Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - L'ordre du jour, par Éric Vuillard

04 Avril 2018 | 157 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

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Le prix Goncourt 2017 ne paie pas de mine : c’est un petit livre par la taille. Mais quel souffle !

Nous sommes un lundi 20 février 1933 et vingt-quatre messieurs se pressent dans les salons du président de l’Assemblée.  Vingt-quatre chapeaux de feutre, qui, une fois ôtés, permettent de découvrir vingt-quatre crânes chauves ou des couronnes de cheveux blancs. Vingt-quatre messieurs de la haute, vingt-quatre sphinx, vingt-quatre lézards, qui vont, d’une certaine manière, décider du sort de l’Allemagne et du monde. Il y a là Gustav Krupp et 23 collègues, le « nirvana de l’industrie et de finance ». La réunion, organisée par Hjalmar Shacht, qui sera bientôt nommé directeur de la Reichsbank et ministre de l’économie de Hitler, promet d’être une réussite. Et voici qu’Hermann Goering, président du Reichstag, pénètre dans la salle. Il est suivi de peu par le chancelier lui-même, Adolf Hitler. Les élections du 5 mars approchent. Il s’agit, pour les nazis, d’asseoir leur pouvoir, d’éliminer notamment les communistes et les syndicats. Pour cela, messieurs les chefs d’entreprises, il faut du liquide. Alors, pas de discussion : « A la caisse ! ». Le premier à réagit est Gustav Krupp qui offre un million de marks. Les autres suivent. Krupp et Opel, Siemens, BASF, Bayer, Agfa, IG Farben, Allianz, Telefunken et les autres participeront à l’irrésistible ascension d’Adolf Hitler. « Ce sont les prêtres du Ptah. Et ils se tiennent là, impassibles, comme vingt-quatre machines à calculer aux portes de l’Enfer »

On connaît la suite. L’invasion de la Tchécoslovaquie et de l’Autriche, l’ouverture du camp de Dachau, la Guerre, les déportations, la Shoah : six millions de Juifs assassinés. L’ordre du jour du 20 février 1933 contenait en germe la plus grande tragédie de l’histoire du monde. Avec brio et dans une écriture exceptionnelle, Eric Vuillard, nous rappelle que la contribution des magnats de l’industrie allemande à la folie hitlérienne, aura hélas, été essentielle.

Un Goncourt hautement mérité.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Actes Sud. Mai 2017. 160 pages. 16 euros

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