ainsi qu’un guide du fabricant.

Selon la maison de vente aux enchères, ces outils font parties de l’un des trois lots encore existants. Ils sont les seuls à ne pas appartenir à un musée : les deux autres sont exposés au musée de la médecine militaire de Saint-Pétersbourg et au musée d’Auschwitz.

Aucune loi israélienne n’interdit la vente d’objets liés à la Shoah, et le fondement de l’injonction demeure encore flou.

L’annonce de la vente aux enchères cette semaine a suscité de vives critiques de la part des survivants de la Shoah et de groupes ainsi que responsables israéliens. Selon eux, les objets liés au génocide de plus de six millions de Juifs devraient être donnés à des musées et non échangés entre collectionneurs privés. Dani Dayan, président du mémorial israélien de la Shoah, Yad Vashem, a dénoncé mardi sur Twitter la vente et la « cupidité des marchands » de souvenirs de la Shoah et du nazisme. Dani Dayan a également mis en doute l’authenticité du lot de tampons.

L’attaché de presse du musée d’Auschwitz, Pawel Sawicki, a déclaré à Reuters que la vente de ces objets à un collectionneur privé méritait « protestation et condamnation » et que ce lot avait sa place dans un lieu qui « commémore les victimes de la Shoah et éduque sur la tragédie d’Auschwitz. »

Le patron de la maison de vente aux enchères, Meir Tzolman, qui affirme être le petit-fils de survivants de la Shoah, a déclaré dans une interview à la radio qu’il souhaitait s’assurer que le lot « tombe entre de bonnes mains » et « ne disparaisse pas des pages de l’histoire ». Il a également indiqué à Reuters que des dizaines d’acheteurs potentiels avaient manifesté leur intérêt pour faire don du lot à un musée de la Shoah.

Auschwitz était le seul camp de concentration où les prisonniers étaient marqués à vie par un tatouage. Plus d’un million de personnes, dont une grande majorité de Juifs européens, ont été assassinées dans ce camp situé dans la Pologne occupée par les nazis entre 1940 et 1945.

 

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La vente, prévue le 9 novembre, a suscité l'indignation, en particulier auprès des autorités juives et des survivants de la Shoah qui la jugent "moralement inacceptable". L'Association juive européenne (EJA) a écrit au ministre de la justice, Gideon Saarc, pour lui demander d'empêcher une "humiliation faite aux victimes". On ne peut pas faire le commerce d’articles aussi sensibles, estime le rabbin Menahem Margolin, car cela encourage la vente et même la contrefaçon de souvenirs nazis. Il n'existe pas de loi en Israël qui réglemente ces pratiques.