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Publié le 18 Février 2025

Interview de Guy Birenbaum, co-scénariste du film « La Vie devant moi »

À l’occasion de la sortie du film La Vie devant moi, adaptation librement inspirée du témoignage de sa mère, Guy Birenbaum revient sur la genèse de ce projet cinématographique. Porté par une ambition de transmission et de mémoire, ce film s’appuie sur des archives historiques et une mise en scène immersive pour retracer une histoire familiale ancrée dans l’Histoire. Dans cet entretien, l’auteur et co-scénariste évoque les enjeux de l’adaptation, les choix artistiques et le message universel porté par cette œuvre. Le film sortira en salle le 26 février 2025.

Crédit photo : Céline Nieszawer ©Flammarion

 

Le Crif : Quelle est la genèse du film La Vie devant moi ?

Guy Birenbaum : En 2019, j’ai rencontré Nils Tavernier. Il a été très touché par le récit que je fais, dans mon livre (paru en 2015 aux Arènes) Vous m’avez manqué, des deux ans de réclusion de ma famille, entre la rafle du Vél d’Hiv et la Libération de Paris, dans la capitale. Je lui montre l’interview de ma mère réalisée par les équipes de Steven Spielberg. En 1994, en effet, Steven Spielberg a lancé une organisation à but non lucratif (Survivors of the Shoah Visual History Foundation), sa Fondation des archives de l'histoire audiovisuelle des survivants de la Shoah. Avec pour objectif de filmer les témoignages des survivants et autres témoins de la Shoah. Ce qui a permis la réalisation d’interviews en 32 langues, dans 56 pays. Grâce à Steven Spielberg, plus de 50 000 témoignages ont été recueillis dans le monde. En France, ces entretiens eurent lieu entre 1995 et 1999 ; ma mère (et mon père) ont été interviewés en 1997.

Après quelques rencontres, le producteur Yves Darondeau (« Bonne Pioche ») a lui aussi vu le témoignage vidéo de ma mère Tauba, dans la perspective d’un film. Il a décidé d’accompagner le projet. C’est ainsi que nous avons commencé écrire un séquencier : une centaine de séquences absolument toutes basées sur le témoignage précis et détaillé de Tauba/Thérèse, filmé en vidéo par l’équipe française de Spielberg.
Puis nous avons développé le projet en le fictionnant et écrit un scénario en compagnie de Laurent Bertoni. François Clerc et Apollo nous ont rejoints et le film s’est monté avec des partenaires (Canal+, la Région Ile de France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah…) et après un casting, il s’est tourné durant l’été 2023 (juillet/août) à Paris.

 

Le Crif : Quelle est la part réelle du film ?

Guy Birenbaum : Le film s’inspire librement, avec donc des parties romancées pour le cinéma, du témoignage de ma mère. C’est un film, une fiction, pas un documentaire historique. Mais nous avons tenu à inscrire, à ancrer cette histoire singulière et ses rebondissements, pour la plupart réels, dans l’Histoire en intégrant des images d’archive, à plusieurs reprises, dans son déroulé.

 

Le Crif : Comment s’est passée la rencontre avec les comédiens ?

Guy Birenbaum : Après le casting, j’ai eu la chance avec ma famille de rencontrer les acteurs principaux, Guillaume Gallienne de la Comédie Française, mon grand-père, Adeline d’Hermy, de la Comédie Française, ma grand-mère, Claude Mathieu, de la Comédie Française, mon arrière-grand-mère, Violette Guillon qui joue ma mère, Sandrine Bonnaire et Laurent Bateau qui incarnent la famille Dinanceau qui les a cachés. Nous leur avons montré à tous des photos des réels protagonistes de l’histoire ce qui les a énormément touchés et concernés.

 

Le Crif : Que retenez-vous du tournage ?

Guy Birenbaum : Si j’ai évidemment grandi avec la connaissance de cette histoire (surtout à partir du témoignage vidéo de ma mère, en 1997), la transformer en film a permis à toute la famille d’imaginer un peu mieux ce qu’avait pu être la vie éprouvante de Tauba, Rywka et Moshe pendant plus de deux ans. La reconstitution très exacte par une équipe de décorateurs incroyables de la pièce où ils restèrent 765 jours a probablement été le moment le plus troublant pour nous tous.
Je tiens aussi à insister sur la manière dont la mise en scène du huis-clos sert l’histoire. Le travail fait sur la lumière est tout à fait étonnant, comme l’importance accordée au son. S’il est évidemment frappant de voir sa famille représentée à l’écran, ce que je retiens et que je voudrais que le public retienne, c’est le profond message d’espoir et de fraternité du film.

 

Le Crif : Le livre que vous publiez, en même temps, est inspiré du film ?

Guy Birenbaum : Flammarion a souhaité qu’il reste une trace écrite. J’ai fidèlement suivi toute la continuité du film en expliquant bien en préambule qu’il s’agit d’une fiction librement inspirée d’une histoire vraie. Mais le récit est suivi de la retranscription intégrale du témoignage vidéo de ma mère qui a servi de base à tout le projet.

 

 

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