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Publié le 26 mai dans Le Parisien
À la barre, ils étaient tous les cinq « fils de bonne famille », étudiants — Sciences-po, écoles d’ingénieur, de commerce, BTS, faculté de droit — jugés pour avoir appelé à la haine à l’encontre de la communauté asiatique sur le réseau social Twitter. Quatre d’entre eux ont été condamnés mercredi à un stage de citoyenneté de deux jours par le tribunal correctionnel de Paris. Le cinquième prévenu a été relaxé.
Les tweets incriminés, terriblement injurieux, visaient la communauté chinoise accusée d’avoir un lien avec le coronavirus. « J’appelle tous les renois et rebeus de France à agresser chaque Chinois qu’ils croiseront dans la rue.»
Les jeunes gens condamnés, âgés de 19 à 25 ans, ont été reconnus coupables du « délit de provocation publique, non suivi d’effet, à commettre un délit d’atteinte volontaire à l’intégrité de la personne à raison de son origine ». Ils doivent aussi payer une somme de 250 euros à chacune des sept parties civiles et jusqu’à 1 000 euros en dommage et intérêt. Aucun des prévenus n’avait d’antécédents judiciaires.
Des peines qui « peuvent encourager certains à recommencer »
« C’est la première fois que des personnes sont condamnées à l’initiative du Pôle national de lutte contre la haine en ligne, fraîchement créé au sein du parquet de Paris », s’est félicité Me Soc Lam, avocat de l’Association des Jeunes chinois de France, partie civile dans ce procès, en notant cependant qu’il s’agissait « de peines extrêmement symboliques et légères ».
« Elles peuvent encourager certains à recommencer », a-t-il déploré tout en soulignant que ce procès avait donné « un signal ». Ceux qui seraient tentés d’imiter les jeunes gens condamnés risquent de se retrouver au tribunal, a-t-il dit.
Une enquête réclamée par le parquet a permis de lever l’anonymat de plusieurs comptes ayant publié des propos haineux dont celui des cinq prévenus. Quatre autres personnes, mineures au moment des faits, devront comparaître ultérieurement devant un tribunal adapté à leur âge.
L’affaire avait commencé le 28 octobre 2020, alors que le président Emmanuel Macron annonçait un deuxième confinement. Des messages de haine à l’encontre « des Chinois » et de la communauté asiatique en général s’étaient répandus sur Twitter.