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Publié le 23 Octobre 2023

Commission du Crif - La Commission Relations avec les élus a reçu Pierre Henriet, député de Vendée et Président de la Fraternelle des parlementaires

La Commission Relations avec les Élus, dont le Président est Bernard Gahnassia, a reçu le 13 septembre dernier, Pierre Henriet, député de Vendée et Président de la Fraternelle des parlementaires.

Pierre Henriet commence son propos en remerciant la Commission de le recevoir, et remercie également son collègue Marc Siffert Sirvent, conseiller municipal au Plessis-Robinson de sa présence.

« La Fraternelle Parlementaire dont je suis le Président, regroupe 250 sympathisants, dont environ 50 parlementaires de plusieurs origines politiques.

Je suis très vigilant sur les demandes d’adhésion concernant les parlementaires des bancs de l’extrême droite et de l’extrême gauche dont l’engagement n’est pas compatible à celui d’un franc-maçon. Notre rôle est de veiller à l’application des principes républicains universalistes, en particulier la laïcité, et faire corps avec un certain nombre d’avancées sociétales, par exemple le droit de mourir dans la dignité.

De plus, j’ai l’honneur d’être Président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), une commission parlementaire bicamérale (entre sénateurs et députés) où nous abordons les enjeux liés à la science et aux nouvelles technologies. Les membres de cet office sont principalement des parlementaires issus du monde scientifique et de l’enseignement scientifique. »

« Je pense qu’actuellement, le monde politique ne mesure pas assez l’importance de la méthode et de la culture scientifique, ceci étant dû au peu de place accordée à la science dans les formations politiques. Pourtant le monde qui nous entoure est rempli de sciences et de technologies dont on ne mesure pas suffisamment les conséquences politiques. L’intelligence artificielle, par exemple, doit être encadrée dans ses pratiques et dans les futurs usages, car elle questionne la place de l’homme dans la société. »

« Je suis actuellement membre du parti Horizons et apparenté au groupe Renaissance. Avant d’être député, j’étais élu local sur ma terre natale vendéenne, issu du même territoire que Georges Clémenceau. J’ai baigné dans la culture de la politique locale, « là où l’on sert son territoire avant tout, et avant toute considération partisane. »

« À l’Assemblée nationale, je n’exclue pas de dénoncer le comportement des parlementaires qui ne sont pas dignes. Il m’est arrivé d’avoir une altercation avec Mathilde Panot (LFI), loin d’une intention sexiste, j’ai voulu dénoncer son comportement irrespectueux.  D’ailleurs elle se radicalise de plus en plus, enchaîne les propos antisémites ainsi que les soutiens à des militants antisémites ; c’est la marque d’une dérive extrémiste de LFI. »

« Avant d’être parlementaire, j’étais enseignant et je réalisais des recherches en épistémologie, l’étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée en s’appuyant sur la philosophie et l’histoire. »

Une question très importante est posée à notre invité, concernant le fait que les enfants juifs ne vont plus dans les écoles de la République, mais dans des écoles privées. On a laissé entrer dans les écoles la religion, la politique et l’Éducation nationale n’a pas fait son travail.

« Je connais bien ce phénomène, la Vendée est le département où les élèves se tournent le plus vers l’enseignement privé sous contrat, environ 55 % des élèves vendéens. Par manque de courage politique, nous avons oublié de recentrer les débats sur le fondement même de l’école républicaine qui est d’abord d’instruire, bien évidemment, mais aussi de former l’esprit républicain. Dans certains départements comme le 93, le gouvernement dédouble les classes dans les zones prioritaires, c’est une bonne chose mais il faut surtout s’attaquer au fondamentalisme qui infuse les écoles. Mais ce n’est pas le rôle de l’Éducation nationale qui a déjà beaucoup à faire pour appliquer les programmes scolaires. La mission de l’enseignant est devenue depuis que les politiques ont fait rentrer des problématiques familiales et les problématiques sociétales dans l’école. On a ainsi connu une déresponsabilisation de certains parents et l’affaiblissement de l’autorité de l’enseignant. Ce dernier ne peut résoudre tous les maux de la société et tous les paradoxes des politiques. Nous sommes trop frileux sur la politique sécuritaire, cette responsabilité est celle du Ministère de l’Intérieur donc ça ne me choque pas que les forces de l’ordre participent à l’ordre public dans les établissements scolaires, de manière proportionnée bien sûr, en particulier dans les quartiers sensibles. »  

Certains commissaires présents pensent que le communautarisme est entré dans les écoles par les cantines scolaires, et également par les vêtements. Et concernant l’antisémitisme actuel c’est un phénomène important qui vise la population juive, et qui concentre des actes antireligieux. Quelle est votre position à l’international, à quelques heures de la bombe iranienne ?

« Ma première interrogation porte sur la maîtrise technologique du nucléaire civil et du nucléaire militaire ; l’Iran a souvent su contourner les accords internationaux. La France doit donc demander aux Nations Unies les garanties plus strictes en matière de sûreté nucléaire. »

Considérez-vous que le texte de loi concernant la délégitimisation de l’État d’Israël soit suffisant ?

« Il y a un glissement sémantique entre la haine d’Israël et l’antisémitisme, nous en sommes conscients. Nous devons surtout exiger des moyens humains suffisants pour faire face à ce déferlement de haine sur les réseaux sociaux. La modération est aujourd’hui insuffisante. Il faut s’armer de moyens humains et d’une meilleure compréhension des moyens technologiques utilisés par les géants numériques. »

 L’insécurité en ligne est présente, et dans l’éducation c’est le harcèlement scolaire, et il y a un sentiment d’impunité. Il y a un décalage entre les sanctions et les actes, ceci crée des violences importantes, et il n’y a aucune réponse politique.

« Les réponses politiques sont souvent faibles, je vous l’accorde. Mais que dire des réponses judiciaires et administratives ! Je ne reviendrais pas sur l’impunité suite au saccage des réserves d’eau à Sainte Soline, pourtant le député rural que je suis en aurait à redire sur les attaques faites au monde agricole en ce moment. Le décalage entre l’exigence des citoyens d’une justice ferme et le laxisme de la Justice m’inquiète fortement. Je n’ai pas l’impression qu’un sursaut vienne spontanément de la magistrature pourtant il faut veiller à l’insécurité tout autant qu’au sentiment d’insécurité et d’impunité. Nous sommes dans un tournant de la civilisation occidentale. Nous avons la chance d’être dans un pays qui a un héritage universaliste, mais qui attend trop souvent tout de l’État. Ce socle doit être consolidé dans l’action politique comme dans tous les champs de l’action publique mais il demande la participation de tous. Je suis heureux que la Commission y soit sensible. »

 

Propos recueillis par Anne Brandy, Secrétaire de la Commission Relations avec les Élus