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Publié le 4 novembre dans La Provence
Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé des amendes allant de 300 à 800 euros contre quatre femmes et trois hommes, et relaxé un huitième prévenu, estimant que son tweet ne visait pas April Benayoum. En décembre 2020, au cours de la cérémonie des Miss retransmises sur TF1, April Benayoum, Miss Provence, avait expliqué que son goût pour la géographie était peut-être dû à ses origines. Sa mère est serbo-croate, son père israélo-italien, avait confié la jeune femme, sans se douter qu'elle allait déclencher dans la foulée un déferlement de messages de haine à son encontre sur Twitter.
La plupart des tweets à son encontre étaient sans ambiguïté. "Je vote contre la juive (...) Miss Provence est israélienne, cette chienne (...) Je boycotte Israël", avait lu la présidente de la 17e chambre lors de l'audience, le 22 septembre, en citant les tweets incriminés. A l'audience, les prévenus avaient tous admis avoir écrit des propos injurieux, mais aucun n'avait reconnu le caractère antisémite des messages publiés. Certains ont argué avoir émis un "jugement politique" ou agi au nom de la cause palestinienne.
Le tribunal a au contraire estimé que les propos tenus par les sept condamnés, "tant au regard de (leur) contenu que du contexte dans lequel ils ont été diffusés" exprimaient bien "un rejet de la personne en raison de ses origines" ou "de sa religion supposée" et visaient "directement la candidate, April Benayoum".
"Comprendre la portée"
Il a en revanche conclu que le huitième prévenu, Julien H., par son tweet évoquant "le mur des lamentations en direct sur Twitter (...) Les grands juifs de ce monde (...) tous en train de pleurer", ne visait "ni directement ni indirectement April Benayoum", mais le "fil de discussion dans lequel (il) s'inscrivait" sur le réseau social.
Les sept condamnés devront également verser 1 euro de dommages et intérêts à la jeune femme, ainsi qu'à plusieurs associations qui s'étaient constituées parties civiles, telles que la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), SOS Racisme, le Mrap ou la Ligue des droits de l'homme (LDH). Quatre des condamnés devront suivre un "stage de citoyenneté" de deux jours, selon la décision du tribunal, qui souligne la "difficulté" de certains à "comprendre la portée" de leurs propos.
"Les propos ont été pesés, appréciés au trébuchet par les juges pour voir si le délit était constitué: on ne peut que s'en féliciter", a commenté auprès de l'AFP Me Jean-Louis Lagarde, avocat du Mrap. "Quant aux peines, elles sont légères. L'important, c'est le côté didactique, exemplaire de cette décision, qui montre qu'on ne peut plus se cacher sur internet, sur Twitter", a ajouté l'avocat.
"Les demandes de Mme Benayoun étaient sur le plan pénal très modestes, considérant que la responsabilité était celle de Twitter, qui avait laissé pendant plusieurs jours les tweets visibles", a réagi pour sa part auprès de l'AFP Jean Veil, avocat de la première dauphine de Miss France 2021.
"Ma cliente considère que la responsabilité de cette affaire repose sur le laisser-aller de Twitter", contre lequel une autre procédure a été engagée, a-t-il ajouté.