Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - De Tokyo à Molenbeek: la fabrique du terroriste

04 Novembre 2021 | 106 vue(s)
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Actualité

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion
Portrait de Stéphanie Dassa
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 Janvier 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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« C’était un monstre, pas un musulman », pouvait-on lire sur le pont de Westminster après l’attaque terroriste qui  eut lieu en 2017. Voilà une belle phrase, une de celles qui rassurent et qui empêchent de penser.

C’est un réflexe pavlovien que de rejeter tout lien entre l’Islam et l’acte de terreur commis au nom de l’Islam. Mais c’est aussi une réaction de défense très inefficace que de rejeter dans la catégorie des monstres les auteurs d’actes qui nous font horreur. On connait les ressorts au fond très rationnels du terrorisme, en particulier sa dépendance avec ce que Margaret Thatcher appelait l’oxygène de la publicité. Mais il n’y pas de terrorisme sans terroristes. D’où vient le comportement des terroristes, en particulier les auteurs d’attentats suicides?

Evidemment la perspective des 72 vierges énamourées joue un rôle très important chez les islamistes. Le sceptique rejette le motif d’un haussement d’épaules, comme il rejette la fable du père Noël, mais il n’ose pas l’affronter en face, car  on lui a appris qu’il ne fallait pas critiquer les croyances d’autrui. Il y a aussi l’explication du terrorisme comme arme de la misère et du désespoir, explication qui se révèle toujours aussi fausse, mais qui continuera d’être mise en avant tant elle est psychologiquement confortable.

Après un mois passé à écouter les victimes, familles et survivants, la Cour d’Assises spéciale de Paris se penche sur la personnalité des accusés des attentats du Bataclan. Salah Abdeslam se décrit comme quelqu’un de gentil, qui n’a manqué de rien dans son enfance. Il a un diplôme d’électrotechnicien  et avait un travail. Et puis, un cambriolage, la prison, le licenciement et les petits boulots, mais en même temps l’alcool et les boites de nuit, jusqu’à ce que la religion donne enfin un sens à sa vie. Au début du procès, il avait demandé lui, le combattant de l’Etat islamique, si les victimes de la France en Syrie pourraient aussi prendre la parole et il s’était plaint d’être traité pire qu’un chien par la justice française. Salah Abdeslam, co-auteur de 130 assassinats, veut passer pour un héros et pour une victime. Il y a des gens qui lui décerneront ces qualificatifs. Ni lui, ni eux ne sont des fous.Ils ont leur logique. Nous savons aujourd’hui que c’est une logique très difficile à éradiquer, mais nous devons la combattre sans faiblesse.

À l’époque où on ne parlait pas encore de terroristes islamistes, mais déjà de terroristes palestiniens, je m’étais demandé ce qui avait poussé des japonais à venir faire un carnage sur l’aéroport de Lod. C’était le 30 mai 1972, 26 morts, dont 17 chrétiens portoricains en pèlerinage. C’était le premier des attentats -suicides de civils de l’histoire car les trois auteurs devaient se réserver la dernière de leurs balles. Paradoxalement l’un d’entre eux a survécu et la justice israélienne a refusé de lui donner la satisfaction de le condamner à mort, comme il le réclamait. Plus tard, il a été échangé et est devenu citoyen libanais: ce privilège rarissime pour un étranger, était dû à ses mérites exceptionnels….C’est  l’exemple de ces japonais que les Tigres tamouls ont imité et que les islamistes ont développé avec le succès que l’on sait. Le terme de kamikaze est resté, mais n’oublions pas que les cibles des kamikazes étaient militaires.

Le livre de Michaël Prazan, Souvenirs du rivage des morts, m’a éclairé, non seulement sur cet attentat, mais sur  d’autres qui ont lieu au cours de ces années 70  qu’on a appelées « les années de plomb ». Ce livre  où  l’exactitude historique ne nuit jamais à la qualité de l’intrigue, montre comme la puissante révolte des étudiants au Japon contre l’alliance entre leur pays et les Etats Unis a trouvé un exutoire dans les camps d’entrainement au Liban du FPLP, dont ils dépendaient financièrement. Ils n’avaient jamais entendu parler des Juifs ou d’Israël. Il s’agissait pour eux de défendre la révolution mondiale contre l’impérialisme. On leur a mis dans le crâne que les sionistes étaient la pointe avancée du complot impérialiste et que chaque touriste en Israël ,complice de fait  de ce complot, était  une cible légitime.

Pendant 20 ans, l’armée rouge japonaise, dirigée par une femme, a été une organisation terroriste particulièrement redoutée. D’où ses membres tiraient-ils leur impitoyable et suicidaire détermination? Pas de la religion, pas du charisme des chefs, pas même  de l’idéologie où la révolution mondiale se mélangeait parfois avec la nostalgie du Japon impérial, mais plutôt d’un ethos d’obéissance à tout prix, d’une volonté d’honorer ses engagements, d’un certain dédain de la vie et peut-être, comme l’a écrit Hannah Arendt, et cela lui a été reproché s’agissant de Eichmann, d’une anesthésie de la pensée.

Dans les camps d’entrainement palestiniens au Liban, les apprentis terroristes provenaient aussi d’autres pays, en particulier de l’Allemagne. Ceux-là n’avaient pas la nostalgie du Reich où leurs parents s’étaient compromis. Ils luttaient aussi contre l’impérialisme américain, ils étaient manipulés par les services de l’Allemagne de l’Est et se proclamaient antisionistes. Quand le 4 juillet 1976,  les terroristes allemands à Entebbe ont fait le tri entre les passagers juifs et ceux qui ne l’étaient pas, de rares militants comme Hans Joachim Klein, se sont retirés du combat antisioniste, ayant compris que s’il ne s’était pas agi de Juifs, la cause palestinienne n’aurait pas eu autant d’adeptes….

En France, les mouvements d’ultra-gauche de l’après-mai 1968 n’ont pas versé dans le terrorisme. On s’en félicite et on s’en étonne. Ce n’est que plus tard qu’est apparu  Action Directe, un mouvement terroriste dont les cibles étaient probablement suggérées par leur bailleur de fonds, l’Iran de Khomeini…

En se revendiquant combattant et victime, Abdeslam résume la logique du terroriste. C’est celle des Einsatzgruppen, ces unités de tueries mobiles que Michael Prazan, encore lui, a bien décrites. Ils tuaient les juifs  pour venger l’Allemagne des malheurs que les Juifs avaient fomentés contre elle, et l’assassinat des enfants n’était qu’une mesure prophylactique des malheurs que ceux-ci ne manqueraient pas de provoquer si on les laissait vivre.

Fût-ce au hasard de leur présence en un lieu et un moment donné, ceux que Abdeslam et ses émules assassinent ne peuvent pas être innocents…..

Richard Prasquier