Les clés retrouvées, une enfance juive à Constantine, celle de l'historien Benjamin Stora

07 Avril 2015 | 1678 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Portrait de Stéphanie Dassa
Hommage à Claude Hampel
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14 Novembre 2016
Catégorie : France

« Il y eut un soir et il y eut un matin » Genèse1 : 5

Comme chaque année, l'association ASI/Keren Or que je préside, distribue des lunettes de vue en Israël aux plus démunis. Cette année l'opération s'est déroulée dans la ville de LOD.

En 2005, le fait religieux envahissait peu à peu et dans la confrontation, les cours de récréation. L’agitation religieuse commençait à provoquer des dégâts dont nous payons le prix lourd aujourd’hui.

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Une stèle en mémoire des victimes de la Shoah qui n’ont pas de sépulture, "ni ici, ni ailleurs", a été inaugurée dans le cimetière parisien de Bagneux.
Une cérémonie solennelle - et sous haute sécurité - qui, à Bagneux, dix ans après la mort d’Ilan Halimi, séquestré et torturé dans la cité de la Pierre-Plate parce qu’il était juif, était d’autant plus symbolique.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Les vidéos de la mort, par Marc Knobel
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21 Juillet 2016
Catégorie : France

Dans quel monde vivons-nous et de quelle inhumanité est faite le monde ?

Pages

Compte-rendu d'un magnifique livre de Benjamin Stora qui raconte son enfance juive à Constantine.

 

Connaissez-vous cette expression ou cette phrase en arabe : « Bellehi goulili enti chkoun enti ? Chkoun enti ? » On peut la traduire par « S’il te plaît, dis-moi qui tu es ? Qui es-tu ? »…

Une simple question qui fait de nous des êtres humains, en conscience, de ce que nous sommes, mais ce que nous sommes n’est-il pas le fruit de tout ce qui fut, comme des touches à l’infini, construisant ainsi notre vie et nous reliant en mémoire à ce que nous fûmes et ce que nous sommes ? L’historien Benjamin Stora le sait mieux que quiconque et s’en ouvre à nous. Lui qui sonde et explore avec autant de talent et depuis tant d’années l’histoire de l’Algérie et de la guerre du même nom, dévastatrice et cruelle. Le voilà qui, presque étrangement, explore sa propre histoire et nous raconte son monde, son enfance juive dans la ville de Constantine, dans un ouvrage de 137 pages intitulé : « Les clés retrouvées » aux Editions Stock.

Mais, puisqu’il voulait raconter cette histoire d’enfance, comment découper et retracer cette histoire ? En suivant un ordre chronologique ? En évoquant la « grande » histoire de la guerre d’Algérie, moment où se déroule son enfance ? En associant librement des propos, sans tenir compte d’une cohérence linéaire ? Finalement, Benjamin Stora pioche, trie, coupe, redécoupe, assemble, et nous passons de l’insouciance, de la joie et de l’allégresse (l’enfance choyée), à l’exil. Cette année 1962, lorsque son univers bascule, avec la fin de la guerre d’Algérie et le départ définitif vers la France. Il avait douze ans, il lui faut quitter cette vie et cette ville. Benjamin Stora raconte : « Lorsque nous sommes partis de Constantine le matin du 16 juin 1962, ma mère a lavé consciencieusement tout notre petit appartement. Elle n’a pas versé de l’eau sur le palier, comme elle faisait traditionnellement au moment du départ d’un proche, qui revenait ensuite sur ses pas. » Parce qu’elle savait in fine qu’elle ne reviendrait pas. « Mon père a ensuite fermé lentement la porte avec les clés, et les a données à ma mère qui les a mises dans son sac à main. » Des clés que Benjamin Stora retrouve en 2000, après le décès de sa mère, au fond d’un tiroir de sa table de nuit.

Dans son prologue, l’historien nous rappelle que tout au long de son travail commencé dans les années 1970, il a peut-être cherché sans cesse inconsciemment, écrit-il, ces lambeaux de vie personnelle capables de renouveler aussi bien l’histoire événementielle que celle de la longue durée, mais aussi… la sienne de vie. Il fallut alors un ou deux déclics pour qu’il écrive alors ce livre. Il raconte qu’au cours d’un grand déménagement de son pavillon en 2013, il ouvrit une boite d’archives qui appartenait à son père, qu’il n’avait plus touché depuis son décès en 1985. Dans cette boite, son père y avait inscrit la mention « Souvenirs ». Là, Benjamin redécouvrit les lambeaux, les morceaux, les mots, les petites et grandes choses de toute une vie : des factures, des quittances, un vieux livre de la Haggadah, le livre de Pessah, la Pâque juive et des documents de guerre 39-40, ainsi qu’une lettre de son grand-père demandant que sa nationalité française soit préservée, après l’abrogation du décret Crémieux, en octobre 1940. Benjamin Stora, raconte alors l’épreuve de Vichy ou comment avec cette abrogation, les juifs n’étaient plus citoyens français. Comment, ils se retrouvèrent alors en situation d’indigénat, privés des droits du citoyen, jusqu’en 1943. Par simple décret, la France pouvait retirer ce qu’elle avait donné. Plus rien par la suite ne sera comme avant, écrit Stora…

De cette boite redécouverte par son fils en 2013, son père justement n’avait pu se résoudre à jeter les papiers et photos à la poubelle. Peut-on ainsi jeter dans une poubelle, toute une vie ? A sa lecture, Benjamin Stora dit y avoir été bouleversé. On le croit et en lisant ces quelques lignes, on regarde plus attentivement la photographie de couverture de ce livre : un enfant (benjamin), qui sourit, son visage est rayonnant, et est appuyé sur celui de son père. Lui (le père) tente de sourire, mais le peut-il encore ? Car, tout au long du livre, nous voyons se développer la terrible guerre d’Algérie. La guerre qui dès le 1er novembre 1954 va bouleverser leur monde, définitivement.

En 1954, les familles Zaoui / Stora n’avaient pas véritablement conscience des périls. Pour eux, la France était encore là pour longtemps et il semblait impensable de quitter cette ville où elles étaient présentes depuis des siècles. Mais, raconte Benjamin Stora, la guerre d’Algérie, va progressivement diviser toutes les communautés et aboutir au départ de la majorité des juifs et des Européens de la ville, au moment de l’indépendance, en 1962. Pourtant, jusqu’en 1961, la majorité des Juifs ne voulait pas partir. Mais, avec le temps (les barbelés, les barrages, les chicanes, les actes de violence contre les Juifs, la hantise des attentats et des agressions), ils se résolurent et s’exilèrent vers cette France qu’ils aimaient tant, qu’ils respectaient tant, parce qu’en sortant au 19ème siècle de leur statut de dhimmis, mélange juridique de protection et de soumission en terre d’Islam pour les « gens du Livre », ils avaient goûté à l’égalité citoyenne promise par la République. Ils s’étaient alors dévoués à elle, à cette France, de l’autre côté de la mer, qu’ils ne connaissaient pourtant pas.

Dans ce livre, le père est la figure par excellence. Il est le guide, celui qui fut, celui qui est et qui sera à tout jamais, il apparaît constamment. Mais, Benjamin Stora n’oublie pas pour autant sa mère, ses grands-parents, sa sœur, ses oncles et tantes, les cousins et cousines, et toute la fratrie Stora (de filiation espagnole, andalouse) et son occidentalisation ancienne et de l’autre, du côté maternel, les Zaoui (en, continuité arabo-berbère), qui avait un côté très oriental, avec sa grand-mère Rina, vêtue à « l’indigène » et ne parlant pas un mot de français.  Nous les voyons ainsi évoluer, les uns avec les autres, qui en exil, se sépareront les uns des autres. Mais, au-delà de cette histoire familiale et son enfance juive, Benjamin Stora dissèque les rapports qui pouvaient exister (ou pas) entre les différentes communautés (juives, musulmanes, européennes), les incompréhensions, les doutes, les murs ou les partages heureux

Au final, c’est toute l’histoire de l’Algérie qui défile ainsi et sous notre lecture attentive. Une histoire complexe, cruelle et une mémoire qui sera forcément vive et douloureuse.

Marc Knobel