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Publié le 12 Janvier 2023

Crif - Déplacement du Président du Crif à Bordeaux

Yonathan Arfi s’est rendu à Bordeaux et dans sa région pour deux journées très riches, les 10 et 11 janvier 2023. Il a eu l’occasion d’y rencontrer des élus locaux et des acteurs du territoire, mais également de rendre hommage aux victimes juives de la région.

Pour aller à la rencontre des acteurs du territoire bordelais, le Président du Crif était accompagné de Serge Dahan, vice-Président du Crif et Président du B’nai B’rith Europe, d'Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, et de Véronique Harari, Directrice des Amis du Crif. 

Son déplacement a débuté, le mardi 10 janvier 2023, par une rencontre avec Madame Fabienne Buccio, Préfète du département de la Gironde, et Préfète de la région Nouvelle-Aquitaine à l’Hôtel de la préfecture. Lors de cet échange, de nombreux sujets ont été abordés : situation de la communauté juive sur le territoire, atteintes à la laïcité relevées, etc. Les échanges se sont également concentrés sur la question des nouvelles formes, des formes dites contemporaires, de l’antisémitisme. Yonathan Arfi a notamment rappelé que le rôle essentiel de la laïcité, ─ qui protège les Juifs ─, était plus globalement d’être garante de l’égalité et de la liberté religieuse. 

S’en est suivi un échange avec Alain Rousset, Président de la région Nouvelle-Aquitaine, axé notamment sur la question des inégalités sociales et de leurs impacts notamment idéologiques. Le Président de la région Nouvelle-Aquitaine a également évoqué la question du climat dans les lycées ; il a indiqué former les enseignants du territoire à la laïcité et avoir organisé une journée en hommage à Samuel Paty dans les établissements de la région.

Avant son départ pour Libourne en milieu d’après-midi, le Président du Crif a eu l’occasion d’échanger avec Jean-Luc Gleyze, Président du Conseil départemental de la Gironde. Jean-Luc Gleyze a présenté les enjeux actuels d’un territoire en mutation. La Gironde attire plus de 20 000 habitants par an, créant ainsi un réel brassage aussi bien social que culturel, faisant de cette région un territoire très contrasté. Il a indiqué faire de la jeunesse sa grande cause départementale, pour lutter notamment contre le repli identitaire. Le Président du Conseil départemental a rappelé combien les représentants de la République souffraient ces dernières années d’un climat de tension et d’une grande hostilité émanant de la société civile (agressions d’élus, incivilités contre les pompiers…). 

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Pour conclure cette première journée, le Président du Crif a rendu hommage aux juifs victimes de la Shoah. 

Yonathan Arfi s’est tout d’abord rendu à Libourne pour la cérémonie de commémoration de la rafle du 10 janvier 1944 de Libourne. Il y a 76 ans, 16 juifs de Libourne ont été arrêtés et enfermés dans la prison de la ville. Le Président du Crif a participé à cette commémoration aux côtés de Josette Melinon, survivante de la Rafle de Libourne et Présidente de l’association « Souvenir de Myriam Errera » et de Philippe Buisson, Maire de la ville de Libourne. 

La cérémonie s’est tenue devant l’école Myriam Errera, du nom de la cousine de Josette Melinon, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkenau. Dans la cour de l’école, aux côtés des élèves, Yonathan Arfi a notamment rappeler dans son discours que « faire face à l’Histoire de la Shoah, c’est accepter une responsabilité : celle de devenir soi-même un témoin du présent, un maillon de la chaîne de transmission, trait d’union entre les générations passées et futures. Cette responsabilité ne diminue pas avec les années : au contraire ». Il a conclu son discours par la référence au décret pour l’émancipation des Juifs de France de 1791, note d’espoir qu’il est important, voire essentiel de rappeler, car « l’Histoire des Juifs de France n’est pas qu’une longue succession de drames, mais peut aussi être porteuse d’espoir et d’optimisme ». 

Yonathan Arfi s’est ensuite rendu à Bordeaux où il a participé à la cérémonie de commémoration de la rafle du 10 janvier 1944 organisée par Erick Aouizerate, Président du Consistoire de Bordeaux. La cérémonie s’est déroulée dans la grande synagogue de Bordeaux où un hommage a été rendu aux 335 juifs victimes de la rafle. Le Président du Crif a rappelé combien l’Histoire collective était intrinsèquement liée à des destins individuels, relatant ainsi l’histoire de Boris Cyrulnik, présent lors de la cérémonie, qui a échappé à l’âge de 6 ans à ce destin funeste qui lui était promis par son évasion. « Un miracle qui nous rappelle que la réalité a parfois la force de dépasser la fiction. » Yonathan Arfi a conclu son discours sur la nécessité de rester vigilant face à un antisémitisme qui « se renouvelle sans cesse en se parant des habits de notre temps ». Boris Cyrulnik a ensuite pris la parole pour raconter son évasion alors qu’il était parqué avec sa mère dans la synagogue de Bordeaux, devenue un lieu de détention pour les Juifs. Il n’y a que 3 marches pour entrer dans la synagogue alors même que dans ses souvenirs il semblait y en avoir une vingtaine… tant du haut de ses 6 ans, les marches lui paraissaient hautes. 

La matinée du mercredi 11 janvier a débuté aux côtés de Pierre Humic, Maire de Bordeaux qui a reçu le Président du Crif pour un échange très riche, abordant aussi bien les questions nationales qu’internationales sur les plans politiques et géopolitiques. Le Maire a remis, le jour même, la médaille de la ville de Bordeaux à Boris Cyrulnik. 

Le déplacement du Président du Crif et de sa délégation s’est poursuivi et conclu par un rendez-vous avec Nathalie Roret, Directrice de l’École nationale de la Magistrature (ENM). Nathalie Roret a présenté à Yonathan Arfi ses projets et notamment sa volonté de réaffirmer les valeurs de la magistrature, en replaçant le magistrat au cœur de la cité. Elle a abordé la question de l’affaire Sarah Halimi et des traces que cette affaire avait laissé… indiquant que l’École nationale de la magistrature pourrait organiser à l’avenir des formations spécifiques sur les questions d’antisémitisme, en incluant ses formes contemporaires.

L’ensemble de ces rencontres avec les différents acteurs et élus locaux, de l’ensemble des échelons locaux, de la région bordelaise a démontré le fort intérêt porté à la situation des Juifs de France, et plus spécifiquement des Juifs ancrés sur leur territoire. Tous sont conscients de la nécessité de faire face aux idées complotistes qui émergent dans la société civile mais également dans certains partis politiques, faisant de la question antisémite une question aux enjeux parfois nouveaux, et contemporains.

 

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