"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers
"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers
A lire en écoutant Smalltown Boy, des Bronski Beat ou Shame Shame Shame, de Linda & The Funky Boys
1984, Gay Pride de Londres.
Entre deux larges banderoles aux slogans mi-pop mi-politiques, Joe, alias Bromley, cherche sa place. Rapidement pris sous l’aile rassurante de Mark et sa bande, il intègre ce qui deviendra le mouvement « Lesbiennes et gays en soutien aux mineurs », LGSM.
Dans un Royaume-Uni miné par la politique d’austérité de Margaret Thatcher et qui vit au rythme des piquets de grèves des mineurs, une petite révolution va voir le jour.
Les membres de LGSM, régulièrement persécutés par la police, la presse et le gouvernement conservateur du fait de leur homosexualité se reconnaissent dans le combat des mineurs contre l’oppression.
Ils décident alors d’exprimer une solidarité nouvelle, en récoltant de l’argent pour les mineurs d’un petit village du Pays de Galles.
Pride raconte cette rencontre inattendue entre deux mondes en lutte, que tout semble opposer mais que le combat rapproche. Des mineurs extrêmement hostiles à l’homosexualité, parfois en proie à la peur liée à la récente épidémie du SIDA, vont reconnaitre en Mark, Joe, Steph et les autres, des compagnons de mobilisation.
« Dans une lutte dans laquelle on se croyait seul, quand on trouve un ami là où on ne pensait pas le trouver, ça change tout » balance Dai, le leader du Syndicat national des mineurs du village, sur la scène d’un bar gay du cœur de Londres, comme s’il avait attendu toute sa vie pour dire ça.
Sur une bande originale composée de tubes des années 1980, on se laisse embarquer dans ce feel good movie. Mais mon cœur de militante s’est aussi emballé devant l’expression de ce besoin presque viscéral de trouver des alliés dans le combat.
Engagée contre l’antisémitisme depuis toujours, militante au Crif depuis 5 ans, je cherche encore parfois mes frères et mes sœurs de combat. Sont-ils dans les manifestations contre le racisme ? Dans des rassemblements pour la justice sociale ? Ou dans des groupes de soutien aux minorités en France ?
Je ne les entends pas parler pour ma cause, quand je crie à ne plus avoir de voix pour la leur.
La lutte contre les discriminations, ce n’est pas à la carte.
Illana Weizmann* l’a dit d’une bien meilleure manière, mais, pour faire court, les Juifs sont aujourd’hui délaissés par les militants antiracistes de gauche. Pourtant, la lutte est la même : celle contre l’oppression des minorités.
Noir.e.s, arabes, gays, lesbiennes, queer, musulman.e.s, juif.ve.s, et autres : nous sommes discriminés pour ce que nous sommes.
Si des gays ont pu franchir un piquet de grève en 1985, et inclure les droits des homosexuel.le.s au sein du Parti travailliste britannique…
Si des mineurs ont pu marcher pendant la Gay Pride de 1985 à Londres…
Alors les minorités d’aujourd’hui devraient pouvoir faire un pas les unes vers les autres et fouler ensemble les pavés le temps d’une mobilisation.
Ce qui importe, ce n’est pas la banderole qu’on porte. Ce qui importe, c’est qu’on marche tous ensemble. Et ce n’est pas Bromley qui dira le contraire…
Pride, un film de Matthew Warchus (2014), basé sur une histoire vraie.
Avec Bill Nighy, Andrew Scott, George MacKay, Ben Schnetzer, Dominic West
A voir absolument sur Arte.tv jusqu’au 9 novembre.
*Des blancs comme les autres ? Les Juifs, angle mort de l'antiracisme - Stock (2022)