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Publié le 4 Septembre 2023

Crif - Édito du Président du Crif : « Les livres, le miel et la rentrée des classes »

À l'occasion de la rentrée des classes, le Président du Crif livre son regard sur l'actualité de cet été et sur l'année à venir.

De toutes les traditions juives, il en est une dont j’aime me souvenir chaque année le jour de la rentrée des classes : déjà rapportée au XIVème siècle par Aaron ben Jacob de Lunel, dans le Sud de la France, cette tradition, présente dans l’héritage ashkénaze comme séfarade, invite les professeurs à déposer délicatement une goutte de miel sur le premier alphabet et les livres des enfants intégrant l’école talmudique pour leur donner goût à l’apprentissage et illustrer la douceur de l’éducation.

La douceur de l’éducation… Voilà une ambition bien lointaine pour la France d’aujourd’hui où la rentrée des classes s’effectue dans un contexte politique et social tendu.

Les propos de Jean-Luc Mélenchon accusant le Crif d’être d’extrême droite en juillet, les invitations du rappeur Médine aux universités d’été d’Europe Écologie les Verts (EELV) et de La France Insoumise (LFI), le discours demandant de dénaturaliser les Juifs français prononcé lors des Universités d’été de Civitas début août, les diatribes des pourfendeurs de la laïcité galvanisés par le débat autour de l’interdiction de l’abaya et du qamis il y a quelques jours… : les polémiques de l’été témoignent du risque qui guette, celui de la prime à la radicalité, c’est-à-dire de l’outrance et de la caricature érigées en stratégie politique.

Ces polémiques sont l’occasion pour le Crif de rappeler quelques principes : non, la laïcité n’est pas une loi liberticide. Elle a toujours été et reste pour les Juifs comme pour tous, une loi de protection, d’équilibre et de liberté. Oui, l’interdiction des abayas et qamis à l’école publique s’inscrit logiquement dans le périmètre d’application de la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, que le Crif avait alors soutenue.

Oui, inviter Médine, qui s’est compromis avec la quenelle de Dieudonné ou s’est affiché avec Tariq Ramadan ou l’imam Iquioussen, et maintenir cette invitation après son tweet aux relents antisémites sur Rachel Khan est une faute morale et politique.

Comme toujours, les questions liées aux Juifs et à l’antisémitisme sont un marqueur politique qui ne ment pas. L’année qui s’ouvre, marquée par la perspective des élections européennes, ne manquera pas de nous le rappeler.

En ce jour de rentrée des classes, quelques jours après une rentrée politique elle aussi mouvementée, souhaitons-nous collectivement d’être capables de mettre cette année une goutte de miel dans le débat public.

Bonne rentrée à tous,

 

Yonathan Arfi, Président du Crif

 

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