"Les Juifs français ont appris à résister"

30 Septembre 2016 | 16 vue(s)
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Antisémitisme

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Je suis intervenu aux deux conférences internationales sur l’antisémitisme organisées la semaine dernière à Paris.

Propos recueillis par Yaël Scemama, publié dans Actualité Juive le 29 septembre 2016
 
Marc Knobel est Directeur des Etudes du CRIF et historien.
 
« La première conférence initiée parl’ISGAP, l’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy, rassemblait des experts internationaux. Elle portait sur les mesures et les définitions des actes antisémites. Les critères d’analyse actuels ne semblent plus adaptés pour appréhender les situations d’un pays à un autre.
Nous savons que l’antisémitisme peut se modifier, qu’il mue en fonction des époques mais pour que ces changements soient compris par tous, en quelque endroit que ce soit, nous devrions réfléchir et proposer de nouveaux indicateurs, tenant compte de signaux et d'alertes.
 
Lors de cette réunion, j'ai évoqué comment les choses fonctionnent en France, avec d’un côté une législation forte – nos dispositions pénales en matière de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sont parmi les plus importantes du monde – et de l’autre, une méthodologie, un recensement établi entre le SPCJ et le ministère de l’Intérieur, qui consiste à comptabiliser les actes (actions violentes et menaces). Personne ne conteste d'ailleurs cette méthodologie. Notre expérience en ce domaine, devrait nous permettre de proposer de bonnes pratiques.
 
Ce constat ressortait également de la seconde conférence organisée par l’international Association of Jewish Lawyers and Jurists, l’association internationale des avocats et des juristes juifs qui, pendant trois jours, s’est interrogée sur les moyens légaux afin de lutter contre l’antisémitisme. La France, est perçue comme un cas d’école. L’antisémitisme tel qu’il s’est développé en France depuis 2000 interpelle nos amis américains, canadiens, anglais et israéliens.
 
Ils s’interrogent et ils veulent comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés là. J’ai expliqué comment, jusqu’en 2003 et l'allocution de Jacques Chirac lors du 60e anniversaire du CRIF, la flambée antisémite s’inscrivait alors dans un contexte de violence et d’incivilité. En somme, l'on ne voulait pas forcément qualifier ces actes d’actes antisémites. Les juifs ont ressenti de l’amertume, ils se sont sentis isolés. Ils l'ont été et bien au-delà de l'année 2003. Dans le même temps, ils ont dû adapter leur méthodologie et leurs consignes de sécurité, ils ont redonné du sens aux choses, et ont appris à résister. Au final, notre expérience devrait permettre aux autres pays de réfléchir et de s'adapter. L’objectif étant que nous améliorions les dispositifs et que nous combattions fermement l'antisémitisme qui est une menace pour les valeurs de la République et de l'Union européenne ».