Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Blog du Crif - Ukraine : un combat au miroir de l'histoire juive

02 Mars 2022 | 564 vue(s)
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Actualité

Dans le cadre du match de foot qui doit opposer le RC Strasbourg au Maccabi Haïfa FC, le Préfet de la Région Grand-Est a publié ce matin un arrêté inquiétant et profondément dérangeant. Je me suis entretenu avec le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l'Intérieur, et avec le Directeur de Cabinet du Préfet du Bas-Rhin. Un nouvel arrêté devrait être publié, supprimant notamment l'interdiction des drapeaux nationaux et des signes de soutien aux deux équipes.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

Dans cette éditorial, je m'exprime sur la décision du parquet de Paris de s'opposer à l'incarcération d'Alain Soral. Une décision que je juge inacceptable.

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Opinion

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires ! 

Texte de Richard Prasquier, ancien président du Crif, également publié dans l'hébdomadaire Actualité Juive.

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

 

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Le bombardement du site de Babi Yar, à Kiev, hier par les forces russes, lieu du massacre en 1941 de 33 000 Juifs par les Nazis et leurs collaborateurs, a rappelé aux Juifs où qu'ils vivent, que le combat en cours du peuple ukrainien pour sa liberté a une résonance particulière dans l'histoire et la mémoire juives.

Car la cause de l'Ukraine n'est aujourd'hui pas uniquement celle des Ukrainiens. Elle est celle de tous ceux qui savent le prix de la liberté.

Les pays d'Europe centrale et orientale, d'abord. Pays baltes, Pologne, Hongrie, Roumanie... savent parfaitement ce que représente la vassalisation à une puissance étrangère. L'état démocratique de ces sociétés est inégal mais, pour toutes, un retour sous l'influence de Moscou, représenterait une régression insupportable.

L'Europe de l'Ouest et les Etats-Unis, ensuite. La guerre déclarée par Poutine a mis soudainement fin à l'insouciance de nos sociétés occidentales libérales. C'est la "fin de la fin de la guerre froide" et elle nous impose un réarmement moral et matériel.

Pour les Juifs, enfin. Qu'ils vivent en Ukraine ou à l'autre bout du monde, le drame qui se joue sous nos yeux renvoie symboliquement à 3 moments de l'histoire juive, proches ou lointains :

1. Le combat de l'Etat d'Israël pour sa survie : comme Poutine qui considère que l'Ukraine n'a pas de légitimité à exister en tant qu'Etat indépendant, les voisins d'Israël, mieux équipés et belliqueux, refusèrent de reconnaître le droit à l'existence de l'Etat d'Israël et entreprirent de le conquérir par les armes. Le déséquilibre des forces en présence comme la détermination des Ukrainiens face à l'envahisseur rappellent les premiers combats d'Israël pour sa survie.

2. La résistance des Maccabées contre l'envahisseur grec : comme pour l'Ukraine face à l'armée russe, cette résistance ajoute à la dimension militaire, une résistance culturelle et identitaire. Dans la campagne militaire de Poutine, l'objectif est avant tout de soumettre les Ukrainiens à l'ordre politique et culturel russe. Nous, Juifs, connaissons le prix de l'insoumission.

3. Le combat pour la liberté des Juifs d'URSS, enfin : nous, Juifs, gardons la mémoire du poids du système totalitaire soviétique dont la Russie de Poutine est l'héritière. Ce souvenir nous interdit de rester indifférents face à la menace que d'autres y soient à nouveau soumis.

Les comparaisons ont bien entendu leurs limites mais elles doivent maintenir en alerte notre capacité d'indignation.

Que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, soit actuellement, à ma connaissance, le seul chef d'Etat juif en diaspora ajoute bien-sûr à ces analogies. Que ce soit en Ukraine, pays marqué par une longue tradition antisémite, que le peuple se choisisse un dirigeant juif pour son combat pour la liberté est en soi une revanche de l'Histoire. Que l'ennemi public numéro 1 d'un dictateur, quel qu'il soit, soit le descendant d'un rescapé de la Shoah, voilà qui ajoute encore au symbole.

Dans ce combat, pèse sur le judaïsme français la responsabilité de première communauté juive européenne : notre mobilisation doit être à la hauteur des valeurs dont nous sommes héritiers. Les grandes voix juives qui se sont exprimées en France depuis le début de cette crise témoignent de cette conscience.

C'est cette conscience qui nous impose de nous tenir aux côtés des Ukrainiens dans leur combat pour la liberté.

 

Yonathan Arfi, Vice-président du Crif