Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean Pierre Allali - Résistances juives : solidarités, réseaux, parcours

25 Octobre 2018 | 171 vue(s)
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Opinion

Par Chloé Blum

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Résistances juives : solidarités, réseaux, parcours*

Publié sous l’égide de l’association Mémorha, cet important volume reprend les travaux publiés lors d’une rencontre organisée en 2016 à Moissac dans le Tarn-et-Garonne, rencontre centrée sur le sauvetage et la résistance des Juifs aux heures sombres de la Shoah. Cette rencontre faisait suite à un symposium qui s’était déroulé, trois ans auparavant dans la même ville.

Pour parler, des « Justes parmi les Nations », de la Résistance à l’envahisseur, des EEIF et de bien d’autres questions, trois lieux emblématiques ont été retenus : Le Chambon-sur-Lignon, Dieulefit et Moissac. Trois lieux qui, malgré les motivations et la façon d’être parfois différentes de ses habitants ont su porter haut l’honneur et les couleurs de la France.

Ce beau livre, richement illustré, est  l’occasion de tirer de l’oubli, ces hommes et ces femmes, souvent juifs mais pas nécessairement, qui, avec un courage exemplaire, surent dire non. Non à l’oppression, non au racisme, non à l’antisémitisme, non au nazisme.

Pour ce qui est du Chambon, le protestantisme des sauveurs est bien évidemment mis en avant avec l’action, notamment, des pasteurs André Trocmé et Edouard Theis.

A Moissac,  située à 70 kilomètres de Toulouse, on découvre, au 18, quai du Port,   la maison d’enfants tenue par Shatta et Edouard dit Bouli Simon.

De nombreux développements sont consacrés au mouvement scout juif des EEIF fondé par Robert Gamzon en 1923 qui, sous le nom de « Sixième » entrera dans la Résistance armée. Le réseau Garel est également évoqué.

Ont fortement marqué cette époque, Marc Haguenau, Simon Lévitte, Isaac Pougatch, André Kisler-Rosenwald ou encore Samy Klein. Grâce à eux, l’esprit du chabbat a été maintenu malgré l’adversité.

L’une des originalités de l’ouvrage, pour ce qui est des E.I., est de nous permettre de découvrir ou de redécouvrir, les totems scouts de nombreux personnages : Castor soucieux pour Robert Gamzon, Pivert pour son épouse Denise.  Jules Alter, c’était Héron, Roger Fichtenberg, Jaguar délicat, Marc Haguenau, Colombe, Frédéric Hammel, Chameau souriant, son frère, Hugues Hammel, Pingouin, André Kisler-Rosenwald, Cigogne, Liliane Klein-Lieber, Luciole, Lazare Prajs, Lévrier et Henri Wahl, Chamois. Sans oublier Léon Askénazi : Manitou.

A Dieulefit, dans le sud de la Drôme, pays « rural de gauche », comme le rappelle Bernard Delpal, « nul n’est étranger ». Juifs, Catholiques et Protestants se battent pour la même cause. Cimade et YMCA, EIF et OSE, ORT et MJS, Croix Bleue, Secours Suisse et Conseil Œcuménique des Eglises. Le nom de Marguerite Soubeyran revient souvent. Et comment oublier Jeanne Barnier, Simone Monnier, Catherine Krafft et tant d’autres…

Beaucoup de femmes, on le voit, dans cette évocation. On y ajoutera Mila Racine et Marianne Cohn.

Ancien de la « Sixième », Roger Fichtenberg apporte un témoignage irremplaçable. Témoins aussi, Serge Klarsfeld et Boris Cyrulnik ;

Des cartes et une série de courtes biographies complètent cet ouvrage exceptionnel. A découvrir.

Jean-Pierre Allali

(*) Coordination éditoriale : Bernard Delpal, Philippe Hanus et le réseau Mémorha. Editions Libel. Juin 2018. 280 pages. 25 €.