Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Marche pour Mme Knoll : le Crif a fait son travail

02 Avril 2018 | 341 vue(s)
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France

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Actualité

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

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La marche du 28 mars en mémoire de Mme Knoll a été suivie de critiques acerbes visant le Crif qui en était l’organisateur. Le président de la France insoumise et la présidente du Front National en avaient été exfiltrés par la police en raison de mouvements de foule hostiles. La responsabilité de cette exclusion fut attribuée à la décision du Crif d’interdire leur venue, alors même que le fils de Mme Knoll avait déclaré qu’il souhaitait que tous puissent être présents.

Or, Francis Kalifat, président du Crif, n’avait pas « interdit » à Marine Le Pen et à Jean-Luc Melenchon de participer à cette marche : il avait souligné qu’ils n’y seraient pas les bienvenus. La nuance est d’importance. Sur une photo souvenir de la manifestation, subliminalement  consensuelle,  leur image n’était pas souhaitable. Mais leur présence au milieu du public anonyme relevait de leur décision citoyenne. Il ne s’agissait pas d’une marche « blanche » compassionnelle: qui n’est pas horrifié par l’assassinat d’une vieille dame invalide ou par les attentats de Trèbes, s’exclut de notre société. Mais cette marche silencieuse avait un objectif politique, alerter la cité contre un antisémitisme qui s’étend, qui fait peur, qui tue et qui a trop été  tu pendant ces dernières années.

Comment obscurcir la clarté de ce combat qui est celui du Crif depuis qu’il a été créé en 1943, en laissant en tête de manifestation des dirigeants de partis où se réfugient beaucoup d’antisémites à la mode d’hier et beaucoup de négationnistes  de l’antisémitisme d’aujourd’hui?

Certes de nombreux dirigeants, militants et électeurs de ces partis ne sont pas antisémites. Mais les amitiés ou les complaisances avec d’authentiques antisémites laissent de lourdes ambiguïtés.

En France, en dehors du père Hamel, les seules victimes d’assassinats pour motifs religieux sont des Juifs, pointe d’un maelstrom de violences et d'insultes dont certaines font partie du quotidien d’une partie des Juifs de France. Le moteur de ces actes est univoque, c’est la propagande islamiste. Le moteur  du déni et de la minimisation de ces actes est également univoque, c’est l’israélophobie dont une partie de notre société considère  qu’il s’agit d’un viatique pour se placer dans le camp du bien. Le Mouvement des Insoumis a largement puisé dans le réservoir de complaisance qu’offrent les concepts piégés d’antisionisme et de lutte contre l’islamophobie. La polémique actuelle l’incitera peut-être à réfléchir à ses surprenantes alliances. Elle serait alors loin d’être inutile.

Quant au Front National, il n’a pas eu de part dans les violences contre les Juifs au cours de ces dernières années et sa présidente a rejeté  les allusions antisémites ignobles qui ont rendu le nom de son père odieux. Mais un Juif ne peut accepter un discours qui conduit à stigmatiser certains groupes d'individus pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font.

Les manifestations d’hostilité envers Marine Le Pen et Jean Luc Melenchon ont pris un caractère regrettable. La première a pâti de son nom alors que le passé de Mme Knoll était dans les mémoires. Le second a subi les attaques verbales de militants de la LDJ dont l’importance est surestimée pour le faire passer en équivalent juif de l’islamisme radical. Faire croire que ce mouvement est un pseudopode du Crif est un stupéfiant mensonge : tous les présidents du Crif depuis une vingtaine d’années ont été trainés dans la boue par ce groupuscule.

Nous sommes avides à juste titre de paix civile et de fraternité, même si nous percevons mieux les limites du « vivre ensemble » quand les slogans mettent un anesthésique trompeur sur les plaies de notre société. La nécessaire décision du Crif ne pouvait pas être populaire. Elle témoigne de la situation  sans la colorer par des lunettes roses. Cette attitude a valu au Crif les critiques des idéologues les plus engagés et des optimistes les plus angéliques. Si on y ajoute les jalousies, les ignorances et les doutes devant la déferlante des critiques, la position de président du Crif n’est pas confortable. L’ayant exercée, j’ai un peu appris sur les déclarations qui génèrent l’approbation et la désapprobation du résonateur médiatique, dont l’avis, qu’on s’en réjouisse ou non, porte loin. Mais en faire son fil directeur eût été une tentation dangereuse. L’exigence de lucidité n’exclut pas des maladresses, mais elle permet  des avertissements  lucides quand la société préfère fermer les yeux sur la triste réalité du « nouvel" antisémitisme. Comme un symbole,  la marche du 28 mars a eu lieu la veille du procès en appel de Georges Bensoussan, à qui certains ne pardonnent pas d’avoir été dirigé le livre des « territoires perdus de la République », qui mettait dès 2002 le doigt sur la haine anti juive et anti française qui contamine une partie de la jeunesse de notre pays. 

Casser un thermomètre ne soigne pas une fièvre.

Richard Prasquier