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Publié 5 juillet dans Le Figaro
Dieudonné M'Bala M'Bala, 55 ans, est poursuivi par la justice genevoise pour «discrimination raciale» pour des propos qu'il aurait tenus sur «les chambres à gaz» entre le 4 et le 6 janvier 2019, au théâtre de Marens à Nyon, et le 28 et 29 juin 2019, au Centre d'Animation Cinématographique CAC Voltaire à Genève. Il est également poursuivi pour «injure» à l'égard de la Coordination intercommunautaire suisse contre l'antisémitisme et la diffamation (Cicad), pour des propos tenus à l'égard de cette association à but non lucratif lors de la représentation du 28 juin 2019. Dieudonné est aussi accusé de «diffamation» pour des propos tenus le 22 novembre 2019 concernant le secrétaire général de la Cicad, Johanne Gurfinkiel, lors d'une interview donnée sur une chaîne YouTube à Genève.
A l'issue de la journée d'audience, à laquelle Dieudonné a répondu aux questions du tribunal, le procureur Stéphane Grodecki, a réclamé une condamnation «à 180 jours amende, à 200 francs suisses le jour, sans sursis», à savoir 36.000 CHF. Il a également demandé qu'il soit condamné à payer les frais liés au procès. Le procureur l'a accusé d'avoir «minimisé la Shoah en niant que les chambres ont existé» et d'avoir ainsi enfreint l'article 261 bis «Discrimination et incitation à la haine» du Code pénal, faisant valoir que les «ingérences dans la liberté d'expression» ne sont pas interdites sous certaines conditions, dont l'intérêt public.
«Ce procès est celui de l'antisémitisme, pas de la liberté d'expression», a soutenu Me Philippe Grumbach, avocat de la Cicad. Ce à quoi lui a rétorqué Me Pascal Junod, défenseur de Dieudonné: «On fait le procès du rire, on fait le procès de l'humour».
«Etonné» de se retrouver devant le tribunal genevois
Dieudonné était arrivé en matinée souriant et apparemment détendu à son procès, portant des lunettes de soleil, des chaussures de sport et une longue tunique bleue frappée d'un écusson vert reproduisant la forme du continent africain. Interrogé sur ces propos négationnistes par la présidente du tribunal, il a expliqué qu'il «ne nie absolument pas l'existence des chambres à gaz, qui ont certainement été minorées par l'horreur de cette guerre».
Il a souligné que c'est l'un des personnages du spectacle qui prononce la phrase visée par l'acte d'accusation, et que cette phrase avait été écrite par le co-auteur du spectacle. Il s'est également dit «réellement étonné» de se retrouver devant le tribunal genevois, en ironisant sur le fait que c'est la première fois que l'un de ses personnages est jugé.
Dieudonné a été condamné en France à de nombreuses reprises pour injures raciales ou incitation à la haine. Vendredi, il a été condamné dans trois affaires distinctes à quatre mois de prison et à deux amendes de 10.000 et 5000 euros, déclaré coupable d'«injure publique» et de «provocation à la haine». Il a aussi été condamné en appel fin mai à trois ans d'emprisonnement, dont deux ferme, et 200.000 euros d'amende, pour avoir notamment détourné plus d'un million d'euros de recettes non comptabilisées de ses spectacles.
Interrogé sur ces nombreuses condamnations, il a lancé lundi aux journalistes à Genève : «Mandela a été condamné, et il a été président. Peut-être que je serai président».