Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Les anti-pass sanitaires: tout est-il soluble dans l’antisémitisme?

09 Septembre 2021 | 153 vue(s)
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Actualité

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

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Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

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A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

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Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

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Les femmes, Daech et le Djihad
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19 Novembre 2015
Catégorie : Actualité

« Une femme retranchée dans l’appartement, qui a activé son gilet explosif au début de l’assaut, est morte »

Vendredi soir en l'espace de moins d'une heure, la France a connu le plus grave attentat jamais perpétré sur son territoire. En l’espace d’une trentaine de minutes, des terroristes ont attaqué la capitale à 7 endroits avec une minutie et une détermination macabres. 129 morts, 350 blessés dont 100 dans un état très grave. Les chiffres donnent le tournis. Moins de 48 heures après cette nuit d’horreur, n’en déplaise à certains, il est juste le temps de pleurer.

Des visages sur nos morts
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14 Novembre 2015
Catégorie : Actualité

Les réseaux sociaux se sont mobilisés pour retrouver les personnes portées disparues, ceux dont nous n’avions pas de nouvelles. Les Amis, les familles, les anonymes partagent descriptions, photos et espoir.

Portrait de Virginie Guedj-Bellaïche
#JeNaiPasPeur
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14 Octobre 2015
Catégorie : Actualité

8H30. Au moment où les employés de la mairie qui font la circulation rangent leurs gilets jaunes, dans les classes, les écoliers ouvrent livres et cahiers. Alors que les hommes sortent de l’office du matin, croisant ceux qui distribuent l’édition du jour du quotidien Israël Hayom, les lycéens patientent à l’arrêt de bus, smartphone en main. Si le rideau de fer des boutiques est encore fermé pour une demi-heure, le cafetier lui prépare déjà son 17e café afour. Voilà à quoi ressemble la vie matinale à Raanana, petite ville près de Tel-Aviv. Et puis hier, mardi, tout a basculé.

Je suis Israélien, je suis Charlie
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13 Octobre 2015
Catégorie : Actualité

Il est temps d'affirmer haut et fort que les islamistes veulent tuer des juifs !

Réaction suite à la nomination de l'Arabie Saoudite au Conseil des Droits de L'Homme.

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Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Pages

Les manifestations contre le pass sanitaire nous déroulent un florilège de slogans dont la forme cryptique (« Qui? ») ne masque guère l’intention antisémite. Dilemme cornélien: comment être suffisamment clair pour être compris du plus grand nombre  et en même temps suffisamment ambigu pour plaider l’innocence devant les tribunaux? En France en 2021 nous ne sommes plus au bon temps où dessiner un nez crochu faisait l’affaire, mais Soral et Dieudonné ont formé  des disciples et les initiés de la complosphère savent que le point d’interrogation ne vise pas à poser une question, mais à fournir une réponse.

Au demeurant, rien de nouveau sous le soleil, les Protocoles des Sages de Sion fournissent le cadre à l’intérieur duquel sont révélés les méfaits des Juifs, valeur sûre depuis des siècles, accompagnés de leurs partenaires pour l’épisode actuel de ce très ancien et souvent dramatique  soap opera: les capitalistes, le Big Pharma, Emmanuel Macron et Bill Gates….Bien sûr, un virus, c’est un bon sujet, mais depuis le temps, on se languissait, la peste Noire et l’empoisonnement des puits avaient fait recette, mais c’était il y a sept siècles, et récemment la révélation de la fabrication du SIDA par les Juifs n’avait pas eu le succès escompté, malgré les honorables efforts de Mme Arafat et de quelques uns de ses amis.

Ces pancartes qui suent la haine et le négationnisme  restent très minoritaires et n’autorisent pas à incriminer en masse les anti-pass sanitaires. Mais qui peut nier une corrélation entre l’inclination à expliquer les malheurs  par l’intervention d’acteurs occultes malveillants et la perméabilité aux slogans antisémites?

Mais qu’en est-il de ces autres pancartes, brandies comme des métaphores du mal, avec des étoiles jaunes, des pass « nazitaires », des croix gammées faites de seringues entrecroisées? Elles ont été reçues comme des gifles par ceux qui en connaissaient la signification. Pour autant, étaient-elles antisémites?

Non. Et c’est peut-être plus grave.Les trois violences auxquelles les militants du travail de mémoire se sont successivement confrontés ont été l’indifférence, le négationnisme et l’amalgame. Les deux premières ont été surmontées. Sommes-nous en train de céder à  la troisième?

Assimiler des restrictions imposées par la lutte contre la contamination avec l’extermination d’une population implique en même temps de méconnaître l’horreur de la seconde et de survaloriser les désagréments des premières, si grande est la distance entre ces deux faits.

Certains pensent que l’enseignement de la Shoah a failli en privilégiant le devoir de mémoire et donc  la mise en exergue de la victime aux dépens de l’explication politico-historique  du projet nazi . Celui-ci, qui visait à anéantir un groupe humain jusqu’au dernier de ses membres, n’est comparable à aucun autre crime, mais une victime est comparable à une autre victime. Amalgamer  tous les types de victimes conduit à se voir soi-même comme victime et amalgamer tous les oppresseurs conduit à comparer Hitler et Macron.

Une telle confusion marque aussi l’exacerbation de l’attention à soi et  la violentisation d’un discours d’où les nuances sont bannies. Combattre le pass sanitaire car les nazis avaient exclu les Juifs des lieux publics, c’est comme prôner le tabac au motif que Hitler ne fumait pas. C’est la faute logique de la « reductio ad Hitlerum ».

Cet amalgame aurait-il été impossible si l’enseignement de la Shoah avait été moins moralisateur et plus politique? Je n’en suis pas sûr, aussi favorable que je sois à ce type d’exposition. 

Il n’y a pas d’histoire sans prise de position éthique et donc sans émotion. Parler des crimes nazis en ne s’attachant qu’à leur logique interne peut trouver des oreilles complaisantes, car d’autres morales que la nôtre obéissent à leur propre logique et malheureusement, elles ont plutôt le vent en poupe en ce moment.

Les survivants ont témoigné dans l’indifférence alors que tant de ceux qui savaient que 6 millions de Juifs avaient été assassinés  ne trouvaient pas là, même quand ils étaient des historiens réputés (Braudel), que cela vaille la peine qu’on s’y intéresse. Il a fallu le procès Eichmann pour qu’ils puissent parler et que le monde s’émeuve devant des histoires et des chiffres qui le laissaient indifférent jusqu’alors . L’histoire de la mémoire de la Shoah nous dit beaucoup de ce que nous sommes. La collecte mémorielle n’a pas nui, bien au contraire, à l’analyse historique. Les survivants avaient appris à ne pas prendre la place de l’historien, et ils lui ont fourni une épaisseur émotionnelle qui incrustait son récit.

La persistance de l’antisémitisme dépend de mécanismes répétitifs dont nous comprenons  le fonctionnement mais dont nous ne connaissons pas les contre-feux. L’enseignement de la Shoah ne suffit pas parce que le ressentiment, l’égocentrisme et l’attirance pour la causalité maléfique vont très loin dans la psyché humaine.

Si on ajoute à cela que le langage, antisémitisme ou pas, est en train de perdre sa fonction d’échange pour une fonction d’imprécation, la tâche est lourde pour les enseignants. Enseigner la Shoah, c’est aussi apprendre à penser mais penser, ce n’est pas refouler ses propres émotions, c’est en être conscient.

 

Richard Prasquier