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Publié le 5 février 2022 dans Le Parisien
Ils sont restés sans voix, très choqués et incrédules face à cette attaque antisémite d’un nouveau genre. Deux associations ont adressé une plainte au parquet de Strasbourg après l’irruption, dans une visioconférence sur les femmes rabbins, de personnes proférant des insultes antisémites, a-t-on appris samedi auprès d’un responsable associatif.
L’Association œcuménique Charles Péguy et la section strasbourgeoise d’Amitié judéo-chrétienne de France organisaient jeudi une visioconférence intitulée « Femmes, féminisme et judaïsme : des femmes rabbins ? » au cours de laquelle intervenaient Myriam et Émile Ackermann, élèves rabbins du courant juif orthodoxe moderne. Une soixantaine de personnes y participaient.
« Au bout de sept ou huit minutes de conférence, nous avons commencé à entendre des bruits de claviers, puis des images pornographiques ont été insérées, et des insultes antisémites, comme « un bon juif est un juif mort, la Shoah n’existe pas, ou encore on va chauffer les juifs au four », a déclaré Jacqueline Cuche, vice-présidente de l’Association œcuménique Charles Péguy, confirmant une information du journal La Croix.
Impossible de chasser ces pirates
« Ensuite, l’image a été remplacée par Z 2022 », a précisé Jacqueline Cuche, ce qui pourrait être une signature en référence à la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle. Ou des personnes voulant se faire passer pour des proches du candidat d’extrême droite.
« C’était vraiment horrible à voir, c’était extrêmement choquant », a ajouté la responsable associative. « Le président de l’association a essayé de chasser ces intervenants mais il n’a pas réussi et il a dû couper la visioconférence ». Les présidents des deux associations ont adressé une plainte au parquet de Strasbourg, avec la copie du déroulé de la visioconférence, selon Jacqueline Cuche. Sollicité, le parquet n’a pas précisé les suites apportées à cette plainte.
« Il s’agit d’une nouvelle forme d’antisémitisme numérique qui est inadmissible », a réagi le porte-parole du Consistoire israélite du Bas-Rhin, Thierry Roos, s’interrogeant sur « la sécurité de cette visioconférence » qui était « ouverte à tous ». « En 2022, chaque organisation juive sait qu’elle ne peut pas se permettre de rendre son lien Zoom public », a déploré sur Twitter Émile Ackermann.
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Pour rappel, en mai 2020, le Crif publiait un article au sujet des Zoombombing et de nos échanges avec la plateforme Zoom.
-> CRIF - ZOOMBOMBING : UN NOUVEL OUTIL DE SIGNALEMENT EST DISPONIBLE